La pauvreté et la discrimination au cœur des inégalités en santé (OMS).

La pauvreté et la discrimination au cœur des inégalités en santé (OMS).

L’OMS alerte sur l’impact des déterminants sociaux sur l’équité en santé à travers le monde.
 
Dans un Rapport, publié le 6 mai dernier, l’Organisation met en avant les effets néfastes de la pauvreté, de la discrimination et des inégalités sociales, tout en mettant en évidence la nécessité d'adopter des politiques de santé plus inclusives pour réduire les disparités et améliorer l'accès à des soins de qualité pour tous.



 Publié le 11 Mai 2025

Un rapport mondial récemment publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en lumière un aspect souvent négligé de la santé publique : Les déterminants sociaux de l’équité en santé. 

Ce Rapport souligne que les causes profondes de la mauvaise santé vont bien au-delà du secteur médical et trouvent leurs racines dans des facteurs tels que la pénurie de logements de qualité, l'absence de possibilités de formation, ou encore le manque de perspectives d’emploi.



Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI qui se poursuivent jusau'au 26 avril 2025 à Washington, le Maroc s'est illustré comme un pionnier en matière de protection sociale. 

Wafaa Jemali, directrice générale de l'Agence nationale du soutien social (ANSS), y a présenté l'ambitieux programme marocain d'Aide sociale directe, dont le budget représente 2% du PIB, l'un des plus élevés au monde. 

Ce programme, qui bénéficie à près de 4 millions de familles, soit plus de 12 millions de personnes, incarne la Vision Royale d'une protection sociale universelle. 

Dans un contexte régional où la Banque mondiale prévoit une croissance modeste de 2,6% en 2025, l'expérience marocaine pourrait inspirer d'autres nations cherchant à concilier aide sociale et développement économique durable.

Les conclusions du rapport révèlent que ces facteurs sociaux ont un impact bien plus important sur l'espérance de vie en bonne santé que les influences génétiques ou même l’accès aux services de santé. 

Dans certains cas, les inégalités sociales peuvent entraîner une réduction spectaculaire de l'espérance de vie, pouvant atteindre plusieurs décennies. 

En effet, selon l’OMS, les personnes vivant dans le pays avec l’espérance de vie la plus courte risquent de vivre en moyenne 33 ans de moins que celles nées dans le pays avec l’espérance de vie la plus longue.

«Nous vivons dans un monde fait d’inégalités. Les lieux où nous naissons, où nous grandissons, où nous habitons, où nous travaillons et où nous vieillissons ont une influence considérable sur notre santé et notre bien-être», a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Il ajoute : «Mais il peut y avoir des changements pour le mieux. 

Ce rapport mondial illustre l’importance de s’attaquer aux déterminants sociaux interdépendants et propose des stratégies et des recommandations fondées sur des données probantes pour aider les pays à obtenir de meilleurs résultats en matière de santé au bénéfice de toute leur population».

Inégalités en santé : Un gradient social accentué par la discrimination.

Le rapport souligne également que les inégalités en santé sont intrinsèquement liées aux conditions sociales des individus. Les territoires défavorisés, les faibles revenus, ainsi que l'absence de formation sont des facteurs qui influencent directement la santé. 

«La santé suit un gradient social», explique l'OMS, «selon lequel plus le territoire dans lequel les gens habitent est défavorisé, plus leurs revenus sont faibles, moins ils se forment, moins leur état de santé est bon, et moins ils jouissent d’années de vie en bonne santé».

Les groupes sociaux les plus marginalisés, comme les peuples autochtones, sont particulièrement touchés par ces inégalités. Dans les pays à revenu élevé comme dans les pays à revenu faible, ces populations voient leur espérance de vie diminuer de manière significative par rapport à celle des non autochtones.

L’injustice sociale, moteur des disparités en santé.

Le rapport révèle que l'injustice sociale est l'une des principales causes des inégalités en santé. Ces disparités sont exacerbées par des discriminations, notamment raciales, ethniques et de genre, qui affectent particulièrement les femmes issues de groupes défavorisés. «Les femmes issues de groupes défavorisés risquent davantage de mourir de causes liées à la grossesse », indique l'OMS. 

Dans certains pays à revenu élevé, les inégalités raciales et ethniques demeurent une problématique majeure, avec des taux de mortalité maternelle plus élevés parmi les femmes autochtones, qui peuvent être jusqu’à trois fois plus susceptibles de mourir pendant la grossesse.

Le rapport dénonce, également, les discriminations structurelles qui aggravent la situation. Des niveaux plus élevés d’inégalités de genre et des phénomènes comme le mariage d’enfants sont étroitement liés à des taux de mortalité maternelle plus élevés.

Le cas du Maroc : Une initiative pour aborder les déterminants sociaux de la santé
Dans le cadre de ses actions pour lutter contre les déterminants sociaux de la santé (DSS), l'OMS met également en avant les efforts du Maroc dans son rapport. 

On rappelle ainsi qu’en 2023, avec le soutien de l’OMS, le ministère de la Santé a organisé une formation pour 24 professionnels issus de divers départements ministériels, du milieu académique et des organisations non gouvernementales. 

L’objectif était de leur fournir les outils et les connaissances nécessaires pour intégrer les impacts sur la santé et l’équité en santé dans les politiques publiques. 
«Ce cours sur la santé dans toutes les politiques constitue désormais la base des matériaux de formation à inclure dans une plateforme à l’École nationale de santé publique, afin de dynamiser un réseau d'experts autour des déterminants sociaux de la santé», souligne le rapport.

Cette formation fait partie d'une initiative plus large visant à promouvoir des actions intersectorielles pour aborder les déterminants sociaux de la santé, dans l’optique de garantir une meilleure équité en santé pour tous. 

Cette initiative illustre un engagement concret pour intégrer la santé dans le développement des politiques publiques et promouvoir des solutions durables face aux inégalités sociales.
La nécessité d'agir pour réduire les inégalités
Pour sortir de ce cercle vicieux, l’OMS plaide pour une action coordonnée à l’échelle mondiale. 

La réduction des inégalités économiques, la lutte contre la discrimination structurelle et les changements climatiques doivent être des priorités pour les gouvernements. 

L’OMS met en avant le fait que les changements climatiques risquent de pousser 68 à 135 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté dans les cinq prochaines années, exacerbant ainsi les inégalités existantes.

En outre, 3,8 milliards de personnes dans le monde sont actuellement privées de protection sociale adéquate, ce qui a des effets directs sur leur santé et leur bien-être. 

Selon l’OMS, «les gouvernements doivent investir dans l'infrastructure sociale et les services publics universels» pour répondre à ces besoins fondamentaux.

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