Turquie : La renaissance diplomatique d'Erdogan.
Il y a deux mois à peine le Président Erdogan cherchait à conforter sa position à l'intérieur de son pays en tenant tête aux Etats-Unis sur l'affaire du pasteur Andrew Brunson. Les Européens à l'image d'Angela Merkel et d'Emmanuel Macron ont certes volé à son secours, mais les conséquences économiques ont été lourdes pour les entreprises turques.
La livre turque a ainsi perdu 35% de sa valeur depuis le début de l'année, les prix à la production ont augmenté de 46% et l'inflation a atteint 24,5% au mois de septembre si on compare à l'an dernier. Mais depuis quelques semaines, on assiste à un revirement de situation qui replace non seulement Ankara sur la scène régionale, mais profite également à son économie.
L'Affaire Kashoggi : une aubaine pour Erdogan
L'assassinat du journaliste saoudien Jamal Kashoggi, survenu dans les locaux du consulat d'Istanbul, a coïncidé avec la libération du pasteur Andrew Brunson . Une décision saluée par Donald Trump et le lendemain la livre turque repartait à la hausse face au billet vert.
De la même façon Erdogan a su profiter du drame Kashoggi pour se rapprocher à nouveau des Américains en tentant de mettre indirectement la pression sur l'Arabie Saoudite. En moins de trois semaines, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est rendu deux fois en Turquie.Ce dernier, interrogé par les journalistes, à Bruxelles, a suggéré de lever certaines sanctions qui touchent la Turquie. Conséquence ? La livre turque prenait 2% sur le marché le 18 octobre au lendemain de la seconde visite de Mike Pompeo.
Ainsi, l'économie turque tire profit de cette crise qui oppose l'Arabie Saoudite au reste du monde. Habile, Erdogan profite également de la situation pour se replacer au centre du jeu sur la question syrienne, en marginalisant les Etats-Unis qui n'y ont pas été invités.
Un sommet pour la Syrie ou pour Erdogan ?
Un temps incertain, le sommet sur la question syrienne qui réunira la Turquie, la France, l'Allemagne et la Russie aura bien lieu le 27 octobre à Istanbul . Les dirigeants des trois pays se réuniront autour d'Erdogan pour tenter de résoudre plusieurs questions liées notamment au sort de la ville rebelle d'Idleb , ou encore le processus politique à venir pour la stabilisation de la Syrie.
Un processus qui s'annonce lent et complexe «Nous tablons sur le fait que nous pourrons faire des progrès en vue d'une stabilisation de la Syrie, tout en sachant que ce processus sera très compliqué et durera des années» a reconnu Angela Merkel dans un communiqué de presse.
En attendant, c'est bien Recep Tayeep Erdogan qui profite de la situation en se replaçant au cœur des discussions. Une place certes légitime, la Turquie ayant accueilli près de trois millions de réfugiés syriens, que le président turc compte exploiter pour étendre l'influence de son pays face à son rival au Moyen-Orient qui n'est autre que ...l'Arabie Saoudite.
Par Bendriss Chahid
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