Procès Hirak : Un témoin accuse Zefzafi et ses compagnons d'être les instigateurs des événéments d'Imzouren.

Procès Hirak : Un témoin accuse Zefzafi et ses compagnons d'être les instigateurs des événéments d'Imzouren. ....


Procès Hirak: Un témoin accuse Zefzafi et ses compagnons d'être les instigateurs des événéments d'Imzouren
Les événements d'Imzouren s'invitent au procès du Hirak. Nasser Zefzafi et ses compagnons sont accusés d'en être les instigateurs.

Le procès des 54 détenus du Hirak s'est poursuivi ce mardi 13 mars. Comme la quarantaine d'accusés passés avant lui, Mohamed Haki s'est soumis à l'interrogatoire du juge Ali Torchi.
Haki fait face à l'accusation, entre autres, d'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat par "l'incitation à commettre un attentat ayant pour but de porter la dévastation et le massacre dans plusieurs localités". Théoriquement, ce crime est passible de la peine capitale.
La progression dans la gravité des accusations va de pair avec celle de la hiérarchie du Hirak. Dans l'organigramme du mouvement, Haki est désigné comme "l'encadrant et le conseiller" de Nasser Zefzafi. Etiquette sur laquelle l'intéressé émet des "réserves", louant au passage "la bravoure" et "la voix dorée" du leader contestataire.  
Haki est également propriétaire du café Galaxy. A Al Hoceima, ce lieu réunissait les activistes qui y discutaient "plans d'action" et "dossier revendicatif". C'est aussi dans cet endroit qu'étaient mis en place des "comités fonctionnels" en vue d'organiser les marches, manifestations et sit-in.
Le terme de "comité" que d'autres accusés réfutent, car évoquant le caractère organisé du mouvement, Haki voudrait qu'il ne "soit pas pris au sens littéral". Pour lui, cela se résumait à déterminer "les choix des slogans" et coordonner "les achats de pancartes et locations de mégaphones".
Le 26 mai 2017, Haki était avec Zefzafi sur le toit du domicile familial de ce dernier, à Al Hoceima. Eux et d'autres personnes s'y étaient retranchés suite à l'incident de la mosquée, Zefzafi faisant alors l'objet d'un avis de recherche. S'en est suivie une série de fuites d'un refuge vers un autre, et ce jusqu'à leur arrestation, trois jours plus tard, dans une maison à Temsamane.
Pourquoi ne se sont-ils pas rendus plus tôt à la police? Ils y avaient pensé, dit Haki au juge, mais "un réflexe humain" a fait qu'ils ont finalement décidé de fuir. Sachant que la veille de l'arrestation, ils avaient reçu un appel de Azzedine Ouled Khali Ali, un Rifain résidant en Belgique, qui "leur a proposé de s'échapper clandestinement à Sebta pour y demander l'asile politique", selon Hakim El Ouardi, procureur général du Roi.
Lié à des affaires de vol et de détention de stupéfiants, Khali Ali dirige ce que les enquêteurs appellent "la cellule bruxelloise" du Hirak, d'où il défend l'idée d'une "république du Rif indépendante".

"Je ne connais pas ce khali je ne sais quoi…", se défend Haki, interrogé sur ses relations avec le MRE. Le 24 mai, c'est pourtant le numéro de l'accusé qui recevra un appel de Khali Ali. Interceptée par la BNPJ, la communication (en rifain) a été diffusée ce mardi à l'audience. Haki n'y parle que pendant quelques secondes à son interlocuteur, avant de passer le téléphone à Zefzafi, à qui semble être destiné l'appel.
"C'est une conversation téléphonique normale. Une personne m'a appelé et m'a demandé de lui passer Zefzafi. Que ce monsieur ait des tendances républicaines n'engage que lui. Ce n'est pas mon affaire", explique Haki,

Incendies d'Imzouren : "La police s'entraînait"

Le mouvement du Hirak est-il derrière les émeutes d'Imzouren? C'est en tout cas l'hypothèse qu'avance le parquet. A l'origine de cette accusation, le témoignage du dénommé Fikri Boulamrah.

Ce dernier a déclaré avoir vu, le 26 mars vers 15h30, Zefzafi, Haki et une autre personne haranguer des manifestants contre les éléments des forces de l'ordre. Zefzafi aurait notamment dit cette phrase: "Nous allons affronter le Makhzen. Le Makhzen est peureux, il ne peut rien faire." Deux heures plus tard, des individus ont incendié une résidence des forces publiques, faisant 94 blessés. Sans compter les dégâts matériels. 
Ce que l'intéressé dément, arguant que le jour des faits, il était à Al Hoceima. Idem pour Zefzafi qui n'était pas présent non plus, selon l'accusé. "Je suis prêt pour une confrontation avec le témoin", lance Haki.

Le président diffuse alors une vidéo authentifiant les événements d'Imzouren
On y voit le bâtiment incendié et des policiers qui tentent d'échapper aux flammes
Certains se jettent du deuxième étage ou du toit et tombent brutalement sur le sol. Les plus chanceux descendent du toit de l'immeuble en utilisant une corde. Ceux-là s'en sortent avec des brûlures aux mains. 
Les premiers avec des fractures. Plus loin, un véhicule de pompiers n'arrive pas à avancer, empêché par des manifestants.  

"La vidéo ne concerne ni le Hirak populaire, ni moi ni les autres accusés (…) c'est un règlement de comptes entre les lobbies de la corruption et les partis politiques", commente Haki. Il dit ne pas comprendre les raisons derrière sa diffusion, sachant que "les mêmes événements ont déjà donné lieu à de lourdes condamnations." En même temps, il se dit "solidaire des policiers blessés". 
La défense intervient. Me Naima El Guellaf critique une vidéo "non datée", "non située" et qui plus est ne concerne pas l'accusé "puisqu'il n'y apparait pas". Sa consœur, Me Asmaa El Ouadie lui emboîte le pas en prétendant que "tous les policiers qui ont sauté se sont relevés directement et indemnes". L'air sérieux, Me Mohamed El Fechtali avance une hypothèse saugrenue: "Il ne s'agissait que d'un entraînement effectué par la police". 

Le juge lui répond: "Votre remarque est unique en son genre".  
Avocat de la partie civile, Me Abdelkbir Tabih n'en rit pas : "C'est indigne de regarder des personnes brûler et insinuer qu'il s'agit d'un entraînement. Ce sont des Marocains, eux aussi."

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