Soupçons de monopole : La location des bacs de stockage de la Samir relance le débat sur la gestion des actifs.

Soupçons de monopole : La location des bacs de stockage de la Samir relance le débat sur la gestion des actifs.


La raffinerie Samir à Mohammedia.

Publié le 19 novembre 2025


Le débat autour de la gestion des bacs de stockage de la raffinerie de Mohammedia refait surface après la décision du gouvernement d’autoriser leur location. 

Alors que le ministère de la Transition énergétique assure agir dans le respect du cadre légal, des voix syndicales pointent du doigt un accès «monopolistique et opaque».

Le gouvernement a accordé au syndic de la Samir l’autorisation de louer les bacs de stockage de la raffinerie. L’information a été révélée par la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, lors de sa présentation du budget 2026 devant la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement.

«Nous avons travaillé avec la Samir de manière fluide et sans bruit», a affirmé la ministre, rappelant que la raffinerie «est une entreprise privée qui ne relève pas du ministère». Elle a précisé que son département avait délivré une licence au syndic afin de permettre la location des bacs de stockage.

Selon Benali, des tests techniques et des vérifications ont été menés sur les pipelines connectés aux bacs pour garantir leur conformité et leur sécurité. «Nos équipes sont intervenues pour s’assurer que les conduites menant jusqu’au centre-ville étaient en état d’usage. Tout cela s’est fait entre 2023 et 2024», a-t-elle ajouté.

La licence a été octroyée afin de permettre au syndic de louer plusieurs bacs et d’éviter toute concentration excessive entre les mains d’un seul opérateur. «On ne doit pas donner le monopole à une seule entreprise», a insisté la ministre, assurant que les opérations se déroulent dans le respect du cadre juridique en vigueur.

Contacté par Le360, Houcine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national des industries de pétrole (CDT), dénonce une exploitation exclusive et non transparente des bacs de stockage. 

Selon lui, l’activité est aujourd’hui monopolisée par une seule entreprise, en contradiction avec les principes d’équité et de concurrence.

Actuellement, la société BGI Petrolium (Benbrahim Group Investment), propriétaire de la marque Yoom, dispose d’un accès exclusif aux bacs. Elle exploite environ 80.000 m³ sur une capacité totale de 1,8 million de m³, principalement pour approvisionner ses propres stations-service en gasoil.

Le syndicat souligne que BGI Petrolium ne stocke que du gasoil, alors que les infrastructures de la Samir peuvent accueillir d’autres produits pétroliers (kérosène, fuel, essence, bitume…).

Il critique également l’absence d’une procédure transparente pour sélectionner l’offre la plus pertinente. Plusieurs entreprises auraient manifesté leur intérêt pour utiliser ces capacités de stockage, mais leurs demandes seraient restées sans suite.

El Yamani appelle à une ouverture des bacs à l’ensemble des acteurs du marché, estimant que les décisions actuelles, bien qu’émises par le tribunal de commerce, favorisent injustement une seule entreprise.
En mai 2020, l’État marocain, via l’Agence judiciaire du Royaume, avait obtenu l’autorisation du tribunal de commerce de Casablanca de louer les bacs de la Samir, à l’arrêt depuis 2015. 
Cette mesure intervenait alors dans un contexte marqué par la chute historique des cours du pétrole et la saturation mondiale des capacités de stockage.

L’objectif était double: reconstituer les stocks stratégiques de produits pétroliers grâce à une capacité additionnelle de 1,8 million de tonnes, équivalente à 17 jours de consommation de gasoil, 25 jours d’essence et 20 jours de fuel, et profiter de prix exceptionnellement bas pour atténuer la facture énergétique nationale.

Le Maroc pouvait alors espérer se positionner comme un nouvel acteur international du stockage, un atout à l’heure où les capacités mondiales étaient saturées.

Les représentants syndicaux s’étaient toutefois opposés à cette opération, jugeant qu’elle entravait le processus de cession de la Samir. 

Le gouvernement avait rejeté cette interprétation, estimant que la location n’affectait en rien la reprise éventuelle de l’entreprise, et qu’elle serait intégrée à tout futur scénario de rachat.




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