Crise de la Samir : Une déclaration de Rabbah accentue l'angoisse des salariés.
Dans une déclaration ambiguë publiée par la MAP, Aziz Rabbah a qualifié d'obsolètes les retombées économiques de la crise du raffineur Samir. Le ministre de l'Energie a-t-il perdu une occasion de se taire ?
A la Samir, "stupeur et colère" du personnel après la publication, mercredi 15 novembre, d'une déclaration du ministre de l'Energie, Aziz Rabbah, qualifiant "d'obsolètes" les retombées économiques de la crise du raffineur.
Avant sa diffusion par la MAP, cette déclaration avait été contenue dans une réponse lue au nom de M. Rabbah, par son homologue Mustapha El Khalfi, le 14 novembre à la Chambre des conseillers.
Le ministre de l'Energie voulait-il dire que la fermeture de la raffinerie n'a aucun impact et pourrait être envisagée ?
Dans l'esprit des salariés de la Samir, la réponse sonne en mode affirmatif. Et amplifie l'angoisse qu'ils vivent à un moment où la cession du raffineur - et avec elle le maintient des emplois - devient de moins en moins probable.
"Le ministre vient de saboter les efforts déployés en vue de la cession et la relance de l'activité de l'entreprise" réagit, à chaud, Houcine El Yamani, coordinateur du front syndical de la Samir. Il reproche au ministre d'avoir "parlé sans prendre la mesure de ses propos".
Des retombées économiques obsolètes? M. Yamani préfère en rire: "On ne cache pas avec un tamis les dégâts causés par l'arrêt de la Samir", ironise-t-il , rappelant à ce titre "le déficit en stocks de sécurité que connaît le Maroc en matière d'hydrocarbures", problème soulevé par la Cour des comptes dans un rapport publié le 10 janvier 2017.
Dans ce rapport, la juridiction financière avait noté "que la situation des stocks de sécurité des produits pétroliers qui était déjà problématique avec un marché approvisionné à parts relativement égales par les importations de produits raffinés et de ceux produits par le raffineur local, se trouve plus risquée après l’arrêt d’activité de ce dernier", survenue en aout 2015.
Le marché s'étant tourné vers l'importation, "nous achetons la plus-value du pétrole raffiné, ce qui entraîne une augmentation de la facture énergétique", explique notre interlocuteur. Pour le consommateur, en voici les conséquences : "les prix appliqués sur le marché n'ont aucun rapport avec les prix à l'international", obsèrve-t-il, notant " une augmentation à hauteur de 1dDH à 1,2 DH sur les prix du gasoil. Qui plus est, aujourd'hui, 5 opérateurs détiennent 85% d'un marché où il dictent les prix."
M. Yamani enchaîne sur d'autres risques, cette fois engageant directement - et lourdement- les caisses de l'Etat. "Comment Monsieur le ministre compte-t-il récupérer les 15 MMDH d'argent public (la créances réclamée par la Douane à la Samir)? Ne voit-il pas que, parmi les retombées à venir, l'échec de la cession de la Samir entraînera la perte de tout cet argent?", s'interroge-t-il.
"Quant aux conséquences sociales, n'en parlons pas", poursuit notre source. 824 salariés sont sur le carreau. La disparition de la Samir entraînera celle de tous ses emplois. Un cataclysme social.
Dans sa déclaration, le ministre avait assuré que "le gouvernement a veillé au versement des salaires de l'ensemble des employés de la Samir depuis le déclenchement de la crise, suite à une levée partielle de la saisie conservatoire sur tous les comptes de la raffinerie par le service des douanes."
Notre interlocuteur pointe ici "une ignorance du code de commerce, puisque les saisies sont automatiquement levées suite au jugement de liquidation". Du reste, "nous attendons du gouvernement qu'il fournisse les conditions de la relance de l'activité. Verser des indemnités aux travailleurs, c'est de la poudre aux yeux."
La colère du personnel, qui prévoient une marche de protestation le 25 novembre 2017. "Le front est en train de contacter les présidents des groupes parlementaires pour demander leur soutien pour la résolution de la crise. Nous leur soumettrons des dossiers où on établit un diagnostic de la situation. Et que chacun assume sa responsabilité."
Avant cette démarche, plusieurs département ministériels avaient été approchés. Avec des résultats nuls. La primature, le ministère de l'Investissement, celui des Finances, des Energies et de l'Intérieur, "aucun de ces départements ne nous répondu ni reçus", déplore M. Yamani.
Interpellés sur le sujet, des membres du gouvernement avaient pour coutume de répondre par cette question fuyante, mais prudente: "le dossier est entre les mains de la Justice. L'exécutif n'intervient pas dans une procédure judiciaire". Or, ici, "le ministre vient dire que cette procédure est vaine, qu'elle ne sert à rien, que la Samir n'est pas viable", déplore notre source.
Pourtant, une autre partie de la déclaration, mais qui n'a pas été reprise par la MAP, semble tempérer le propos de M. Rabbah: "La liquidation judiciaire ne signifie pas la fin de l'entreprise, indiquant que cette procédure" pourrait ouvrir à la Samir une nouvelle voie, celle d'une unité de production qui participe à la création de la richesse et de l'emploi avec les considérations économiques et sociales que cela implique".
Pas de quoi rassurer M.Yamani: "Cette phrase fond complètement dans la déclaration prise dans son ensemble", laquelle "sert les personnes qui n'ont pas intérêt à ce que la Samir reprenne son activité.
