La Guinée rappelle son ambassadeur à Alger, pour protester contre le traitement infligé à ses migrants.
La Guinée rappelle son ambassadeur à Alger, pour protester contre le traitement infligé à ses migrants.
Le président guinéen Alpha Condé a décidé de rappeler son ambassadeur à Alger.
Dans son décret signé ce 15 janvier, le chef de l’Etat guinéen n’explique pas les raisons de sa décision, pas plus qu’il ne précise si le diplomate a été rappelé pour consultation, c’est-à-dire à titre provisoire, ou s’il s’agit d’une rupture des relations diplomatiques avec Alger.
Les médias guinéens rapportent que cette décision, par nature extrême, serait due aux mauvais traitements infligés aux migrants de Guinée en Algérie.
Du côté algérien, aucun commentaire n’a été fait par le ministère des Affaires étrangères ni par l’agence officielle APS.
Selon Africaguinée, de nombreux migrants ont témoigné des traitements inhumains dont ils sont victimes de la part, soit des autorités algériennes, soit des réseaux de trafics d’êtres humains. En septembre 2017, les autorités algériennes avaient déclenché une vaste opération de « chasse à l’homme » contre les migrants clandestins qu’elles jetaient dans le désert de Tamanrasset sans eau ni nourriture.
Selon Boubacar Fofana, président de la communauté guinéenne en Algérie, « les gendarmes et policiers algériens déposent (les émigrés ‘ramassés’ la nuit) à 25 Km de la frontière du Niger et tout se passe en pleine nuit. Les jeunes sont obligés de marcher par la suite pendant 24 heures voire 48 heures avant d’arriver au poste de contrôle vers le Niger. Quand on les appelle, Ils pleurent et nous racontent qu’ils n’ont même pas de quoi manger et ils n’arrivent pas à se laver. La situation est vraiment chaotique. Nous avons d’ailleurs perdus deux Guinéens qui sont morts dans le désert. Cela veut dire que la situation commence à être vraiment sérieuse. Il faut que les autorités nous aident à régler ce problème ».
Cela avait conduit le chef de la diplomatie guinéen Mamadi Touré à hausser le ton. C’était en octobre dernier : « Nous allons coordonner avec les autorités algériennes tout cas d’expulsion. Il faut que les autorités travaillent avec l’ambassade pour qu’on recense d’abord les guinéens en situation irrégulières et que s’il y a des cas d’expulsion, que cela se fasse dans la dignité et que ça soit conforme au droit international humanitaire ».
Pour sa part, Amnesty International a réagi également à cette politique algérienne... « La plupart de ces personnes, arrêtées à Alger, dans sa périphérie et à Blida (à 50 km au sud-ouest) ont été conduites en bus à Tamanrasset, près de 2.000 km plus au sud, avant d’être « abandonnées » par les autorités algériennes dans une localité du côté nigérien de la frontière entre les deux pays. Les arrestations sont fondées sur « un profilage ethnique », les forces de l’ordre ne cherchant pas « à savoir si les migrants séjournaient légalement ou non en Algérie », certains ayant pourtant des visas valides ».