Infos Maroc
Gouvernement: où est passé le ministère de l’Environnement ?
La disparition du ministère de l’Environnement au sein du gouvernement El Othmani a surpris, après une année 2016 marquée par la COP22.
Explications.
Lors de la nomination du gouvernement conduit par Saad
Eddine El Othmani le 5 avril, certains ont d’abord cru à une erreur. Le
ministère délégué à l’Environnement a disparu. "Ça a interpellé tout le monde, même des cadres du ministère",
témoigne l’un d’entre eux. Et pourtant, ça n’est pas une erreur. Nezha
El Ouafi (PJD) est nommée secrétaire d’État au Développement durable.
C’est elle qui a pris physiquement la place de Hakima El Haité, ministre
déléguée à l’Environnement dans le précédent gouvernement.
Alors que le Maroc assure toujours la présidence de la COP22 qu’il a
accueillie à Marrakech en novembre, que l’opinion publique a été
largement sensibilisée aux questions environnementales au cours de
l’année 2016, que les entreprises du royaume se sont largement associées
à cette soudaine mode verte, et que le précédent gouvernement avait
érigé l’environnement en "priorité nationale", il n’était pas
absurde d’imaginer que le gouvernement profite de cet élan en conférant à
l’environnement un ministère à part entière, et ainsi une plus grande
autonomie pour interagir avec l’ensemble des ministères.Sous-classement de l’Environnement...
C’est l’inverse qui s’est produit. Dans la hiérarchie constitutionnelle, le statut du ministre délégué est supérieur à celui du secrétaire d’État, car si les deux peuvent siéger au conseil de gouvernement présidé par le chef du gouvernement, seul le ministre délégué peut siéger en conseil des ministres présidé par le roi et dispose du pouvoir de signature. "Dans la pratique, il n’y a pas grande différence entre un ministre délégué et un secrétaire d’État", balaye pourtant Nezha El Ouafi.Une source déjà présente au ministère lors de la précédente mandature nous confirme néanmoins que ce choix n’est pas anodin, car il découle d’une part de considérations politiques de répartitions des portefeuilles, et d’autre part "d’une logique pour éviter les ministères bicéphales".
Par le passé, "sur certains sujets, des sensibilités divergentes ont pu s’exprimer.
Il s’agissait d’un problème de rapport entre personnes et partis politiques", explique notre interlocuteur. Dans le précédent gouvernement, Hakima El Haité, ministre déléguée, était affiliée MP. Son ministre de tutelle, à l’Énergie, était Abdelkader Amara (PJD). Désormais, Nezha El Ouafi et son ministre de tutelle Abdelaziz Rebbah sont tous deux membres du PJD.
...mais le développement durable inclut l’environnement
Sur le fond et sur le choix de l’appellation "Développement durable" plutôt qu’"Environnement", Nezha El Ouafi assure qu’il s’agit d’une "tendance mondiale qui consiste à repenser les politiques publiques de telle manière à ce qu’elles intègrent le respect de l’environnement".Ce sont bien 17 Objectifs de développement durable (ODD) que l'ONU a listé pour son Programme de développement durable à l’horizon 2030. "Ça va bien plus loin que la préservation des écosystèmes. Notre rôle est en fait transversal, car il s’applique à la santé, aux politiques sociales, à l’urbanisation, à l’industrie… Dans tous les secteurs, à l’échelle locale et nationale, nous veillerons au respect de l’environnement, condition indispensable du développement durable," poursuit la secrétaire d'État.
Ne serait-il pas dans ce cas plus pratique d’avoir un ministère à part entière et non pas affilié à l’Énergie? "La constitution parle d'équipe gouvernementale. Après approbation du programme gouvernemental, l’ensemble de cette équipe aura un travail cohérent, avec beaucoup de coordination", répond Nezha El Ouafi.
Une "mamfakinch" au ministère
Moins d’une semaine après sa nomination, la nouvelle secrétaire d’État, sociologue de formation, détaille sa vision pour le département dont elle hérite. "Je suis une femme de terrain. Je vais accompagner le travail qui a été fait pour, au-delà de la COP22, aller vers une appropriation des programmes environnementaux dans les politiques publiques au niveau des régions et des localités. Je veux faire des Marocains et des Marocaines un peuple qui adopte la vision et la conviction qu’il n’y a pas d’économie et de développement sans respect de l’environnement", explique celle qui était membre de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe depuis 2011.Ancienne résidente en Italie, elle s'amuse lorsqu’on l’interroge sur la coïncidence avec le dossier des "déchets italiens" qu’a eu à gérer sa prédécesseure, qui demeure Championne du climat à l’ONU. Nezha El Ouafi l’assure, elle aussi sera capable de montrer les dents, comme elle l’a déjà fait précédemment sur le dossier de la spoliation immobilière.
"Je suis une mamfakinch", revendique-t-elle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles