Affaire du «Kremlin» de Bouskoura : Les dérives du chantier déjà pointées par l’IGAT et la Cour des comptes.
Affaire du «Kremlin» de Bouskoura : Les dérives du chantier déjà pointées par l’IGAT et la Cour des comptes.

Le complexe Kasr Diafa, surnommé Kremlin de Bouskoura, avant sa démolition.

L’affaire du «Kremlin» de Bouskoura n’a pas encore livré tous ses secrets. Jour après jour, de nouvelles informations émergent, éclairant des zones d’ombre autour de ce chantier devenu symbole d’excès et de dérives urbanistiques.










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Comme révélé dans un précédent article, Hsaine Marwane s’est totalement désengagé du projet depuis le retrait de l’autorisation en 2023. Depuis lors, les travaux ont continué de manière anarchique, sans architecte ni autorisation officielle.

Le complexe Kasr Diafa, surnommé Kremlin de Bouskoura, avant sa démolition.
L’affaire du «Kremlin» de Bouskoura n’a pas encore livré tous ses secrets. Jour après jour, de nouvelles informations émergent, éclairant des zones d’ombre autour de ce chantier devenu symbole d’excès et de dérives urbanistiques.
Retour sur les principales infractions et irrégularités constatées par les autorités, depuis l’achat du terrain en 2019 jusqu’à la démolition du complexe en novembre 2025.
Publié le 22 novembre 2025
On en sait désormais davantage sur l’affaire du palais Kasr Diafa, surnommé «le Kremlin» de Bouskoura. De nouvelles révélations viennent éclairer des zones restées dans l’ombre, retraçant les étapes clés du projet, depuis l’achat du terrain en 2019 jusqu’à sa démolition, la semaine dernière, par les autorités.
On apprend d’abord que le nom de «Kasr Diafa» n’a jamais figuré sur aucune autorisation officielle. «Le projet, tel qu’il a été déposé et validé par les services de la commune, porte exclusivement le nom de Dar El Farass (la Maison du cheval) et concerne uniquement un gîte rural accompagné d’écuries et d’abris pour chevaux», a précisé le président de la commune de Bouskoura, Abdelkrim El Malki, dans une déclaration au site Alomk. «Aucun permis ne mentionne un palais ou une maison d’hôtes», insiste-t-il.
La première autorisation a été délivrée en 2019 à un premier propriétaire pour la construction d’une maison rurale, d’une superficie couverte de 200 m². Après un changement de propriétaire, une demande de modification a été déposée en août 2019 afin d’annuler le premier permis et de le remplacer par un projet de gîte rural avec installations équestres, toujours sous le nom de «Dar El Farass».
Le président de la commune rappelle que la loi 12-90 sur l’urbanisme n’exige pas de préciser la superficie bâtie dans une demande de modification, ce qui explique l’absence de métrage détaillé dans le dossier initial. Pour déterminer la superficie constructible, la commune s’est appuyée sur les données du service de la fiscalité communale. Ces documents fixaient 400 m² de surface bâtie autorisée et 185 m² de débordements (balcons, auvents, etc.).
En contrepartie, le pétitionnaire a versé 15.400 DH de taxes communales et 19.200 DH pour l’occupation temporaire du domaine public, soit un total de 34.600 DH, «un montant dérisoire au regard des dépassements constatés par la suite», note El Malki.
Les inspections menées par l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), la Cour régionale des comptes, la commission provinciale de veille, le caïd de Lamkansa ont révélé des infractions majeures, dont la construction de deux niveaux de sous-sol, l’édification de structures en béton sur 1.500 m² puis 900 m² et une construction totale dépassant 4.300 m², bien loin des 400 m² autorisés.
Plusieurs ordres d’arrêt des travaux ont été adressés dès 2020, accompagnés d’avertissements et de procès-verbaux transmis au Procureur du Roi, au gouverneur, à l’agence urbaine et à la commune. Face à la gravité des infractions, le gouverneur de Nouaceur a demandé formellement à la commune de retirer l’autorisation de construire, ce qui a été fait le 17 novembre 2023.
Une commission conjointe, composée des représentants de la commune et de l’autorité locale, a ensuite constaté que le propriétaire n’avait obéi que partiellement et avait repris les travaux en toute illégalité. « Un nouvel ordre de démolition a été émis, mais le propriétaire a refusé de le recevoir. Un procès-verbal a constaté ce refus», précise El Malki, réfutant ainsi les allégations selon lesquelles le promoteur n’aurait pas été notifié conformément à la loi et aurait reçu uniquement un message WhatsApp.
Le 15 janvier 2025, un ordre définitif de démolition a été émis, accordant au propriétaire 48 heures pour évacuer les lieux, les personnes et les biens. «Le refus d’obtempérer a conduit à l’opération de démolition exécutée récemment», résume El Malki.
