Le procès d'Alexandre Benalla s'ouvre à Paris

 

Le procès d'Alexandre Benalla s'ouvre à Paris

L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron à l'Élysée est jugé en même temps pour les violences de la place de la Contrescarpe et pour son utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques.

AFP
Charles Platiau / Reut
Alexandre Benalla, ici lors d'une audition au Sénat à Paris, le 21 janvier 2019.

JUSTICE - Les images d’Alexandre Benalla molestant un couple le 1er mai 2018 avaient provoqué une tempête politique : l’ancien chargé de mission de l’Élysée est jugé à partir de ce lundi 13 septembre au tribunal correctionnel de Paris, plus de trois ans après le “Benallagate”.

À l’origine d’une tentaculaire affaire qui a empoisonné la première partie du quinquennat d’Emmanuel Macron, l’ancien collaborateur du palais est jugé jusqu’au 1er octobre, à sept mois du premier tour de la présidentielle.

Aujourd’hui âgé de 30 ans et reconverti dans le privé, il devra s’expliquer sur ses agissements en marge du cortège de la Fête du travail, mais aussi sur l’utilisation de passeports diplomatiques et de service.

À ses côtés sur le banc des prévenus, son ami et ancien collègue Vincent Crase, 48 ans, ex-employé d’En Marche, ainsi que deux policiers.

Alexandre Benalla avait été identifié par le journal Le Monde dans un article du 18 juillet 2018, sur une vidéo où il apparaissait coiffé d’un casque des forces de l’ordre, brutalisant une femme et un homme, place de la Contrescarpe à Paris, à l’issue d’une journée de manifestation émaillée de violences.

Celui qui était à 26 ans au cœur du dispositif de sécurité entourant le président de la République devait ce jour-là n’avoir qu’un rôle d’observateur. Sanctionné par une suspension de 15 jours, il possédait toujours un bureau à l’Élysée, révélait le quotidien.

“Réaction de citoyen”

Dès le lendemain, l’opposition dénonçait avec virulence une “affaire d’État”, le Parlement était paralysé et une enquête judiciaire ouverte. Les mois suivants avaient été rythmés par une cascade de révélations et par les auditions, jusqu’au plus haut sommet de l’État, des commissions d’enquêtes parlementaires.

Depuis visé par six enquêtes judiciaires, dont une a été classée sans suite, Alexandre Benalla fera face pour la première fois à un tribunal pour “violences volontaires en réunion” et “immixtion sans titre dans l’exercice d’une fonction publique” notamment.

Il lui est reproché, comme à Vincent Crase, leurs gestes sur la place du quartier latin mais aussi au Jardin des plantes, deux heures plus tôt, sur trois manifestants.

Alexandre Benalla a toujours nié tout “tabassage”, affirmant avoir agi “par réflexe” et avoir eu une “réaction de citoyen” en “interpellant” des personnes “venant de commettre un délit”. Son avocate Jacqueline Laffont n’a pas souhaité s’exprimer avant le procès.

“Appréhender quelqu’un qui vient de commettre un délit n’est pas pénalement punissable”, a déclaré à l’AFP le conseil de Vincent Crase, Christian Saint-Palais, qui fait valoir que son client a agi “spontanément” dans un “climat de grande confusion, de violence”.

Alexandre Benalla devra par ailleurs répondre de l’utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l’Élysée, lors de voyages en Afrique et en Israël. Il est aussi soupçonné d’avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux - ce qu’il conteste.

“Pistolet à eau”

Il comparaîtra en outre pour “port d’arme” non autorisé, sur la base d’une photo de 2017 révélée par Mediapart, où il apparaît dans un restaurant de Poitiers avec ce qui semble être un Glock - alors qu’il ne pouvait à l’époque pas porter une arme en-dehors des locaux d’En Marche. 

Probablement un “pistolet à eau”, selon l’intéressé.

Deux fonctionnaires de préfecture de police de Paris doivent également être jugés pour avoir transmis, juste après l’explosion de l’affaire, des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla. Leur défense soutient qu’ils n’ont pas commis d’infraction.

Le couple de la Contrescarpe, qui avait expliqué avoir été pris par hasard dans les heurts, a été condamné en février 2019 à une amende de 500 euros pour avoir lancé des projectiles sur les forces de l’ordre - un “acte irréfléchi” après une charge de CRS, ont-ils regretté à leur procès. 

Ils se “présenteront pour raconter comment les choses se sont passées pour eux et pour répondre aux questions”, a confirmé leur avocat Sahand Saber.

Deux syndicats policiers seront représentés. Les images du 1er mai “viennent, de manière totalement anormale, nourrir une acrimonie à l’égard de la police en tenue”, selon Me Pascal Rouiller pour Unité SGP-FO.

Les manifestants du Jardin des plantes, ainsi que l’ancien chef de cabinet de l’Élysée François-Xavier Lauch et l’auteur de la vidéo du 1er mai, le journaliste Taha Bouhafs, seront aussi parties civiles.

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