Nouveau gouvernement : Ces petits impairs qui sapent la confiance !
Le gouvernement multiplie les faux pas, avec ceci de particulier qu’il a réussi à mettre tous les Marocains d’accord sur une chose : il accuse de sérieuses carences en termes de communication.
En ces temps troubles, Akhannouch s’illustre particulièrement par son silence bruyant.
C’était à une époque pas si lointaine que ça. Quelques mois avant les législatives de septembre 2021. Le leader du Rassemblement national des indépendants sillonnait les quatre coins du Royaume pour haranguer les foules. Ses discours mobilisateurs, sa verve et son allant ont captivé les citoyens. Ses convictions profondes, son charisme et ses promesses ont fini par séduire l’électorat marocain.
Aziz Akhannouch est alors devenu chef du gouvernement, le vendredi 10 septembre 2021. Passant d’opposant au sein d’une majorité désunie et divisée à chef d’orchestre d’une campagne électorale menée avec panache, pour finir maître des céans, héritier d’un pouvoir exécutif tant convoité, mais si lourd à porter. Etre une figure importante dans une coalition gouvernementale est une chose, mais la diriger, c’est tout autre chose.
Troquer la chemise de chef de parti pour celle de chef de gouvernement, pour ne pas dire chef de 34 millions de Marocains, est en effet loin d’être aisé. Au point qu’aujourd’hui, 3 mois après sa nomination et 60 jours après avoir formé son équipe, l’on se surprend à se demander si Akhannouch incarne vraiment la fonction. Le costume de chef de gouvernement est-il taillé à sa mesure ? Est-il capable d’assumer de telles responsabilités ? Ou, tout simplement, cherche-t-il encore à prendre ses marques ?
Interrogations justifiées
Loin de nous l’idée de mettre en doute la volonté d’Aziz Akhannouch de gérer au mieux les affaires du Royaume. Mais il y a le discours et la méthode. D’où toutes nos interrogations. Car si ce que nous voyons depuis quelques semaines est le style de gouvernance qui va ponctuer cette législature, alors c’est très mal parti. Rappelons quand même quelques faits saillants qui ont d’ores et déjà marqué ce mandat gouvernemental :
• Primo : Le chef du gouvernement a relevé de ses fonctions Nabila Rmili, une semaine seulement après qu’elle a été nommée ministre de la Santé.
• Secundo : Les autorités ont pris de court tout le monde en annonçant l’obligation du pass vaccinal 48 heures avant son entrée en vigueur, s’économisant un débat qui allait être passionné et passionnant au sein du Parlement. Ce n’est qu’après les vives tensions engendrées par cette décision qu’un semblant de séance d’explications a eu lieu au sein de la représentation nationale, lors de laquelle d’ailleurs, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a tenu des propos polémiques sur la «minorité» de non vaccinés qui «impose son point de vue à la majorité».
• Tertio : A peine installé, le gouvernement s’est mis à dos les syndicats des enseignants, avec notamment la réforme du concours d’accès aux Académies régionales d’éducation et de formation (AREF). Certes, le dialogue social n’est pas encore rompu, mais la détermination du ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, se heurte toujours à l’intransigeance des centrales syndicales.
• Quarto : il y a enfin toute cette cacophonie monstre autour de l’ouverture-fermeture des frontières aériennes marocaines (www.laquotidienne.ma), qui pourrait presque faire oublier que, jusqu’ici, le Maroc a quand même assez bien géré la pandémie, surtout la campagne de vaccination. Résumons : deux mois seulement après sa prise de fonction, ce gouvernement a réussi ce qu’aucun autre n’a jamais réussi, de mémoire d’homme, dans l’histoire politique du Royaume : se mettre à dos tous les citoyens, qui lui reprochent notamment ses terribles carences et errances en matière de communication.
Akhanouch, un silence assourdissant
En réalité, la nouvelle équipe traîne deux grosses tares : d’un côté, elle ne communique pas assez, et de l’autre, elle le fait très mal si tant est qu’elle s’essaie dans cet exercice. Et le comble, c’est le silence bruyant du chef de gouvernement sur tous ces sujets qui cristallisent le débat public.
A peine l’a-t-on entendu apporter un soutien timide à Benmoussa pour sa réforme. Sur le pass vaccinal, il n’a rien dit ou presque, malgré toutes les tensions que cette décision a générées au sein de la société.
Concernant le tohu-bohu relatif à la reprise ou non des vols, silence radio également. Indifférence ou nouveau style de gouvernance, en laissant notamment chaque ministre se débrouiller seul, gérer son département et ses déboires, mais surtout faire de leur ministère leur pré-carré ? Pour une question de cohérence d’ensemble, les ministères ne peuvent fonctionner en mode «silos». Dans le contexte actuel, cette verticalité fait désordre, avec un bateau qui semble naviguer à vue, sans capitaine à bord. Tout cela mine la confiance.
Pourtant, c’est en cette période trouble, où les mesures prises ou à pendre sont compliquées et peuvent difficilement faire l’unanimité, que Aziz Akhannouch doit affirmer sa présence et son autorité. Il doit occuper l’espace public pour expliquer, s’expliquer, être pédagogue et convaincre les Marocains du bienfondé des choix du gouvernement. Surtout que le Maroc traverse une phase cruciale où les opérateurs, le citoyen lambda et plus globalement l’économie nationale souffrent des décisions prises strictement sous le prisme de la sécurité sanitaire, dans une confusion totale.
C’est, dès lors, à Akhannouch d’apporter son empreinte de «chef» dans la gestion des affaires du Royaume dans cette période délicate. Comme le disait Saint Thomas d’Aquin, «le meilleur gouvernement est celui d'un seul chef».
Par D. William
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