Qu'est-ce que la PNL ou programmation neuro-linguistique ?

Qu'est-ce que la PNL ou programmation neuro-linguistique ?

Avec la PNL, "J'ai eu la sensation que l'on m'apportait des clés, une boite à outils pour mieux communiquer", explique Corinne.
Avec la PNL, "J'ai eu la sensation que l'on m'apportait des clés, une boite à outils pour mieux communiquer", explique Corinne.
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Reprogrammer notre cerveau pour venir à bout de nos blocages et de nos angoisses, c'est la promesse de la PNL, programmation neuro-linguistique, une thérapie brève de plus en plus prônée par certains psychothérapeutes.

P. pour "Programmation", N. pour "Neuro" et L. pour Linguistique. PNL. Trois petites lettres pour définir une thérapie brève mise au point dans les années 1970 aux Etats-Unis par John Grinder, professeur de linguistique, et Richard Bandler, mathématicien et psychothérapeute.

Leur postulat: les personnes qui réussissent ont des schémas comportementaux communs.
En observant et en reproduisant ces comportements, aucune raison de ne pas nous-même atteindre nos propres objectifs.

Apprendre à mieux communiquer

Cette méthode, qui s'intéresse donc plus au "comment" de nos comportements qu'au "pourquoi", s'est développée en France un peu plus tard, par le biais notamment de séminaires d'entreprise proposés aux cadres mais aussi aux thérapeutes ou pédagogues.
Objectif: les aider à améliorer leurs compétences en communication mais aussi à stimuler leur créativité ou leurs capacités d'adaptation.
La PNL est aujourd'hui proposée par de nombreux psychothérapeutes et souvent associée à l'hypnose ericksonienne. Comment fonctionne la programmation neuro-linguistique ?
A qui s'adresse-t-elle et quels sont les résultats que l'on peut en attendre ?

Témoignages et éclairages.

Apprendre à utiliser son cerveau de manière différente

"Selon Richard Bandler, l'un de ses fondateurs, la PNL est une éducation du cerveau, une sorte de mode d'emploi", explique la psychopraticienne Stéphanie Kaczmareck.
Je dirais pour ma part que c'est l'art de savoir utiliser son cerveau de manière différente et plus efficace." "On a tous un mode de pensée.
Si on apprend à penser différemment, on peut se mettre à agir différemment", abonde Béatrice Voirin, psychothérapeute adepte elle aussi de la méthode, qu'elle a suivie à titre personnel avant de la prodiguer.

L'originalité et l'intérêt de cette méthode résident dans l'étendue de son champ thérapeutique, vante Stéphanie Kaczmareck: "cela va des troubles psychologiques et émotionnels aux conflits intérieurs -stress, dépression, burn-out, traumatismes- en passant par les troubles névrotiques - angoisses, crises de panique, syndromes de stress post-traumatique (SPT)- et enfin les troubles comportementaux qu'il s'agisse des troubles du comportement alimentaire (TCA) mais aussi des compulsions, des phobies ou des TOC.

Par ailleurs, ajoute la thérapeute, "en matière de développement personnel, la PNL est d'une efficacité redoutable pour développer ses potentiels et ses ressources, préparer un rendez-vous important ou un examen, développer sa capacité de concentration et ses performances intellectuelles ou physiques, sa créativité, la confiance en soi, le leadership etc."

Première étape, définir l'objectif visé par le patient

La grande variété des problématiques pouvant conduire une personne à suivre une "thérapie PNL" rend difficile la description d'une séance type: "Elles diffèrent en fonction de la problématique", explique Stéphanie Kaczmareck. "Elles peuvent se faire assise, en conversationnel pur ou debout avec des ancrages spatiaux".
Quelques constantes néanmoins.
La séance débute par la définition d'un objectif pour le patient.
Ensuite, le thérapeute et son patient "se projettent dans cet objectif pour déceler les risques induits par le changement".

Autrement dit, précise Stéphanie Kaczmareck, "la résolution d'un problème, par exemple une addiction à l'alcool, peut entraîner l'apparition d'un autre trouble, comme la dépression, ou une autre addiction. Il est donc important de ne pas se tromper d'objectif, ce dernier n'étant pas toujours celui qui est formulé d'emblée par le patient, mais plutôt 'l'arbre qui cache la forêt'".
Au thérapeute alors de l'aider à identifier son véritable objectif, celui qui, une fois atteint, procurera un réel mieux-être. "Souvent, la simple définition de cette objectif, la prise de conscience qu'il n'est pas forcément celui qu'on pensait au départ permet de dénouer les choses", commente Béatrice Voirin.

