«Epargnez-nous vos puanteurs !» : La rebuffade de Abbas contre les Al-Saoud.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a choisi le moment d’ouverture des réunions du Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Ramallah pour vider son sac et régler leurs comptes aux dirigeants saoudiens et leurs alliés, encombrant parrain de la cause palestinienne qui, depuis quelques semaines, accentuent leurs pressions sur lui pour l’amener à cautionner un plan de rechange, en guise de compensation au projet de Donad Trump sur El-Qods.
Ce plan consiste à ériger une petite ville au sud d’El-Qods, Abudis, comme future capitale de la Palestine.
Après avoir rappelé avec force son rejet et celui des Palestiniens de ce qu’il appelle «la raclée (saf’âa) du siècle», en opposition à «l’affaire (safqa) du siècle» de Donald Trump, Mahmoud Abbas s’est lâché contre les dirigeants saoudiens et leurs alliés, en dénonçant ouvertement des pressions qui sont exercées sur lui et son gouvernement. Il a révélé que lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de six pays arabes, il y a une semaine à Amman, un de ces ministres, qu’il ne nomme pas mais qu’on devine, avait reproché au chef de la diplomatie palestinien «la faible réaction du peuple palestinien» suite à l’annonce de la décision de Trump.
Réponse du ministre palestinien : «Avant de vous répondre (…) je veux savoir si votre pays a autorisé au moins un seul citoyen à manifester sa colère.» Et Abbas de renchérir, en s’adressant au ministre saoudien : «Si vous voulez justifier votre défaillance, ne vous rabattez pas sur le peuple palestinien (…)
Ce peuple est vivant et n’a pas besoin qu’on lui dicte ce qu’il doit faire (…) Si vous voulez nous donner un coup de main, c’est bien, épargnez-nous vos puanteurs ! (en arabe : fukku ‘anna ra’ihatakum), a-t-il lâché devant l’assistance.
Cette rebuffade du premier responsable palestinien marquera certainement une rupture historique avec Riyad qui appelle automatiquement à un changement de cap par rapport au processus de paix.
Elle coïncide avec les appels incessants du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour une alliance stratégique avec l’OLP pour faire face, sans le Hamas et les autres factions islamistes, à la nouvelle situation.
AFP 15 janvier 2018