Macron défend sa rencontre avec Mohammed ben Salmane.

 

Macron défend sa rencontre avec Mohammed ben Salmane.

Le président est l'un des premiers dirigeants occidentaux à voir le prince héritier d'Arabie saoudite depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Par AFP
Handout . via Reute
Le prince héritier Mohammed ben Salmane reçoit Emmanuel Macron à Jeddah, e, Arabie saoudite, le 4 décembre 2021.

Emmanuel Macron rencontre ce samedi 4 décembre à Jeddah, sur la côte ouest de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, homme fort du royaume, pour veiller à la “stabilité” dans le Golfe et discuter notamment de la situation au Liban.

Le président français effectue une tournée express dans le Golfe. Il a été accueilli samedi en début d’après-midi par “MBS” dans cette grande cité portuaire saoudienne au lendemain d’une visite dans les Emirats arabes unis.

Il est l’un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer Mohammed ben Salmane depuis l’assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul. L’image du prince héritier à l’international a été fortement ternie par cette affaire.

Le chef de l’Etat a jugé vendredi nécessaire de parler à l’Arabie saoudite, “premier pays du Golfe en termes de taille”, pour pouvoir “œuvrer à la stabilité de la région”. Mais cela “ne veut pas dire qu’on est complaisant”, a-t-il assuré, en faisant allusion à cet assassinat.

“Je note que l’Arabie saoudite a organisé le G20 dès l’année qui a suivi (l’affaire Khashoggi) et je n’ai pas noté que beaucoup de puissances ont boycotté le G20”, a-t-il encore relevé. “Nous avons toujours été clairs sur le sujet des droits de l’Homme ou cette affaire”.

La crise libanaise au cœur des discussions

Face à MBS, Emmanuel Macron entendait en particulier plaider la cause du Liban où la crise économique a été aggravée par la crise diplomatique ouverte en octobre avec plusieurs Etats du Golfe, au premier rang desquels l’Arabie, qui avait gelé ses importations.

Le chef de l’Etat est très impliqué depuis un an pour aider le Liban à sortir de la pire crise socio-économique de son histoire. Et les relations entre Beyrouth et les Etats arabes du Golfe se sont tendues ces dernières années en raison de l’influence croissante du Hezbollah pro-iranien.

“La France a un rôle à jouer dans la région (...) mais comment vouloir oeuvrer à la stabilité de la région, comment vouloir traiter du Liban et traiter de tant de sujets en ignorant le premier pays du Golfe en termes de géographie et de taille”, a souligné le président français.

Lors de leur rencontre à Jeddah, les deux dirigeants ont appelé ce samedi ensemble au téléphone le Premier ministre libanais, Najib Mikati, en vue de trouver une solution à la crise entre Beyrouth et Ryad, a ensuite déclaré Emmanuel Macron. 

“L’Arabie saoudite et le Liban veulent s’engager pleinement” en vue d’un “réengagement de la relation” entre les deux pays après une grave crise diplomatique, a ajouté le chef de l’Etat devant la presse avant de quitter Jeddah, 

Rafale et hélicoptères

A l’occasion du déplacement d’Emmanuel Macron, on a par ailleurs appris qu’Airbus allait fournir 26 hélicoptères civils à une société saoudienne, tandis que Veolia a remporté un contrat de gestion des services d’eau potable de Riyad. 

Au lendemain de la vente de 12 hélicoptères militaires Caracal aux Emirats, Airbus a signé samedi à Jeddah un contrat prévoyant la vente de 26 appareils à The Helicopter Company, affirme le groupe européen dans un communiqué. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Les Emirats arabes unis avaient par ailleurs signé vendredi, au premier jour du déplacement présidentiel dans le Golfe, un accord pour acquérir 80 avions de combat Rafale ―commande record pour l’avion de chasse entré en service en 2004― pour 14 milliards d’euros. D’autres contrats militaires (hélicoptères et armements) ont fait grimper le total à 17 milliards.

Après Dubaï, où il s’est entretenu avec le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, le président français a rencontré au Qatar l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

Emmanuel Macron a notamment “remercié” le Qatar d’avoir organisé l’évacuation de 258 Afghans, “menacés en raison de leurs engagements” ou “de leurs liens avec la France”, qui seront rapatriés vers l’Hexagone après être passés par Doha.

Une plainte déposée à Paris

Au moment même de ce déplacement présidentiel, une plainte a été déposée vendredi à Paris avec constitution de partie civile visant les princes héritiers d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, notamment pour financement du terrorisme.

Les plaignants, des victimes de la guerre au Yémen, accusent ces deux pays d’avoir noué une “alliance” avec le groupe jihadiste Al-Qaïda, a expliqué leur avocat Joseph Breham.

L’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d’une coalition militaire en soutien au gouvernement face aux rebelles Houthis, appuyés politiquement par l’Iran, ennemi de Washington et rival régional de Ryad.

Les Emirats ont retiré leurs troupes du Yémen en 2019 mais restent membres de la coalition.

Les autorités saoudiennes n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’AFP à ce stade. Également contacté, le pouvoir émirati n’avait pas de commentaire à faire dans l’immédiat.

 

 

 

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