Le président de la commune réfute également les informations circulant dans certains médias indiquant qu’une architecte, basée aux Émirats, serait liée au projet. «Selon les dossiers officiels, l’unique architecte signataire est un architecte marocain, Hsaine Marwane, détenteur du contrat de suivi, du cahier de chantier et de l’ensemble des documents officiels», a-t-il ajouté. Il confirme que seul cet architecte est responsable du suivi du projet depuis le début, jusqu’à l’étape où la légalité du chantier a été remise en cause.
Publié le 22 novembre 2025
On en sait désormais davantage sur l’affaire du palais Kasr Diafa, surnommé «le Kremlin» de Bouskoura. De nouvelles révélations viennent éclairer des zones restées dans l’ombre, retraçant les étapes clés du projet, depuis l’achat du terrain en 2019 jusqu’à sa démolition, la semaine dernière, par les autorités.
On apprend d’abord que le nom de «Kasr Diafa» n’a jamais figuré sur aucune autorisation officielle. «Le projet, tel qu’il a été déposé et validé par les services de la commune, porte exclusivement le nom de Dar El Farass (la Maison du cheval) et concerne uniquement un gîte rural accompagné d’écuries et d’abris pour chevaux», a précisé le président de la commune de Bouskoura, Abdelkrim El Malki, dans une déclaration au site Alomk. «Aucun permis ne mentionne un palais ou une maison d’hôtes», insiste-t-il.
La première autorisation a été délivrée en 2019 à un premier propriétaire pour la construction d’une maison rurale, d’une superficie couverte de 200 m². Après un changement de propriétaire, une demande de modification a été déposée en août 2019 afin d’annuler le premier permis et de le remplacer par un projet de gîte rural avec installations équestres, toujours sous le nom de «Dar El Farass».
Le président de la commune rappelle que la loi 12-90 sur l’urbanisme n’exige pas de préciser la superficie bâtie dans une demande de modification, ce qui explique l’absence de métrage détaillé dans le dossier initial. Pour déterminer la superficie constructible, la commune s’est appuyée sur les données du service de la fiscalité communale. Ces documents fixaient 400 m² de surface bâtie autorisée et 185 m² de débordements (balcons, auvents, etc.).
En contrepartie, le pétitionnaire a versé 15.400 DH de taxes communales et 19.200 DH pour l’occupation temporaire du domaine public, soit un total de 34.600 DH, «un montant dérisoire au regard des dépassements constatés par la suite», note El Malki.
Les inspections menées par l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), la Cour régionale des comptes, la commission provinciale de veille, le caïd de Lamkansa ont révélé des infractions majeures, dont la construction de deux niveaux de sous-sol, l’édification de structures en béton sur 1.500 m² puis 900 m² et une construction totale dépassant 4.300 m², bien loin des 400 m² autorisés.
Plusieurs ordres d’arrêt des travaux ont été adressés dès 2020, accompagnés d’avertissements et de procès-verbaux transmis au Procureur du Roi, au gouverneur, à l’agence urbaine et à la commune. Face à la gravité des infractions, le gouverneur de Nouaceur a demandé formellement à la commune de retirer l’autorisation de construire, ce qui a été fait le 17 novembre 2023.
Une commission conjointe, composée des représentants de la commune et de l’autorité locale, a ensuite constaté que le propriétaire n’avait obéi que partiellement et avait repris les travaux en toute illégalité. « Un nouvel ordre de démolition a été émis, mais le propriétaire a refusé de le recevoir. Un procès-verbal a constaté ce refus», précise El Malki, réfutant ainsi les allégations selon lesquelles le promoteur n’aurait pas été notifié conformément à la loi et aurait reçu uniquement un message WhatsApp.
Le 15 janvier 2025, un ordre définitif de démolition a été émis, accordant au propriétaire 48 heures pour évacuer les lieux, les personnes et les biens. «Le refus d’obtempérer a conduit à l’opération de démolition exécutée récemment», résume El Malki.
Le président de la commune réfute également les informations circulant dans certains médias indiquant qu’une architecte, basée aux Émirats, serait liée au projet. «Selon les dossiers officiels, l’unique architecte signataire est un architecte marocain, Hsaine Marwane, détenteur du contrat de suivi, du cahier de chantier et de l’ensemble des documents officiels», a-t-il ajouté. Il confirme que seul cet architecte est responsable du suivi du projet depuis le début, jusqu’à l’étape où la légalité du chantier a été remise en cause.










