El Othmani au Parlement : «Arrêtons d’être alarmistes!».
L’évolution de la politique sociale du gouvernement a été au rendez-vous, lors de la séance des questions orales à la Chambre des repr ésentants (lundi 27 novembre 2017).
Les questions des députés se sont focalisées sur la lutte contre la misère, la marginalisation sociale et la précarité, avec comme toile de fond la tragédie de la bousculade d’Essaouira qui a fait quinze victimes, toutes des femmes, que les députés ont imputée à la pauvreté qui touche une large frange de la société.
Critiques sévères
Intervenant lors de cette séance consacrée au volet social, ainsi qu’à la politique de l’eau et ses répercussions sur l’agriculture et au manque d’eau potable dans nombre de régions du Royaume, les groupes de l’opposition n’ont pas ménagé le gouvernement. Ils ont sévèrement critiqué sa politique dans ces domaines. Une occasion propice pour pointer du doigt l’absence de nombre de ministres à cette séance constitutionnelle. Noureddine Modian, chef du groupe istiqlalien, s’est interrogé: «Est-ce que les thèmes évoqués ne concernent que le chef de gouvernement? Arrêtez de minimiser l’action gouvernementale». La même critique est revenue dans l’intervention du député du PAM, Abdellatif Wahbi.
Tout à fait à l’aise, lors de cette séance de questions orales, le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a saisi le ballon au vol pour répondre du tac au tac aux critiques de l’opposition. «Le chef du gouvernement est présent, ainsi que les ministres en charge des thématiques soulevées. Ceux qui ne sont pas là, aujourd’hui, font partie de la délégation des ministres accompagnant SM le Roi dans de sa visite en Côte d’Ivoire», a-t-il expliqué. El Othmani a profité de l’occasion pour exprimer sa compassion aux familles des victimes de la bousculade d’Essaouira et informer l’assistance du bon déroulement de l’enquête qui, selon lui, se poursuit.
Développer la stratégie gouvernementale
Revenant à la stratégie du gouvernement, volet social, le chef de gouvernement a annoncé: «Nous poursuivrons les politiques concernant cette stratégie tout en essayant de la développer». Et de préciser: «Nous avons promis de mettre à jour de nouveaux programmes, avec pour objectif de développer la dimension sociale, car toute politique se doit normalement d’avoir une dimension sociale: l’enseignement, la santé, l’emploi et les programmes sociaux; sachant qu’il est impossible d’éradiquer la pauvreté sans que les jeunes aient accès au travail». Pour ce qui est de la formation et de sa réactualisation, le chef de gouvernement a annoncé une prochaine mise à jour de la loi-cadre du système de l’éducation et de la formation. Il a expliqué que le gouvernement dispose d’une feuille de route à ce sujet, tout en rappelant qu’il n’est aux commandes que depuis six mois.
Ce qui ne l’a pas empêché de prendre des décisions sans précédent. Chiffres à l’appui, El Othmani a martelé: «En 2017, nous réalisons le chiffre important de 35.000 emplois par contrats. Et, pour la première fois, nous assistons à la hausse du budget de l’enseignement de l’ordre de 5 milliards en une seule fois et en une année, avec une hausse de 8%». D’un air triomphal, il a lancé aux élus, attentifs: «Nous nous acheminons vers la hausse d’autres budgets des secteurs sociaux».
Citant des chiffres qui remontent le moral, le chef de gouvernement a annoncé, pour ce qui est de l’accès à l’emploi: «Le gouvernement dispose d’une stratégie nationale. Nous nous attelons à la peaufiner et à la transformer en un programme d’action». C’est le cas aussi pour un plus grand soutien à l’emploi et à la petite et moyenne entreprise pour laquelle «nous avons baissé la pression fiscale», a assuré El Othmani. L’objectif du gouvernement, a encore souligné le chef de gouvernement, pour clore ce volet social, est de fournir un emploi digne aux citoyens.
L’opposition pas très convaincue
Les propos et les chiffres annoncés et défendus par le chef de gouvernement n’ont, semble-t-il, pas convaincu les groupes de l’opposition qui, de leur côté, ont répondu à El Othmani en affichant des arguments, soutenus par des chiffres pour être crédibles. Selon l’Istiqlalien Omar Hjira, le chômage a atteint 10,6%. Et de prendre pour témoin les organisations internationales qui, a-t-il souligné, disent que le pays est en crise et que celle-ci touche toutes les régions du pays. Ce qui a fait dire au député Haraki, Mohamed Ouzzine, que la tragédie de la bousculade de Boulaâlam à Essaouira est l’arbre qui cache la forêt. Et, pour enfoncer un peu plus le clou, il s’est référé au Zaïm des Harakis, Mahjoubi Aherdane: « Les Marocains ne meurent pas de faim, mais d’humiliation». La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. En effet, le chef de gouvernement, qui n’a pas mis ce jour-là sa langue dans sa poche, a lancé: «Tous les groupes parlementaires ont fait partie des gouvernements précédents. Chaque gouvernement a fourni des efforts. Certains ont porté leurs fruits, alors que d’autres l’ont été moins. Nous devons faire face aux problèmes avec courage et profiter des expériences des autres».
Réparer la Caisse de compensation
El Othmani, sans doute dans un élan d’apaisement, a reconnu que la Caisse de compensation profite certes aux riches. «Nous en avons ainsi hérité et nous nous attelons à la réparer. Mais pas pour porter préjudice aux riches». Et de préciser: «C’est la responsabilité de tous et nous resterons disponibles et ouverts au dialogue».
Le chef de gouvernement a clos son intervention sur une note optimiste: «Le dossier social est l’affaire de nous tous et nous nous devons de le gérer avec patriotisme». Il a rappelé que les chiffres avancés par l’opposition ne sont pas justes, car la pauvreté a baissé avant qu’arrive le gouvernement.
En attestent les rapports des organisations internationales qui reconnaissent que l’économie du Maroc est solide, mis à part certaines problématiques. Et il a nié toute crise. Il n’y a donc pas lieu d’être alarmistes…
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