Et qui tirent profit de la situation actuelle."
Dans une déclaration ambiguë publiée par la MAP, Aziz Rabbah a qualifié d'obsolètes les retombées économiques de la crise du raffineur Samir. Le ministre de l'Energie a-t-il perdu une occasion de se taire ?
A la Samir, "stupeur et colère" du personnel après la publication, mercredi 15 novembre, d'une déclaration du ministre de l'Energie, Aziz Rabbah, qualifiant "d'obsolètes" les retombées économiques de la crise du raffineur.
Avant sa diffusion par la MAP, cette déclaration avait été contenue dans une réponse lue au nom de M. Rabbah, par son homologue Mustapha El Khalfi, le 14 novembre à la Chambre des conseillers.
Le ministre de l'Energie voulait-il dire que la fermeture de la raffinerie n'a aucun impact et pourrait être envisagée ?
Dans l'esprit des salariés de la Samir, la réponse sonne en mode affirmatif. Et amplifie l'angoisse qu'ils vivent à un moment où la cession du raffineur - et avec elle le maintient des emplois - devient de moins en moins probable.
"Le ministre vient de saboter les efforts déployés en vue de la cession et la relance de l'activité de l'entreprise" réagit, à chaud, Houcine El Yamani, coordinateur du front syndical de la Samir. Il reproche au ministre d'avoir "parlé sans prendre la mesure de ses propos".
Des retombées économiques obsolètes? M. Yamani préfère en rire: "On ne cache pas avec un tamis les dégâts causés par l'arrêt de la Samir", ironise-t-il , rappelant à ce titre "le déficit en stocks de sécurité que connaît le Maroc en matière d'hydrocarbures", problème soulevé par la Cour des comptes dans un rapport publié le 10 janvier 2017.
Dans ce rapport, la juridiction financière avait noté "que la situation des stocks de sécurité des produits pétroliers qui était déjà problématique avec un marché approvisionné à parts relativement égales par les importations de produits raffinés et de ceux produits par le raffineur local, se trouve plus risquée après l’arrêt d’activité de ce dernier", survenue en aout 2015.
Le marché s'étant tourné vers l'importation, "nous achetons la plus-value du pétrole raffiné, ce qui entraîne une augmentation de la facture énergétique", explique notre interlocuteur. Pour le consommateur, en voici les conséquences : "les prix appliqués sur le marché n'ont aucun rapport avec les prix à l'international", obsèrve-t-il, notant " une augmentation à hauteur de 1dDH à 1,2 DH sur les prix du gasoil. Qui plus est, aujourd'hui, 5 opérateurs détiennent 85% d'un marché où il dictent les prix."
M. Yamani enchaîne sur d'autres risques, cette fois engageant directement - et lourdement- les caisses de l'Etat. "Comment Monsieur le ministre compte-t-il récupérer les 15 MMDH d'argent public (la créances réclamée par la Douane à la Samir)? Ne voit-il pas que, parmi les retombées à venir, l'échec de la cession de la Samir entraînera la perte de tout cet argent?", s'interroge-t-il.
"Quant aux conséquences sociales, n'en parlons pas", poursuit notre source. 824 salariés sont sur le carreau. La disparition de la Samir entraînera celle de tous ses emplois. Un cataclysme social.
Dans sa déclaration, le ministre avait assuré que "le gouvernement a veillé au versement des salaires de l'ensemble des employés de la Samir depuis le déclenchement de la crise, suite à une levée partielle de la saisie conservatoire sur tous les comptes de la raffinerie par le service des douanes."
Notre interlocuteur pointe ici "une ignorance du code de commerce, puisque les saisies sont automatiquement levées suite au jugement de liquidation". Du reste, "nous attendons du gouvernement qu'il fournisse les conditions de la relance de l'activité. Verser des indemnités aux travailleurs, c'est de la poudre aux yeux."
La colère du personnel, qui prévoient une marche de protestation le 25 novembre 2017. "Le front est en train de contacter les présidents des groupes parlementaires pour demander leur soutien pour la résolution de la crise. Nous leur soumettrons des dossiers où on établit un diagnostic de la situation. Et que chacun assume sa responsabilité."
Avant cette démarche, plusieurs département ministériels avaient été approchés. Avec des résultats nuls. La primature, le ministère de l'Investissement, celui des Finances, des Energies et de l'Intérieur, "aucun de ces départements ne nous répondu ni reçus", déplore M. Yamani.
Interpellés sur le sujet, des membres du gouvernement avaient pour coutume de répondre par cette question fuyante, mais prudente: "le dossier est entre les mains de la Justice. L'exécutif n'intervient pas dans une procédure judiciaire". Or, ici, "le ministre vient dire que cette procédure est vaine, qu'elle ne sert à rien, que la Samir n'est pas viable", déplore notre source.
Pourtant, une autre partie de la déclaration, mais qui n'a pas été reprise par la MAP, semble tempérer le propos de M. Rabbah: "La liquidation judiciaire ne signifie pas la fin de l'entreprise, indiquant que cette procédure" pourrait ouvrir à la Samir une nouvelle voie, celle d'une unité de production qui participe à la création de la richesse et de l'emploi avec les considérations économiques et sociales que cela implique".
Pas de quoi rassurer M.Yamani: "Cette phrase fond complètement dans la déclaration prise dans son ensemble", laquelle "sert les personnes qui n'ont pas intérêt à ce que la Samir reprenne son activité.
Et qui tirent profit de la situation actuelle."
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