Affaire Pegasus : Enquête ouverte à Paris, Macron et le roi du Maroc parmi les cibles !
Paris - Le président français Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI figurent sur la liste des cibles potentielles du logiciel Pegasus, ont révélé mardi des médias membres du consortium qui a révélé ce scandale d'espionnage de journalistes, militants ou personnalités politiques...
L'affaire, révélée dimanche dernier, est désormais entre les mains de la justice française qui a ouvert une enquête mardi pour examiner la plainte de journalistes espionnés à l'aide du logiciel de la firme israélienne NSO. Les révélations accusent en l'occurence le Maroc, qui rejette toute accusation.
Mais mardi, le quotidien Le Monde, membre du consortium de médias, a révélé que des numéros d'Emmanuel Macron ainsi que ceux de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe et de 14 membres du gouvernement, figuraient "dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage".
"On a trouvé ces numéros de téléphone, mais on a pas pu faire d'enquête technique évidemment sur le téléphone d'Emmanuel Macron" pour vérifier s'il avait été infecté par ce logiciel et donc "cela ne nous dit pas si le président a été réellement espionné", a expliqué Laurent Richard, le directeur de l'organisation Forbidden Stories. Celle-ci, avec Amnesty International, s'est procuré une liste de 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 et l'a partagée avec un consortium de 17 médias.
- Faits "très graves" -
"Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse", a réagi la présidence française, interrogée par l'AFP.
Par ailleurs, selon cette fois la cellule investigation de Radio France, le roi du Maroc Mohammed VI et son entourage sont eux aussi "sur la liste des cibles potentielles".
D'après le Washington Post, autre membre du consortium, la liste contient des numéros de deux autres présidents, l'Irakien Barham Saleh et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa.
Le quotidien américain avance également les noms de trois Premiers ministres en exercice, ceux du Pakistan, Imran Khan, de l'Egypte, Mostafa Madbouli, et du Maroc, Saad-Eddine El Othmani, et d'un total de sept Premiers ministres au moment où ils ont été sélectionnés sur la liste, dont le Libanais Saad Hariri, l'Ougandais Ruhakana Rugunda, et le Belge Charles Michel.
Egalement ciblé, selon les révélations du consortium, par le logiciel Pegasus utilisé par le gouvernement mexicain alors qu'il était la tête de l'opposition au président Enrique Peña Nieto (2012-2018), l'actuel président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador a réagi mardi.
"L'espionnage doit servir à combattre le crime, protéger les citoyens, et non pas surveiller des opposants, des dirigeants politiques, des chefs de partis, des patrons de grandes entreprises, des églises", a-t-il déclaré.
Dimanche, le groupe de médias avaient révélé que deux journalistes de Mediapart dont le fondateur du site d'information français Edwy Plenel figuraient parmi les plus de 180 journalistes espionnés à travers le monde pour le compte de différents Etats, en l'occurrence par le Maroc. Le site d'informations a porté plainte lundi.
Egalement visés par cet espionnage attribué au Maroc, l'hebdomadaire Le Canard enchaîné a décidé de porter plainte aussi.
L'association Reporters sans frontières a enfin annoncé avoir déposé une plainte à Paris, avant d'autres à l'internationale. RSF défend en particulier les journalistes franco-marocains Omar Brouksy et Maâti Monjib, des opposants également victimes du logiciel.
Pour Mediapart, cet espionnage avait pour but d'essayer de "faire taire les journalistes indépendants au Maroc, en cherchant à savoir comment nous enquêtions dans ce domaine".
Ces informations sont des "allégations mensongères dénuées de tout fondement", s'est défendu le gouvernement marocain.
Selon l'enquête publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l'entreprise israélienne NSO Group, aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise de différents pays.
Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d'en récupérer les messages, photos, contacts et même d'écouter les appels de son propriétaire.
Ces révélations ont suscité l'indignation dans le monde entier d'organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques.
NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.
Par AFP
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