Vouloir être aimé de tous, voie abjecte de l'encanaillement...
Peut-on être aimé de tous ?
Cette question est insensée, illogique dans les termes, car, vu la diversité des personnalités et des parcours des histoires individuelles, la réponse est dans la question.
Pourtant aujourd'hui, cela semble désormais du ressort de la haute spécialisation de la génétique et de ses pendants en neuroscience où certains « scientifiques » au service de l’idéologie nous apprend, à nous, pauvres mortels, que ce sont nos gènes, surtout ceux responsables de la constitution de notre cerveau qui nous rendent désagréables.
Il est, cela va de soi, tout à fait congruent quoique malsain de la part d’une société de négation d’humanité, qui idolâtre l’argent et méprise l’humain, d’investir dans la communication de masse par parole, par écrit, par documentaires et tous autres modes de communication de masse pour « motiver » (de fait, forcer) l’individu non adapté à s’assimiler au mode de vie de ladite société en arguant que c’est pour le propre succès de l’individu, sa « réussite personnelle » selon le mode idéologique en vogue !
Toutefois, la question essentielle et lancinante pose un dilemme logico-moral d’aveu ou de désaveu existentiel! Réussit-on quoi que ce soit en étant soi-même un vil objet parmi des objets, un jouet d’une représentation du monde où tout se réduit à l’apparat des apparences sans se soucier de la moindre valeur intrinsèque vraiment humaine?!
Le temps de la bonasserie sociale collective, accusatrice de l’individu non adapté et mal-aimé est désormais à la proue de l’idéologie. Ça et là, des documentaires et des émissions sur la croissance et la réalisation personnelles jettent leur jobarderie acrimonieuse, en guise de verdict pseudo-psychologique sans appel : l’homme qui ne s’intègre pas, qui ne se fait pas aimer, qui ne séduit pas monsieur tout le monde, est coupable ! C’est un inapte relationnel, un indigne de la sainte société! Par une nouvelle pseudo-psychologie séductrice de masse, par une génétique de dogme où d’étonnants experts généticiens et gourous des neurosciences, formidablement au-dessus de l’intelligence commune par leur savoir, opèrent la « génétisation » de toutes les dimensions humaines réduites aux gènes notamment à ceux qui déterminent le fonctionnement du cerveau et donc, de la « personnalité » qui en émanerait! L’individu non adapté, non adopté par le grand nombre, est ipso facto affligé de dysfonctionnement génique et devrait suivre un traitement dans cet univers débile de psychiatrisation.
L’inadapté est un malade un handicapé, c’est sa tare dans une société tellement saine qu’elle érige quelques-uns en prédateurs de toutes les richesses communes de l’humanité ainsi asservie par le crédit et le travail à vie. L’inadapté doit apprendre à prendre sur lui.
L’injonction est claire, seule l’adaptation assimilatrice et démagogique de l’adoption par les foules et donc correspondant au standard idéologique, est saine! Mais la vraie et pertinente question impropre car socialement incorrecte et osée : la société, elle, peut-elle, sale telle qu’elle est, s’ériger comme critère de jugement moral des hommes ? Vaut-elle d’être prise comme modèle ? Est-elle assez digne de ses propres valeurs proclamées copieusement piétinées pour oser juger et s’imposer comme référence comportementale saine! ?
Si les choses - comportements sociaux, idéologie dominante et praxis - sont si délétères et injustes, est-ce par le dysfonctionnement des rejetés marginalisés ou plutôt par les hyperadaptés si adaptés, qu’ils dictent les comportements, édictent des lois, décident de qui méritent ou non de vivre, sont riches et célèbres et ont en main le système économique tout en téléguidant les organes politiques !? Hier, pointé pour leur caractère, aujourd’hui, ciblé pour leurs gènes, les non intégrés au sein des cohues standardisées par leur personnalité distante selon leur saisie interrogeante et distanciée du monde, sont dans la visière d’un système standardisant, tyranniquement niveleur qui ne laisse aucune place à la moindre différence et à la pensée non alignée quant à la perception idéologique voire idéelle du social.
L’on ne peut se tromper là-dessus, les codes d’admissibilité parmi les multitudes, cette collection d’individus qui m’entourent, sont ceux de leurs maîtres à pulsions, maîtres de la communication (souvent de la manipulation) de masse tant liminale que subliminale à travers les institutions d’établissement et de maintien des « valeurs » ou plutôt des perversions prônées justes, proclamées principes inviolables, voies à suivre et critères d’acceptation sociale.
Celui qui ne se fait parfaitement modelable, entre les mains structurelles de ces diktats de code, sera impassiblement ostracisé par le système et sa horde monstrueuse déshumanisée, dite société humaine!
Quand celui qui me parle voudrait que je sois le flatteur de ses bas instincts conditionnés, érigés en pseudo-valeurs par une idéologie immonde qu’il véhicule sans même le savoir - la face horrible du monde le prouve - je dis que ne pas être aimé du grand nombre, est signe au moins de dissemblance avec la grande armée de l’encanaillement uniformisant, la puissante machine à déshumanisation qu’est la grande foule.
Heureux celui qu’on ostracise si c’est par refus d’être embringué dans la meute contre-nature des monstres dominants et des multitudes populacières; le grand nombre des ombres mentalement vampirisées qui veulent vampiriser tous à leur tour!
Mon conseil aux hommes de bonne foi et voulant rester humains : soyez inadaptés, marginaux assumés; créez-vous des voies alternatives, et surtout, n’acceptez jamais d’être la chose modelable des monstres du correct pathologique qui sévit, ces minotaures de l’immonde correction qui mènent l’ordre infect d’une certaine société trop bien pensante et trop parfaite qu’elle réduit tous en rouages de ses injustices, ses aberrations!
Cultivez le bien sans complaisance avec vos faiblesses à combattre et transcender, mais en même temps, soyez irréductibles et terribles chaque fois que la racaille autoritaire voudra vous culpabiliser gratuitement! Rejetez quiconque vous accuse d’arrogance par ses jugements pour mieux démanteler votre humanité et vous ravaler à l’image indifférenciée des multitudes manipulées, utilisées au gré d’un ordre du monde infâme.
Une humilité qui se soumet à l’immonde n’est ni humble ni vertueuse mais stupide asservissement et balourde reddition aux forces du mal; complexe d’infériorité d’une conscience sans valeur propre que n’importe qui, n’importe quoi mène aux abîmes !
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