Histoire :Le General Abdesslam Ben Amar.
Histoire
Le General Abdesslam Ben Amar.
Le 03 février 2025
Loyal, le général Abdesslam Ben Amar le fut toute sa vie. Ce que Feu Hassan II lui reprochait à la tête des FAR, Franco, lui l’en félicitait…
Retour sur le parcours atypique d’un guerrier. Par Samir Achehbar
"Je suis persuadé que vous servirez le Maroc avec autant de loyauté que vous avez servi l’Espagne", disait en 1956 le général Franco au commandant Abdesslam Ben Amar, alors que celui-ci lui remettait sa demande de démobilisation de l’armée espagnole, pour pouvoir intégrer les Forces Armées Royales (FAR). Et loyal, Abdesslam Ben Amar le fut effectivement jusqu'à sa fin, la semaine dernière, à Casablanca. Avec lui, l’armée marocaine, représentée à ses funérailles par ses plus
hauts gradés, enterrait une certaine conception, aujourd'hui disparue, du métier des armes.
Promu général de brigade par Hassan II en 1969, grade qu’il conservera jusqu’à sa mort, Abdesslam Ben Amar débute sa carrière dans l’armée espagnole.
"Je suis persuadé que vous servirez le Maroc avec autant de loyauté que vous avez servi l’Espagne", disait en 1956 le général Franco au commandant Abdesslam Ben Amar, alors que celui-ci lui remettait sa demande de démobilisation de l’armée espagnole, pour pouvoir intégrer les Forces Armées Royales (FAR). Et loyal, Abdesslam Ben Amar le fut effectivement jusqu'à sa fin, la semaine dernière, à Casablanca. Avec lui, l’armée marocaine, représentée à ses funérailles par ses plus
hauts gradés, enterrait une certaine conception, aujourd'hui disparue, du métier des armes.
Promu général de brigade par Hassan II en 1969, grade qu’il conservera jusqu’à sa mort, Abdesslam Ben Amar débute sa carrière dans l’armée espagnole.
Natif de Sebta, d’un père lui-même militaire, il intègre l’Académie d’infanterie de Saragosse dont il sort diplômé en 1937, pour tomber en pleine guerre civile. C’est durant cette période qu’il fait ses premières armes sous les ordres du Caudillo, et qu’il obtient ses premières décorations.
En 1956, à l’indépendance, et alors qu’il occupe la position confortable de capitaine dans l’armée espagnole, il choisit d’en démissionner pour servir les FAR en création.
En 1956, à l’indépendance, et alors qu’il occupe la position confortable de capitaine dans l’armée espagnole, il choisit d’en démissionner pour servir les FAR en création.
Promu commandant en 1959, il est également nommé gouverneur civil et militaire dans le Rif. C’est là que son sens de l’honneur militaire se heurte pour la première fois à la singulière conception, alors en gestation, des libertés publiques : sa hiérarchie lui ordonne d’écraser par la force un soulèvement qui avait lieu dans sa région : Ben Amar n'est pas contre, un ordre est un ordre, et un militaire n'est pas censé avoir d'états d'âme. Cela étant, il demande un ordre écrit, au cas où… Réponse de ses supérieurs : il est rappelé à Rabat, mis au placard quelque temps avant son éloignement - périlleux - pour le Congo où les Katangais étaient entrés en rébellion. La mission étant cette fois purement militaire, et placée de surcroît sous mandat des Nations unies, le colonel Ben Amar retrouve ses réflexes de militaire et les troupes engagées sous son commandement remplissent leur rôle.
Discret mais crucial
Ce n’est qu’en 1971 qu’on retrouvera le désormais général Ben Amar… à la résidence d’été du roi à Skhirat. Son rôle lors de cette journée est aussi discret que crucial.
Discret mais crucial
Ce n’est qu’en 1971 qu’on retrouvera le désormais général Ben Amar… à la résidence d’été du roi à Skhirat. Son rôle lors de cette journée est aussi discret que crucial.
Commandant la garnison de Casablanca, il feint d'accepter le ralliement au lieutenant-colonel Ababou, monte sur Rabat où, ayant pris la direction d'une unité loyaliste, il envahit l'état-major général où siégent les insurgés. À la suite de cette action, Hassan II le désigne pour seconder le juge Bouâchrine lors du jugement des cadres d'Ahermoumou capturés. Une seule condamnation à mort est prononcée, qui sera d'ailleurs commuée en peine à perpétuité par le roi, et les autres verdicts sont proportionnels au degré de responsabilité de chacun. Militaire, Ben Amar ne pouvait pas condamner des soldats ayant exécuté des ordres de leurs supérieurs...
