Frappes US sur la Syrie du 7 avril 2017
Ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique» à l’État majot interarmées de planification
opérationnelle
Contre toute attente, à l'opposé de
ses promesses électorales et de ses 18 tweets critiquant l'engagement et
les frappes d'OBAMA en Syrie, Trump vient de faire ce
que Bush avait fait en 2003 : Aagresser un pays souverain sans
aval de l'ONU sur la base d'un très probable mensonge ou, au mieux, sur
la base d'informations non vérifiées venant de sources
extrêmement douteuses (OSDH, casques blancs).
Essayons, ensemble, de comprendre !
**********
Le contexte :
Depuis la reconquête d'Alep, les Forces armées syriennes appuyées par
les Russes, les Iraniens et le Hezbollah, avancent sur tous
les fronts face à des terroristes et à des opposants désemparés.
L'Armée Syrienne libre et les Kurdes, appuyés par des forces spéciales
US au sol et par les forces aériennes de la «coalition
occidentale», piétinent devant Rakka, alors même que les forces
syriennes et leurs alliés s'en approchent à grand pas.
Daesh a utilisé à plusieurs reprises les gaz pour s'opposer à la progression des troupes irakiennes à Mossoul à la fin de février et dans la première
quinzaine de mars. Cela ne semble pas émouvoir outre mesure la «communauté internationale» et ses médias tout puissants.
En Syrie, les terroristes de Daesh et d'Al Nosra, multiplient les attentats kamikazes avec 60 morts à Damas le 15 mars.
Aux USA et depuis deux mois et demi sans interruption,
Trump est quotidiennement harcelé par les médias, par les démocrates et
par les relais de l'AIPAC
(American Israeli Public Affairs Commitee) au sein de son propre
parti, conduits par les 2 sénateurs Mc Cain et Lindsey Graham (néocons
républicains).
On reproche à Trump de prétendus
liens avec la Russie et un entourage «d'extrême droite, antisémite», en
la personne de Stephen Bannon, son ex directeur de campagne
et bras droit, qui a le mauvais goût de s'opposer aux prétentions de
l'AIPAC.
Le 4 avril, une frappe de l'armée de l'air syrienne dans la zone du village de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, «aurait fait plus de 80 morts et 200
blessés» selon l'OSDH (source fort peu crédible, créée par les occidentaux, se résumant à un individu (et son ordinateur) basé à Londre
et financé par la «coalition occidentale»; source
dont la mission essentielle consiste à «crédibiliser» au moyen du DH
(Droit de l'Homme) de son sigle, en les relayant, les informations qui
lui sont données par les services occidentaux dans un
subtil mélange de vrai et de faux)…...
Cette information est reprise, amplifiée, interprétée par l'ensemble des agences de presse et des médias occidentaux, sans la moindre vérification,
et
l'utilisation de l'arme chimique par les avions du régime syrien est
très vite dénoncée par tous les médias de la «coalition occidentale».
Or, l'arsenal chimique de la Syrie a été démantelé en 2014 par l'OIAC (organisme Onusien), alors que les terroristes de DAESH et d'Al Nostra, eux, ont
utilisé à plusieurs reprises l'arme chimique lors d'attaques menées en 2015 et 2016.
En outre, la Syrie n'a aucun intérêt à utiliser ce type d'arme alors même que ses troupes avancent sur tous les fronts sans difficulté majeure.
J'avais d'ailleurs écrit un article en Septembre 2013 sur le sujet de l'utilisation des armes chimiques par Bachar el Assad :
http://www.voltairenet.org/article180213.html
En outre, la Syrie n'a aucun intérêt à utiliser ce type d'arme alors même que ses troupes avancent sur tous les fronts sans difficulté majeure.
J'avais d'ailleurs écrit un article en Septembre 2013 sur le sujet de l'utilisation des armes chimiques par Bachar el Assad :
http://www.voltairenet.org/article180213.html
Aux accusations occidentales, la
Syrie répond que sa frappe visait un dépôt d'armement des terroristes,
et que de l'armement chimique pouvait très bien être stocké
dans ce dépôt au moment de la frappe. Cette affirmation paraît non seulement plausible, mais beaucoup plus crédible que les affirmations occidentales basées sur les seuls
témoignages d'ONG du camp opposé à Bachar el Assad, ONG financées et instrumentalisées par les anglo-saxons (OSDH et Casques blancs).
