Info Maroc
Après la COP22, la présidence marocaine en "désarroi total".
La présidence marocaine de la COP22 ne sait plus sur quel pied danser.
À moins d’un mois d’un rendez-vous à mi-parcours de la prochaine COP, "rien n’est prêt".
Pourtant, son mandat court jusqu’à la COP23 en novembre 2017.
Y a-t-il un pilote dans l’avion pour conduire la
présidence marocaine de la COP22 qui court jusqu’à novembre 2017 et le
passage de témoins aux iles Fidji, présidentes de la COP23 ?
La question
se pose depuis les équipes marocaines jusqu’à la CCNUCC, la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Salaheddine Mezouar est-il toujours président depuis qu’il n’est plus
ministre des Affaires étrangères ? Hakima El Haité est-elle toujours
championne du climat depuis qu’elle n’est plus ministre déléguée à
l’Environnement ? Que prévoit la présidence marocaine pour la Bonn
Climate Change Conference, rendez-vous à mi-chemin entre la COP22 et la
COP23 qui se tiendra en Allemagne dans moins d’un mois, du 8 au 18 mai ?
Service minimum
Quelle importance ?Après tout, la conférence de Marrakech s’est déroulée sans heurt d’un point de vue logistique, le village a accueilli jusqu’à 30.000 visiteurs par jour en plus des 20.000 personnes accréditées, l’avancée des négociations y a été honorable et les États ont proclamé leur intention d’aller de l’avant dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Sauf qu’une présidence de COP n’est pas censée s’arrêter là. De la même manière que la France et le Maroc ont travaillé de concert pour assurer la transition entre la COP21 et la COP22, le Maroc ne doit-il pas accompagner à son tour la présidence montante ?
L'enjeu est d'autant plus important que cette présidence est assurée par un petit pays insulaire, les iles Fidji, particulièrement concernées par les effets des changements climatiques et disposant de peu de moyens. Les Fidjis n’accueilleront d’ailleurs pas la COP23 sur leur sol, mais à Bonn, au siège du secrétariat de la CCNUCC.
Le nombre de side-events portés par le Maroc pendant la COP22 était pourtant une fierté mise en avant. "Nous finalisons le programme.
Nous vous tiendrons au courant", évacue un chef de pôle du Comité de la COP22. Sous couvert d'anonymat, plusieurs sources consultées par Telquel.ma assurent pourtant que "personne n’a rien fait.
Il n’y a pas eu de rencontre pour préparer le rendez-vous".
Avec la dissolution du Segma (Service d'État géré de manière autonome) COP22 et le changement de gouvernement, seuls les pôles rattachés à des entités autonomes semblent restés mobilisés.
C’est le cas du pôle société civile, adossé au CNDH, qui dépêchera six personnes sur place dont son président Driss El Yazami, et espère pouvoir monter quatre side-events pour l’évènement de Bonn.
C’est également le cas du pôle scientifique adossé au Conseil économique social et environnemental (CESE) qui concentre ses efforts sur un évènement de la Banque mondiale pour la finance climatique et l’implémentation des NDCs (contributions nationales déterminées, NDLR) en mai.
Ex-ministre cherche passeport
Au-delà des side-events, ce sont les négociations climatiques qui se poursuivent entre deux COP. En novembre 2016 à l’issue de la conférence de Marrakech, Nizar Baraka, président du CESE et du pôle scientifique de la COP22, "Au rang des choses que nous n’avons pas pu obtenir, il y a la trajectoire précise, année par année, concernant le financement.Un autre point, c’est celui de l’agriculture. C’est un des axes fondamentaux sur lequel le Maroc a beaucoup travaillé, en lançant l’initiative Triple A pour l’adaptation de l’agriculture africaine. Nous avions besoin que la négociation avance sur l’agriculture, mais le temps était trop court pour parvenir à une convergence de points de vue".
Et en effet, Aziz Mekouar, le négociateur en chef de la COP22, sera lui bien présent à Bonn. "C’est la suite des négociations pour le règlement de l’Accord de Paris et pour les modalités des procédures", explique-t-il. Selon lui, "on est en train d’organiser des choses, mais tout est en place, tout est en règle. Il n’y a pas de problème".
Des problèmes, il y a en a pourtant eu, à Londres, le 10 avril. Attendue au Sommet des coalitions que le Maroc présidait, Hakima El Haité a dû faire faux bon. Son passeport ministériel n’étant plus valable, elle n’a pas obtenu l’autorisation de quitter le territoire.
La championne du climat – la CNUCC se demande si elle l’est encore – n’a plus d’équipe, plus de moyen et plus de mandat pour mener sa mission depuis qu’elle a quitté le ministère délégué à l’Environnement.
La question du statut de Salaheddine Mezouar se pose aussi. En théorie, la présidence d’une COP n’est pas attachée à la fonction de ministre des Affaires étrangères, mais bien à une personnalité. Aussi, selon nos sources, il n’est pas prévu que Nasser Bourita, nouveau ministre des Affaires étrangères, hérite de la présidence de la COP. Mais Salaheddine Mezouar le restera-t-il pour autant ?
À titre de comparaison, ce débat avait également eu lieu en France, après un remaniement ministériel intervenu entre la COP21 et la COP22. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères sortant, avait cédé contre son gré sa place de président de la COP21 à Ségolène Royal, ministre de l’Environnement et chargée des Relations internationales sur le climat.
Une quinzaine de personnes, qui alimentent notamment les réseaux sociaux, forment encore l’équipe de la COP22, mais sans entité propre.
"Une réflexion est en cours pour clarifier la situation et donner une forme à cette entité", révèle une de nos sources.
L’issue de cette "réflexion" pourrait prendre la forme d’un décret, qui nommerait par exemple Salaheddine Mezouar à un poste de Haut-commissaire à l’Environnement du Maroc.
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