L'ambassadeur du Maroc à l'ONU Omar Hilale au Venezuela, le 16 septembre 2016 (Photo d'archive)
Le
ton monte entre les deux pays du Maghreb. Sur fond de conflit à propos
du Sahara occidental, et notamment du peuple kabyle - défendu par Rabat -
les relations entre l'Algérie et le Maroc se détériorent. C'est une
récente réunion à New York où l'ambassadeur du Maroc à l'ONU a tenu un
discours représentant une ligne rouge pour Alger qui a ravivé les
tensions.
Les faits. Alger
a décidé dimanche de rappeler son ambassadeur à Rabat pour
"consultations avec effet immédiat", sur fond d'une nouvelle crise
diplomatique entre les deux pays maghrébins occasionnée par le
contentieux du Sahara occidental.
Ce
rappel fait suite à "la dérive de la représentation diplomatique
marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays
membres du mouvement des non-alignés dans laquelle le Maroc 'soutient
publiquement et explicitement un prétendu droit à l'autodétermination du
peuple kabyle'", indique le ministère algérien des Affaires étrangères
dans un communiqué.
Le contexte. Durant
une réunion du mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New
York, l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, a fait passer une
note dans laquelle il estime que "le vaillant peuple kabyle mérite, plus
que tout autre, de jouir pleinement de son droit à
l'autodétermination".
Une ligne rouge
pour Alger qui s'oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie,
région berbérophone du nord-est de l'Algérie.
Pourquoi ça compte. C'est
la première fois, semble-t-il, qu'un diplomate marocain exprime son
soutien au séparatisme kabyle, en réaction à l'appui apporté par Alger
aux indépendantistes sahraouis qui combattent le Maroc, tandis que le
Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste) a
été classé le 18 mai par les autorités algériennes comme "organisation
terroriste".
Vendredi,
le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué
enjoignant "le Royaume du Maroc à clarifier sa position définitive sur
la situation d'une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de
son ambassadeur à New York".
"En
l'absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a
été décidé aujourd'hui, le rappel, avec effet immédiat, pour
consultations, de l'Ambassadeur d'Algérie à Rabat, sans préjudice
d'autres mesures éventuelles en fonction de l'évolution de cette
affaire", avertit le communiqué algérien.
Depuis la
polémique, la classe politique algérienne, toutes tendances confondues, a
souligné son attachement à l'unité du pays et dénonçant un "appel à la
sédition" de la part du voisin marocain. Sur les réseaux sociaux, de
très nombreux internautes et sites ont également défendu l'unité
territoriale de l'Algérie. Les médias algériens ne sont pas en reste, à
l'instar du quotidien francophone L'Expression, proche du pouvoir, fustigeant le roi du Maroc Mohammed VI qui "s'entête à vouloir annexer le Sahara occidental".
Les acteurs en présence.
Traditionnellement difficiles, les relations entre l'Algérie et son
voisin marocain ont connu une récente dégradation en raison de l'épineux
dossier du Sahara occidental.
La normalisation
des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël - en contrepartie
d'une reconnaissance américaine de la "souveraineté" marocaine sur ce
territoire - a encore ravivé les tensions avec l'Algérie qui a dénoncé
des "manoeuvres étrangères" visant à la déstabiliser.
De
son côté, le Maroc considère l'Algérie comme "une partie prenante
réelle du conflit" au Sahara occidental, considéré comme un "territoire
non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Ce
conflit met aux prises le Maroc et les indépendantistes du Front
Polisario, soutenus par l'Algérie, depuis le départ de l'Espagne,
l'ancienne puissance coloniale, en 1975.
Rabat, qui contrôle
près de 80% de ce vaste territoire désertique, riche en phosphates et
avec de fortes ressources maritimes (pêche), propose un plan d'autonomie
sous sa souveraineté.
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