Une illustration montrant un téléphone et le site de NSO Group, qui a conçu le logiciel Pegasus, à Paris, le 21 juillet 2021.
Dénonciation
des "fake news" et recours en justice : c'est désormais l'heure de la
riposte pour l'un des pays au coeur des révélations sur le logiciel d'espionnage Pegasus,
le Maroc.
Accusé d'avoir recouru à ce logiciel, le pays a décidé
d'attaquer Amnesty et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel
de Paris, a annoncé jeudi son avocat.
Le gouvernement
avait déjà indiqué mercredi vouloir engager des procédures judiciaires
contre quiconque accusant Rabat d'avoir eu recours au logiciel
d'espionnage Pegasus, dénonçant une "campagne médiatique mensongère,
massive et malveillante".
Recours à la justice
"Le
royaume du Maroc et son ambassadeur en France, Chakib Benmoussa, ont
mandaté Me Olivier Baratelli pour délivrer, dès aujourd'hui, deux
citations directes en diffamation" contre ces deux associations à
l'origine des révélations depuis dimanche sur les clients de ce
logiciel, peut-on lire dans un communiqué. Une première audience
procédurale est prévue le 8 octobre devant la chambre spécialisée en
droit de la presse mais le procès ne devrait pas avoir lieu avant
environ deux ans.
"L'Etat
marocain entend immédiatement saisir la justice française car il
souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères
de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre
preuve concrète et démontrée", poursuit Me Baratelli dans son
communiqué. L'avocat d'ailleurs affirmé jeudi sur BFMTV que "NSO n'a jamais eu de lien contractuel" avec le Maroc.
"L'Etat
marocain considère faire face à une nouvelle affaire de liste et que le
passé a largement démontré qu'il était aisé de tirer des conclusions
mensongères de telles pratiques" ajoute l'avocat, déplorant un "procès
d'intention médiatique, infondé et visiblement créé de toutes pièces
pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la
France". Le royaume chérifien "entend ne pas laisser impunis les
multiples mensonges et les fake news propagés ces derniers jours".
L'avenir de cette
procédure risque toutefois de se heurter à une jurisprudence récente de
la Cour de cassation : saisie par le Maroc après plusieurs rejets de
plaintes, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a jugé en 2019
qu'un Etat ne pouvait pas engager de poursuites en diffamation
publique.
Ton ferme face aux "fausses allégations"
Dès
lundi, le gouvernement marocain s'était défendu en démentant avoir
acquis des "logiciels informatiques pour infiltrer des appareils de
communication". Rabat a ensuite menacé mercredi d'"opter pour une
démarche judiciaire, au Maroc et à l'international, contre toute partie
reprenant à son compte ces allégations fallacieuses". Parallèlement, le
parquet général marocain a annoncé mercredi "l'ouverture d'une enquête
judiciaire sur ces fausses allégations et accusations".
Introduit dans un
smartphone, le logiciel - conçu par la société israélienne NSO - permet
d'en récupérer les messages, photos, contacts, et d'activer à distances
les micros. Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International
ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone, sélectionnés par
les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés, et
l'ont partagée avec un consortium de 17 médias qui ont révélé son
existence dimanche.
La
liste des cibles potentielles comprend les numéros d'au moins 180
journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits
humains ou encore 65 chefs d'entreprise, d'après l'analyse du
consortium. Mardi Le Monde et Radio France,
membres du consortium, ont révélé qu'une ligne de téléphone du
président français faisait partie des "numéros sélectionnés par un
service de sécurité de l'Etat marocain (...) pour un potentiel
piratage".
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