Revivre une situation douloureuse via la "dissociation"

Seconde étape, "la définition d'un protocole d'accompagnement par rapport à l'objectif défini". Pour ce faire, le thérapeute dispose de plusieurs outils. Il y a ce qu'on appelle "les ancrages", qui consistent à inviter le patient à se souvenir d'un moment positif (de calme, de motivation ou de confiance), et à l'ancrer dans le présent par un geste ou un mot. Une sorte de pensée "magique", qui peut, lors de moments difficiles, le ramener dans un esprit plus serein.
Le thérapeute peut aussi utiliser "la dissociation": "Pour le dire simplement, il s'agit d'aider le patient à revivre une situation douloureuse en sécurité, en présence de son thérapeute", explique Béatrice Voirin. "Par exemple, une personne qui a peur en avion va se visualiser en train de prendre cet avion. Le fait de changer de point de vue, de s'observer, permet de repérer le processus qui se met en place pendant ce vol et les éléments déclencheurs de la peur."

Le travail sur les "processus internes" apprend quant à lui à mettre de la distance entre les événements douloureux en examinant ce qui nous pousse à les revivre et réduire les pensées négatives ou dévalorisantes.
Également entrepris pendant certaines séances, le travail sur le passé: il s'agit de chercher le souvenir responsable d'une mauvaise habitude ou d'un préjugé, pour ensuite l'atténuer et faire en sorte qu'il ne bloque plus les situations.

"Avec la PNL, je suis parvenue à abandonner mes croyances erronées"

Corinne est "entrée par hasard" dans la PNL. "Un amie adepte m'avait invitée à suivre un séminaire de deux jours. Et les mises en situation qui nous ont été proposées ont suffi à me donner envie d'approfondir cette méthode. J'ai eu la sensation que l'on m'apportait des clés, une boîte à outils pour mieux communiquer". Corinne poursuit l'initiation par quelques séances avec un thérapeute, qui lui ont permis, assure-t-elle, "d'appréhender différemment certaines situations et de positiver, personnellement et professionnellement".
"Je suis parvenue, 25 ans après son décès, à accepter la mort de mon père. J'ai appris à sortir de mon cadre, à abandonner mes croyances erronées.
A l'époque, celui que je pensais être l'homme de ma vie m'avais ainsi convaincue que j'étais incapable de faire un sport, alors que je rêvais de me mettre à la course à pied.
Aujourd'hui, non seulement je participe régulièrement à des compétitions de running mais je ne suis plus sous la coupe du père de mes enfants, que j'ai finalement quitté."

"Etre pleinement dans le présent"

"Avec la PNL, on tente de faire accepter ce qui est.
De ne plus être dans la plainte ou le ressentiment vis-à-vis d'un passé dont on ne parvient pas à se détacher.
Changer de point de vue sur ce passé, parvenir à regarder les choses d'un autre angle, apprendre à pardonner ceux qui nous ont fait souffrir pour être pleinement dans le présent, voilà ce que j'essaie personnellement d'inculquer à mes patients pendant ces séances", résume Béatrice Voirin.
Stéphanie Kaczmareck insiste quant à elle sur la complémentarité de la PNL avec l'analyse. "L'approche intégrative des différentes techniques est à mon sens indispensable aujourd'hui pour accompagner efficacement une personne, que ce soit dans la thérapie ou le développement personnel. Même les psychanalystes aujourd'hui se mettent aux thérapies brèves".

Effacer la charge émotionnelle d'un souvenir désagréable

"Identifier le déclencheur qui peut ensuite empêcher quelqu'un de manger un aliment, de fumer ou d'agir d'une certaine manière est très efficace et peut se faire en une ou deux séances, conclut Stéphanie Kaczmareck.
J'ai ainsi aidé une personne alcoolique à ne plus boire, en substituant à la sensation positive qu'il éprouvait lorsqu'il voyait son verre se remplir, l'image du roquefort, qu'il avait en horreur."
Et à ceux à qui le terme de "programmation" pourrait faire peur, la thérapeute explique qu'il ne s'agit en aucun cas de "changer la personnalité d'un patient".
"Ce que nous visons, c'est l'effacement de la charge émotionnelle d'un souvenir désagréable et la mise en place de nouveaux modes de comportements", précise-t-elle, évoquant le cas d'une patiente qui courait tous les soirs à la sortie du métro, "la peur au ventre", à la suite d'une agression nocturne.

"En quelques séances, nous sommes parvenues, grâce à différents ancrages, à gommer le souvenir de cette peur, celle-là même qui l'avait fait courir ce soir-là et qu'elle reproduisait depuis inlassablement."



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