Malgré cette clémence, Hassan II le nomme major général adjoint des FAR, sous les ordres de Oufkir. Celui-ci étant occupé par ses fonctions politiques au gouvernement, le général Ben Amar a de fait la responsabilité administrative de l'armée. Puis rien ne se passe durant une année, jusqu'à ce fameux 16 août 1972, jour de l'attaque de l'avion royal. Là aussi, il joue un rôle capital en se dirigeant vers la base de Kénitra avec l'ordre formel d'Oufkir d'abattre immédiatement les pilotes. Il n'en fait rien, mais place des voitures sur les pistes pour empêcher tout décollage des avions. Quelques jours après, lors d'une conférence de presse, Hassan II, vindicatif, répond à la question d'un journaliste et impute la responsabilité de la tentative de putsch au verdict clément du procès de 1971. Le général Ben Amar remet immédiatement sa démission, qui est acceptée par le roi.
Malgré cette clémence, Hassan II le nomme major général adjoint des FAR, sous les ordres de Oufkir. Celui-ci étant occupé par ses fonctions politiques au gouvernement, le général Ben Amar a de fait la responsabilité administrative de l'armée. Puis rien ne se passe durant une année, jusqu'à ce fameux 16 août 1972, jour de l'attaque de l'avion royal. Là aussi, il joue un rôle capital en se dirigeant vers la base de Kénitra avec l'ordre formel d'Oufkir d'abattre immédiatement les pilotes. Il n'en fait rien, mais place des voitures sur les pistes pour empêcher tout décollage des avions. Quelques jours après, lors d'une conférence de presse, Hassan II, vindicatif, répond à la question d'un journaliste et impute la responsabilité de la tentative de putsch au verdict clément du procès de 1971. Le général Ben Amar remet immédiatement sa démission, qui est acceptée par le roi.
Petit détail croustillant : Mis au fait du rôle de son ancien officier dans l'échec des deux coups d'État, Franco demande à honorer Ben Amar en lui décernant une médaille militaire espagnole, il se heurte au refus des autorités marocaines...
Le général Ben Amar quitte donc les FAR à 55 ans, sans les honneurs officiels, mais avec l'estime de tous. Il aura servi deux armées, mené plusieurs batailles, déjoué deux putschs, dans la plus pure tradition militaire prussienne. Il s'attèle alors à gagner sa vie : en effet, et malgré une carrière bien remplie, l’État marocain lui octroyait la fastueuse pension de… 1908 DH. La valeur de deux chargements de sable ou de quelques dizaines de kilos de poulpe...
Le général Ben Amar quitte donc les FAR à 55 ans, sans les honneurs officiels, mais avec l'estime de tous. Il aura servi deux armées, mené plusieurs batailles, déjoué deux putschs, dans la plus pure tradition militaire prussienne. Il s'attèle alors à gagner sa vie : en effet, et malgré une carrière bien remplie, l’État marocain lui octroyait la fastueuse pension de… 1908 DH. La valeur de deux chargements de sable ou de quelques dizaines de kilos de poulpe...
Le général Abdeslam Ben Amar (1917-2003), originaire de Tétouan est un ancien Officier de l'armée espagnole diplômé de l’Académie d’infanterie de Saragosse. Vétéran de la guerre d'Espagne, où il a été blessé deux fois : une fois à la Bataille du Jarama en 1937 et une fois contre Barcelone en 1938.
Apres l'indépendance du Maroc, il incorpora les FAR au grade de capitaine. Durant son service, il sera promu au grade de commandant en 1959 et sera nommé gouverneur du Rif. Il participa au Congo en 1960 (ONUC) auprès de feu le général Benhammou El Kettani et du lt colonel Driss Ben Omar El Alami, promu lt-colonel, et colonel dans les années 60.
Il sera promu général de brigade en 1969. Il sera nommé en juin 1969 commandant de la 2eme région militaire de Casablanca.
Lors de la tentative de coup d'État à Rabat et Skhirate le 10 juillet 1971, le général Abdeslam Ben Amar mobilise les unités de Casablanca et envoya le GLS avec les véhicules du transport et du matériel (on a vu des soldats GLS sur un wrecker du matériel).
Il sera nommé juge adjoint lors du procès des mutins de Skhirate. Feu SM Hassan II déclara que les peines étaient très clémentes malgré cela il le nomma General Major adjoint à la place de Feu Nmichi assassiné à Skhirate (General Major équivalent d’inspecteur général Actuellement) Le General Major en question était Oufkir.
Ce dernier lors du 2eme coup d'Etat des F-5A/B en 1972 envoya le général Abdeslam Ben Amar occuper la base de Kenitra à l'aide de blindées OT-64 et AML de la brigade blindée de Rabat. Victime collatérale en tant qu'adjoint d'Oufkir, le général Abdeslam Ben Amar était forcé à démissionner avec 6 autres officiers supérieurs dont trois qui avaient participé, en tant que juges militaires, au procès des auteurs du putsch manqué de Skhirate.
Feu le géneral même après sa retraite participait lors des festivités du Trône avec sa tenue quand sa santé le lui permettait.
Lire aussi : LE GENERAL DRISS BEN OMAR EL ALAMI.

