L’accord entre Trump et Juncker divise les Européens.

L’accord entre Trump et Juncker divise les Européens.

 Bendriss Chahid 
Les désaccords pointent leur nez au sein de l’Union européenne, après que Jean-Claude Junker et Donald Trump ont annoncé une trêve commerciale surprise.
Donald Trump a obtenu une hausse des exportations de soja vers l’Union européenne, une concession permettant de rassurer les agriculteurs du Midwest. Côté européen, l’engagement américain de ne pas imposer de droits de douane supplémentaires sur l’industrie automobile européenne – pour le moment – a rassuré les Allemands.
L’accord conclu entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker pour mettre fin à l’escalade commerciale entre les deux blocs, annoncés le 25 juillet, a toutefois été accueilli plutôt froidement en France. L’Hexagone a rappelé à plusieurs reprises son opposition à toute négociation avec Donald Trump tant que ce dernier menacerait l’Europe de représailles commerciales.
De fait, l’accord obtenu à Washington ne met pas fin à la hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens imposée par Donald Trump au mois de juin, mais s’engage à les réévaluer.
« Une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires et ne peut pas être conduite sous la pression », a-t-il mis en garde. « La France a toujours dit que la guerre commerciale devait être évitée » a rappelé le ministre. « Mais pas à n’importe quel prix.
Pas question, a-t-il rappelé, d’un accord commercial global USA-UE, « Nous ne voulons pas entrer sur la négociation d’un grand accord dont nous avons vu les limites avec le TTIP », l’accord dont les discussions entre Bruxelles et l’administration de Barack Obama avaient échoué il y a deux ans, a prévenu le ministre français.
La Commission européenne a refusé d’indiquer si Jean-Claude Juncker avait été en contact avec Emmanuel Macron depuis les critiques françaises. Juncker avec échangé avec le président français par téléphone en amont de sa visite à Washington.

Du côté des Allemands, des Autrichiens et des Néerlandais, les retours ont été plus favorables, selon la Commission. « Tout le monde était en parfaite harmonie », a affirmé un porte-parole de la Commission européenne concernant les contacts avec les trois pays sur le sujet.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UE a salué l’accord. « C’est une bonne nouvelle que Juncker travaille avec Donald Trump pour renforcer le partenariat entre l’UE et les États-Unis et la promotion d’un commerce libre et équitable’ » a-t-il indiqué sur Twitter.
Le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, a également félicité le président de l’exécutif européen pour son travail. « Ce déblocage pourrait éviter une guerre commerciale et sauver des millions d’emplois ! C’est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale » s’est félicité sur Twitter le ministre allemand.
Selo la Commission, l’accord est « un bon résultat » pour l’UE. À l’exception de la France, les autres États membres ont en effet soutenu l’initiative de la Commission.
Question des eurodéputés
Mais la France n’est pas la seule à avoir exprimé un certain mécontentement. Les eurodéputés ont affiché un certain scepticisme concernant l’accord, notamment sur les taxes sur l’acier et l’aluminium.
L’eurodéputé socialiste allemand et président de la commission commerce international, Bernd Lange, a regretté l’absence d’engagement concret à mettre fin à ces restrictions sur les exportations européennes, et critiquer la décision sur l’industrie automobile. En effet, l’accord repousse la décision américaine de taxer les exportations de voitures européennes, mais n’y renonce pas.
Le chef de file des libéraux (ALDE), le Belge Guy Verhofstadt a également questionné l’accord. « Ne soyons pas naïfs, nous devons garder un ligne directe avec Trump et se débarrasser des taxes sur l’acier et l’aluminium », a-t-il indiqué.
Pour l’eurodéputé écologiste français Yannick Jadot, Juncker a dépassé les attributions dont il dispose dans le cadre de son mandat, afin de « satisfaire les délires trumpiens ».
Le leader du groupe PPE au Parlement européen, Manfred Weber a cependant salué l’accord. L’allemand dirige le groupe parlementaire du centre droit, auquel appartient politiquement Jean-Claude Juncker.


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