Comment Israël, un des pays les plus vaccinés, tente de contrôler le rebond épidémique

 

Comment Israël, un des pays les plus vaccinés, tente de contrôler le rebond épidémique.

Comment Israël, un des pays les plus vaccinés, tente de contrôler le rebond épidémique

Il y a quelques semaines à peine, Israël déclarait que l’épidémie était sous contrôle grâce à une couverture vaccinale record. Aujourd’hui, face à la hausse des contaminations liées à l’arrivée du variant Delta sur son territoire, Israël remet en place des mesures de restrictions. Serait-ce le signe d’un échec de la vaccination ? 

Le professeur Cyrille Cohen du laboratoire d’immunothérapie de l’université de Bar Ilan répond par la négative dans un entretien accordé au site d’informations médicales Medscape.

Début juin, « les infections se limitaient à quelques cas par jour, voire aucun. Et, ces trois dernières semaines, un seul décès par Covid-19 a été enregistré », explique le professeur Cohen pour illustrer le contrôle de l’épidémie obtenu après vaccination de la population. Aujourd’hui, même si le nombre de nouveaux cas quotidien est remonté (427 au 6 juillet), « le vaccin protège aussi contre le variant Delta », précise-t-il.

La campagne de vaccination de masse en Israël a permis dès le mois de décembre dernier de vacciner en un temps record plus de la moitié de la population israélienne. Cette stratégie offensive a eu un effet immédiat : une nette baisse des décès et des hospitalisations, en particulier chez les plus âgés. Devant ces résultats encourageants, le pays a décidé, début juin, de suspendre les restrictions sanitaires sur son territoire. 

Mais, à peine une semaine après la levée des restrictions et notamment de l’obligation de porter le masque, deux foyers de contamination au variant Delta étaient détectés dans des écoles. Pour le professeur Cohen ces cas s’expliquent par des parents venus de l’étranger qui n’ont pas respecté les mesures d’isolement et ont envoyé leurs enfants à l’école.

 

Rebond épidémique

Depuis, le pays est confronté, comme de nombreux autres, à un rebond épidémique causé dans 90 % des cas par le variant Delta. Lundi 5 juillet, le cap des 500 nouvelles infections a été franchi. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici une semaine, estime le Pr Cohen, qui précise que la moitié des cas concerne des enfants scolarisés. En parallèle, le nombre de cas graves est passé de 25 à 35 en une semaine.

Face à ce rebond, les autorités sanitaires gardent leur calme. Le Pr Cohen, également membre du conseil consultatif sur les essais cliniques des vaccins contre le Covid, estime que cette évolution de la situation épidémique n’est pas si préoccupante compte tenu des dernières données rapportées sur l’efficacité du vaccin Pfizer/BioNTech contre le variant Delta. 

Les résultats montrent, en effet, une efficacité à 94,3% contre les formes graves provoquées par ce variant, qui tombe toutefois à 64% contre les infections et les formes non graves. Ce serait ce niveau de protection plus faible contre Delta qui expliquerait pourquoi environ un tiers des nouvelles contaminations concernent des individus vaccinés.

Ces chiffres donnent injustement du grain à moudre à ceux qui se méfient de la vaccination, profitant de l’occasion israélienne pour trouver une démonstration de l’inefficacité des vaccins. En réalité, ce taux de contamination s’explique par la très forte couverture vaccinale en Israël : Le virus n’aurait plus que des personnes vaccinées à s’approprier comme hôtes. 

Le Pr Cohen souligne au vu de ces données : « Chez les plus de 60 ans, le risque de faire une forme grave est approximativement 17 fois plus [important] si l’on n’est pas vacciné ».


Il va falloir s’habituer à la présence du virus

Selon l’immunologiste, les résultats sur l’efficacité du vaccin sont rassurants mais « il faut désormais apprendre à vivre avec la Covid-19 », en s’appuyant sur la vaccination et en adaptant les mesures de prévention selon l’évolution de la situation épidémique, et ce tant que la morbidité est contrôlée.

Concernant la vaccination et en réaction contre la hausse des cas, le gouvernement a lancé fin juin une nouvelle campagne pour vacciner les jeunes israéliens âgés de 12 à 15 ans. 

Selon le Pr Cohen, les parents ont plutôt bien réagi à cette campagne, même si certaines réticences sont inévitables. En deux semaines, « près de 100 000 enfants de 12 à 15 ans ont reçu une première dose », soit près de la moitié des individus de cette tranche d’âge.

« A partir du moment où on a réussi à minimiser les pertes humaines et à protéger les personnes à risque, on ne peut pas faire grande chose de plus. Une fois la population en majorité vaccinée et la vaccination ouverte aux plus jeunes, on se retrouve forcément à cours d’option », observe l’immunologiste. 

« Les cas de contamination peuvent augmenter, mais tant qu’il n’y a pas de hausse significative des cas graves et des décès, il n’y a pas de raison de reconfiner. Il va falloir s’habituer à la présence du virus ».

 

 

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