Bygmalion : Nicolas Sarkozy définitivement condamné, la Cour de cassation enterre son dernier recours.
Bygmalion : Nicolas Sarkozy définitivement condamné, la Cour de cassation enterre son dernier recours.
La nouvelle est tombée ce mercredi 26 novembre 2025, et elle résonne comme un rappel brutal : Même les puissants peuvent finir rattrapés par la justice.
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion, rendant définitive sa condamnation pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012.
Après des années de déni, de manœuvres procédurales et de posture victimaire, l’ancien président de la République se voit confirmé un an de prison, dont six mois ferme aménageables sous bracelet électronique. Une peine qui s’ajoute à celle déjà validée dans l’affaire des écoutes (dite Bismuth). Pour un homme qui aimait donner des leçons de morale et d’autorité, l’ironie est mordante.
Un président condamné… qui « prend acte »
Nicolas Sarkozy, 70 ans, a réagi du bout des lèvres auprès de l’AFP : il « prend acte ».
Une sobriété qui sonne surtout comme une manière de masquer l’ampleur du séisme judiciaire.
Ses avocats, Patrice Spinosi et Emmanuel Piwnica, jouent quant à eux la partition habituelle : évoquer un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, comme si l’ancien chef de l’État était victime d’une injustice historique. On connaît la musique : Quand il s’agit des plus hauts placés, on parle de « précédents inédits », de « décisions surprenantes », de « jurisprudence étrange ». Quand c’est un simple citoyen, on appelle ça… la loi.
Rappel des faits : Un dépassement colossal et un système organisé.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
En 2012, le plafond légal des dépenses du second tour était fixé à 22,5 millions d’euros.
La campagne Sarkozy en a dépensé… près de 43 millions.
Plus de 20 millions d’euros d’écart.
Un gouffre financier impossible à justifier sans fraude.
Pour cacher ce dérapage monumental, un système de double facturation a été mis en place : les meetings étaient facturés non pas au compte de campagne du candidat, mais à l’UMP (devenue LR) à travers des conventions fictives. Le parti payait, le candidat bénéficiait. Et tout le monde faisait semblant de ne rien voir.
La société Bygmalion et plusieurs cadres du parti ont orchestré ce montage. Treize coprévenus ont été condamnés pour ces fausses factures.
Sarkozy, lui, était poursuivi non pour avoir tenu le stylo, mais pour avoir profité du mécanisme tout en laissant filer les dépenses. Les juges ont estimé, en première instance (2021) comme en appel (2024), que sa responsabilité de candidat suffisait à l’engager pénalement.
Pendant tout le procès, il a dénoncé « fables » et « mensonges ». Le genre de fables tellement solides qu’elles tiennent quatorze ans devant toutes les juridictions françaises.
Le bracelet électronique : Un accessoire devenu familier.
La peine confirmée ce mercredi : un an de prison, dont six mois ferme, avec aménagement sous bracelet électronique ou semi-liberté.
Un dispositif dont Nicolas Sarkozy est désormais un habitué :
- bracelet porté entre février et mai 2025 dans l’affaire Bismuth
- vingt-et-un jours de détention à la Santé en octobre-novembre 2025 dans le dossier libyen,
- et aujourd’hui, une nouvelle peine à exécuter dans les prochaines semaines. Pour un ancien président qui disait vouloir être irréprochable et rendre la République « exemplaire », la scène a quelque chose de presque surréaliste.
Un juge d’application des peines doit le convoquer dans le mois pour décider des modalités.
La défense joue l’indignation
Dans leur communiqué, ses avocats regrettent une « solution inédite ».
Selon eux, la cour d’appel aurait reconnu que l’ancien président n’avait pas eu personnellement connaissance du dépassement des dépenses. Et pourtant, la Cour de cassation le juge responsable en raison de sa qualité de candidat.
Ils invoquent un précédent de l'Assemblée plénière qui aurait pu l’innocenter.
Bref : quand la justice passe enfin pour les puissants, c’est forcément « inédit ». Pour les autres, c’est juste la République.
Trois coprévenus déboutés eux aussi.
Le pourvoi concernait également Guillaume Lambert (ex-directeur de campagne), Éric Cesari et Pierre Chassat (ex-cadres UMP).
Tous ont été déboutés.
Le système Bygmalion n’était pas un accident, mais une organisation collective.
Un casier judiciaire qui s’allonge… et une image qui se fissure
Avec Bygmalion, Nicolas Sarkozy compte désormais deux condamnations définitives :
- Affaire Bismuth (écoutes) : un an ferme, déjà exécuté sous bracelet
- Affaire Bygmalion : un an dont six mois ferme, à exécuter.
Et la liste n’est peut-être pas terminée :
une condamnation à cinq ans ferme en première instance dans l’affaire libyenne, en attendant l’appel prévu pour mars 2026.
Un ancien président avec un tel casier, c’est un signal politique, moral et démocratique.
Cela interroge sur l’impunité dont ont trop longtemps bénéficié ceux qui gouvernent, et sur la lenteur d’une justice qui met plus d’une décennie à faire tomber un verdict pour des faits pourtant évidents.
Sources : Libération, Le Monde, L’Indépendant, Le Dauphiné Libéré, Midi Libre, Courrier Picard, RFI, La Minute Info, France 24.

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