4 / 10
Comme révélé dans un précédent article, Hsaine Marwane s’est totalement désengagé du projet depuis le retrait de l’autorisation en 2023. Depuis lors, les travaux ont continué de manière anarchique, sans architecte ni autorisation officielle.
L’architecte souligne qu’il avait cessé de visiter le chantier dès juin 2022, après avoir constaté d’importantes irrégularités par rapport aux plans initiaux. Malgré ses alertes et demandes de mise en conformité auprès du maître d’ouvrage, les travaux se sont poursuivis, entraînant la suspension du permis en 2023.
Le complexe a finalement été entièrement démoli la semaine dernière, laissant derrière lui un vaste champ de gravats, ponctué de quelques palmiers, seuls témoins d’une démesure rattrapée par la loi.
Les commentaires :
Monsieur Abdelaziz ERCHIDI.
A mon humble avis et quoi qu'il arrive, on aurait dû déposseder les propriétaires légalement : EXPROPRIATION, SAISIE, REQUISITION....
PARA_DOX
Après tout ce résultat, catastrophique sur tous les plans, il y a lieu de se demander : Qu'est ce qui aurait pu être fait, ou du être fait, ou ce qui n'aurait pas du été fait, pour qu'un tel projet puisse être conduit selon les règles, et en toute légalité, au bénifice du porteur du projet, de la collectivité et des citoyens-consommateurs ?
Par Wadie El Mouden de 360.
Les commentaires :
Monsieur Abdelaziz ERCHIDI.
A mon humble avis et quoi qu'il arrive, on aurait dû déposseder les propriétaires légalement : EXPROPRIATION, SAISIE, REQUISITION....
Ainsi, le château deviendrait la propriété de l'Etat marocain (MINISTERE DU TOURISME, MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES, ...), Ainsi, notre pays pourrait exploiter cette belle construction dans les meilleures conditions comme PALACE, MAISON D'ACCUEIL pour des touristes huppés...d'autant plus qu'en 2030 le ROYAUME DU MAROC va recevoir des millions et des millions d'étrangers. Par des décisions prises à tort et à travers : - le MAROC se trouve privé d'une constrution qui n'existe nul par ailleurs, - des sommes colossales ont été réglées pour rien, - et des centaines de recrutements n'auront pas lieu.
C'EST REGRETTABLE.
PARA_DOX
Après tout ce résultat, catastrophique sur tous les plans, il y a lieu de se demander : Qu'est ce qui aurait pu être fait, ou du être fait, ou ce qui n'aurait pas du été fait, pour qu'un tel projet puisse être conduit selon les règles, et en toute légalité, au bénifice du porteur du projet, de la collectivité et des citoyens-consommateurs ?
C'est un gâchis financier, un constat effarant de la manière de conduite des affaires et des projets, un constat sur "l'utilité" et la pertinence des règlements, des procédures et des systèmes de contrôle mis en place, normalement et logiquement, pour éviter que ce genre de gâchis ne se produise.
Après l'évaluation, il faudrait également circonscrire les défaillances en termes de responsabilités : Qui assumera ce gâchis qui touche l'image de notre pays ?
Lire aussi : Démolition spectaculaire du «Kremlin» de Bouskoura: les dessous de l’affaire «Kasr Diafa» ...
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