Aucune agence de renseignement
sérieuse au monde ne peut croire en la fiabilité de sources de type OSDH
et casques blancs qui combattent implacablement le régime et
qui, pour ces derniers, ne mettent leur couvre chef immaculé, entre deux combats, que devant les caméras, pour faire croire à un comportement héroïque et désintéressé…...
La frappe US : Le 7 avril 2017, entre 02h42 et 2h56, heure française,
les destroyers USS Ross et USS Porter de l'US Navy ont tiré 59 missiles
Tomahawk sur la base aérienne d'al-Chaayrate dans la province de
Homs en Syrie, base aérienne tenue par les forces gouvernementales
syriennes.
23 d'entre eux ont atteint leur cible, nul ne semble savoir où ont explosé les 36 autres projectiles ???
Carte à consulter sur l'original
La frappe a néanmoins détruit un dépôt de matériel, une structure d'entraînement, un réfectoire, de six à neuf avions MIG-23 selon les
sources, avions en cours de maintenance dans des hangars, et une station radar.
Le bilan des tués: 10 soldats ainsi que neuf civils dont quatre enfants a fait savoir la Syrie.
La piste d'envol n'a pas été touchée.
Cette action a donc été d'une faible (voire très faible) efficacité militaire.
Elle montre les limites de la puissance militaire américaine (efficacité et précision des tirs).
Elle a coûté 59 millions de dollars (prix unitaire d'un missile tomahawk: 1 million de dollar).
Elle a donc détruit six avions d'un modèle très ancien (les premiers vols de MIG 23 date de 1967) et les exemplaires détruits dataient d'avant 1982, année de
production des derniers MIG 23 (donc les 6 MIG 23 détruits avaient de 35 à 45 ans d'âge).
Les russes n'auront aucun mal à les remplacer par des versions plus modernes…...
Curieusement, les positions
syriennes sur la route Homs-Furqlus-Palmyre ont été attaquées, à proximité de la base aérienne, immédiatement après la frappes US par des
éléments de DAESH, ce qui laisse supposer une coordination entre l’État major US en Syrie et les terroristes
de Daesh.
Ce n'est pas la première fois qu'une telle «coordination» /«connivence» est observée entre les Forces aériennes
US et Daesh.
Le 17 Septembre 2016, l’aviation de la coalition avait effectué quatre frappes sur les positions des
militaires syriens encerclés par les terroristes du groupe Daech près de la ville Deir ez-Zor.
Ces raids avaient fait 62 morts et environ 100 blessés parmi les militaires. Les États-Unis avaient confirmé avoir effectué les raids. Daesh avait attaqué les positions syriennes immédiatement après la frappe, ce qui laissait déjà supposer une «coordination» entre les forces aériennes US et l'assaut terrestre de Daesh. Les États Unis avaient alors prétexté une erreur…….
Ces raids avaient fait 62 morts et environ 100 blessés parmi les militaires. Les États-Unis avaient confirmé avoir effectué les raids. Daesh avait attaqué les positions syriennes immédiatement après la frappe, ce qui laissait déjà supposer une «coordination» entre les forces aériennes US et l'assaut terrestre de Daesh. Les États Unis avaient alors prétexté une erreur…….
A ceux qui croiraient encore que les
États Unis et la «coalition occidentale» combattent vraiment DAESH, je
demande de réfléchir sur les faits
suivants:
La «coalition occidentale» a été
capable d’effectuer une moyenne de 800 sorties aériennes/jour pendant 4
mois lors de sa croisade irakienne en 2003; elle avait
réalisé une moyenne de 500 sorties/jour pendant 78 jours sur la
Serbie en 1999, mais elle n’a effectué que moins de 10 sorties / jour
(peu efficaces au demeurant) de Septembre 2014 à juin 2015
pour aider les Kurdes à Kobane, sur un ennemi (DAESH), pourtant
concentré et parfaitement localisé, sans véritable risque de dommages
collatéraux sur les civils kurdes qui avaient évidemment
quitté les zones occupées par DAESH….
Cherchez l’erreur….
Cherchez l’erreur….
