Affaire Khashoggi : L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont ciblé son entourage après sa mort !

 

Affaire Khashoggi : L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont ciblé son entourage après sa mort !


Un procureur dans la liste

Enfin, troisième cercle identifié parmi les cibles du logiciel espion : celui des hommes de loi. Nous avons pu identifier deux personnalités-clés. D’abord, Rodney Dixon, l’avocat d’Hatice Cengiz. Ce spécialiste des droits de l’homme et du droit international, proche de plusieurs ONG, a représenté la compagne de Jamal Khashoggi lors du procès qui a eu lieu en juillet 2020 à Istanbul en l’absence des 20 accusés saoudiens. 

"Pour un avocat, c’est particulièrement inquiétant d’être ciblé, parce que cela viole le principe fondamental de confidentialité des échanges avec son client qui est indispensable pour qu’une procédure soit équitable" nous a-t-il dit après que nous lui ayons appris que son numéro avait été sélectionné. "Lorsque des acteurs agissant pour le compte d’un État ont recours à de l’espionnage illégal, hors de leurs frontières, contre des avocats qui s’opposent à eux, alors la justice internationale et les droits de l’homme ne sont plus qu’une parodie" a-t-il conclu. Difficile cependant de connaître la véritable raison de son ciblage. 

À l’époque où son numéro de téléphone a été sélectionné, à l’automne 2018, il assurait la défense de Matthew Hedges, un chercheur britannique condamné à de la prison à perpétuité pour "espionnage" aux Émirats arabes unis, avant d’être finalement gracié.

En revanche, la raison de la présence sur cette liste d’un personnage de premier plan en Turquie semble plus évidente. Il s’agit d’Irfan Fidan, l’ex-procureur d’Istanbul, un homme clé qui dirigeait l’enquête sur l’assassinat de Jamal Khashoggi. Il est notamment à l’origine de l’inculpation en décembre 2018 de l’ancien numéro deux du renseignement saoudien, Ahmed al-Assiri, et de l’ex-conseiller de la cour royale, Saoud al-Qahtani. Ce proche du président Erdogan a depuis été nommé à la Cour constitutionnelle de Turquie. 

Selon nos confrères du Guardian, peu après l’assassinat au consulat d’Istanbul, NSO a suspendu l’accès de Pegasus à l’Arabie saoudite, dans l’attente des résultats de l’enquête. Mais la société aurait ré-autorisé son accès en 2019 sous la pression du gouvernement israélien. Interrogé sur le sujet durant notre enquête, NSO nous a réaffirmé : "Notre technologie n’est impliquée en aucune manière dans l’odieux meurtre de Jamal Kashoggi."

 

 

Avec la collaboration de Fiona Moghaddam

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