En un an de campagne aérienne en
Syrie, cette même coalition a obtenu des résultats infiniment moindres
que les Russes en un premier mois de frappe.
Cherchez encore l’erreur….
Avant les événements du 13 Novembre 2015, la France avait frappé DAESH en Syrie 3 fois en 3 mois (1 fois par mois). Les Russes avec 1600 sorties en
un premier mois d’intervention ont fait immédiatement reculer DAESH….
Il est bon d’avoir en tête ces ordres de grandeur pour savoir qui combat vraiment DAESH en Syrie et qui a fait longtemps «semblant» de
le faire ….. en se servant ou en instrumentalisant DAESH ….. pour faire tomber Bachar…. et créer le chaos «nécessaire» dans le pays… très probablement pour
préparer le terrain aux futures annexions d’Israël.
A ceux qui voudraient comprendre le
pourquoi du comment de cette attitude des occidentaux en Syrie, je
suggère la lecture attentive de l'excellent article (c'est
moi qui l'ai écrit! Humour!) publié le 7 avril sur le net !. http://reseauinternational.net/usa-syrie-france-israel-pour-mieux-comprendre-le-conflit-syrien-general-2s-dominique-delawarde/
Les conséquences :
Sur le plan international, les Russes ont qualifié la frappe US, à juste raison, d'agression contre un état souverain en violation du droit
international. Ils ont suspendu le mémorandum russo-américain
sur la prévention des incidents et la garantie de la sécurité des vols
pour les opérations en Syrie. La suspension de ce
mémorandum permettra désormais aux russes de réagir à toute
«menace», concernant les bases et les unités russes se trouvant en
Syrie. (C'est à dire à tout aéronef volant dans l'espace aérien
syrien).
http://www.ladepeche.fr/article/2017/04/07/2552099-frappes-en-syrie-un-prejudice-considerable-aux-relations-russo-americaines.html
Les russes ont également annoncé un renforcement de la défense anti-aérienne syrienne et un soutien plus important aux forces armées syriennes dans leur lutte
contre le terrorisme.
Cela va évidemment créer une insécurité pour toute intervention de la coalition, occidentale dans le ciel syrien.
Ces interventions n'ayant pas le feu vert
de l'ONU et ne s'effectuant pas avec l'accord du gouvernement
syrien, seul légitime pour l'ONU, ne sont évidemment pas conformes à la
législation internationale. L'appui aérien de l'ASL et des
Kurdes dans leur opération sur Rakka pourrait devenir
problématique…...
Il ne serait pas surprenant qu'un avion de la coalition internationale soit abattu dans l'espace aérien syrien
au cours des prochaines semaines. Cet avion ne
serait pas nécessairement US (l'état major US est prudent). Il
pourrait s'agir d'avions européens (français pourquoi pas) si ces
derniers sont missionnés par l'état major de la coalition
internationale pour des opérations sur Rakka…… La légitime défense
et/ou l'erreur regrettable pourraient être invoquées par la partie
russe, et l'on voit mal qui pourrait protester dans la
situation d'illégalité qui est la notre à bombarder la Syrie.
Il est clair qu'un engrenage pouvant conduire à un conflit multinational est désormais possible.
Par ailleurs, pour l'anecdote, la base aérienne attaquée aurait repris ses activités quasi-normales le 8 avril vers 16 heures, soit 36 heures après la frappe
US: Petits effets mais fortes conséquences…..
Les réactions nationales US et internationales.
Au lendemain de la frappe, Trump limoge son bras droit et ex-directeur de campagne Stephen Bannon,
celui qui a assuré sa victoire à l'élection
présidentielle. Ce limogeage signifie clairement que Trump rentre,
au moins provisoirement, dans le rang du «système»et tente d'acheter «la
paix avec les médias US» en faisant allégeance à
l'AIPAC (American Israeli Public Affairs Committe).
Évidemment, alignant leur attitude sur celle de l'état hébreu qui applaudit sans réserve à cette «superbe (?)» initiative de Trump, les médias US, l'AIPAC,
les néoconservateurs et même les démocrates conduits par Hillary approuvent avec enthousiasme cette frappe. En fait, Trump vient d'appliquer le programme politique de Bush et celui de ses
adversaires néocons démocrates qu'il avait tant critiqué.
Trump profite de cette pause dans les
attaques menées contre lui pour faire confirmer son candidat à la cours
suprême Neil Gorsuch par le Sénat, très réticent
jusqu'alors.
Du côté des électeurs de Trump, c'est
la stupéfaction. Beaucoup indiquent qu'ils n'ont pas voté Trump pour
jouer au shérif dans le monde. Certains manifestent déjà,
comme à New York le 8 avril 2017.
En Europe, la ministre allemande de la Défense Ursula von der
Leyen au cours d'une émission sur la radio Südwestrundfunk (SWR) indique que l'armée de l'air allemande ne participera
pas aux frappes US contre les forces gouvernementales syriennes.
Lors
de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, convoquée suite à
l'attaque US, l'ambassadeur bolivien auprès des Nations Unies Sacha
Llorenti a présenté une photo de l'ex-secrétaire d'État américain Colin
Powell brandissant un flacon de poudre blanche,
prétendue preuve que Bagdad possédait des armes de destruction
massive…..
En
France, la plupart des candidats se sont exprimés sur les frappes US en
Syrie. Marine Le Pen, Asselineau, Dupont Aignan et Mélenchon
désapprouvent une action conduite sur la base d'informations douteuses,
non vérifiées, et sans aval des Nations Unies; certains
évoquent, non sans raisons, leurs craintes qu'on nous refasse le
coup de l'Irak ou de la Libye. Fillon s'interroge plus prudemment sur le
bien-fondé d'une telle intervention et rappelle que cette
riposte US a été effectuée sans enquête préalable et sans mandat de
l'ONU et que les conséquences peuvent aller jusqu'au conflit généralisé.
Il rappelle, lui aussi, le précédent irakien de
2003…..
Seul
Hamon applaudit des deux mains en reprenant la position de Hollande et
des néocons français. Le journaliste
d'investigation Vincent Jauvert en a débusqué quelques-uns qui
contrôleraient le Quai d'Orsay et seraient gentiment surnommés par leurs
collègues: «la secte».(cf: La face cachée du quai d'Orsay: un ministère à la dérive aux éditions Laffont).
Emmanuel
Macron continue de penser, comme ses maîtres, sans enquête et sans
preuve, que le principal responsable de ce
qui est survenu est Bachar el-Assad, «ennemi du peuple syrien» et
appelle à une action coordonnée «sur le plan international en représailles au régime de Bachar».
«Nous avons un ennemi: Daech et l'ensemble des mouvements djihadistes. Le peuple syrien a un ennemi: Bachar el-Assad», a-t-il signalé lors de son déplacement
en Corse.
Ce candidat ne se demande même pas
comment Bachar El Assad aurait pu tenir 6 ans contre ses opposants,
épaulés par les occidentaux, sans un soutien très majoritaire
de son peuple.
Pour moi, les positions de Hamon et de Macron sont précipitées, imprudentes et immatures.
*
En conclusion, cette frappe US aux effets militaires quasi-négligeables, a été probablement réalisée pour des motifs de politique intérieure US.
Il
s'agissait pour Trump de tenter d'échapper au harcèlement politique
et médiatique sur ses prétendus liens avec les russes. Il a, au moins
partiellement et temporairement, réussi son coup, en le
complétant par le limogeage de son bras droit Stephen Bannon,
probablement opposé aux frappes au sein du Conseil de Sécurité national
US.
En Syrie, les forces gouvernementales
ont repris leurs opérations de reconquête et ont enregistré, dès le 8
avril, de nouveaux succès contre le Front al-Nosra dans
les villes de Bosra et de Daraa. Dans le cadre de l'accord de
réconciliation nationale, on enregistre aussi, le 8 avril, la sortie de
480 hommes armés avec leurs familles du quartier de Waër à
Homs sous la supervision russe.
Le 8 avril encore, un bombardement
aérien de la «coalition occidentale» a tué 15 civils dans la banlieue
ouest de Rakka (village de Hneida) et ce, dans
l'indifférence générale de la «communauté internationale», trop
souvent réduite aux USA, au Royaume Uni et à la France.
La crise syrienne a donc déjà repris
son cours normal, favorable, depuis le début 2017, à la coalition
quadripartite pro-gouvernementale.
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