La Justice sort l'artillerie lourde en nommant un procureur spécial pour enquêter sur Trump et la Russie.
La Justice sort l'artillerie lourde en nommant un procureur spécial pour enquêter sur Trump et la Russie.
Ironie du sort, Donald Trump promettait à Hillary Clinton en 2016 qu'un procureur spécial enquêterait sur elle si jamais il était élu...
Cette nomination est un revers et une surprise pour la Maison Blanche, pour qui l'enquête actuelle se suffisait à elle-même. Mais au lendemain d'accusations selon lesquelles Trump aurait fait pression sur le FBI pour qu'une enquête soit abandonnée, l'arrivée de ce procureur va permettre d'assurer davantage d'indépendance autour des investigations du pouvoir politique.
Le numéro deux de la Justice, Rod Rosenstein, a annoncé la nomination de Robert Mueller, très respecté directeur du FBI de 2001 à 2013, sous George W. Bush puis Barack Obama. Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, proche du président et exerce la tutelle du FBI s'était récusé en mars dans l'enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016.
Ironie du sort, Donald Trump avait promis face à Hillary Clinton pendant les débats présidentiels en octobre 2016 que s'il remportait la présidentielle, il ferait en sorte qu'un procureur spécial -très rare dans les sagas politico-judiciaires aux Etats-Unis- se charge d'enquêter sur elle et ses emails...
Un CV impeccable
Le milliardaire républicain, qui se plaignait encore le matin d'être maltraité par les médias, a réagi sèchement par voie de communiqué. "Comme je l'ai dit à de nombreuses reprises, une enquête complète confirmera ce que nous savons déjà: il n'y a eu aucune collusion entre mon équipe de campagne et une entité étrangère", a-t-il déclaré, ajoutant: "Je suis impatient que cette affaire se conclue rapidement".
Dans un consensus rare, à l'inverse, élus républicains et démocrates ont applaudi la nomination de Mueller. "Bob était un bon procureur fédéral, un grand directeur du FBI et on ne pourrait pas trouver de meilleure personne pour assumer cette fonction", a déclaré la sénatrice démocrate Dianne Feinstein. "Mueller est un superbe choix.
Un CV impeccable. Il sera largement accepté", a tweeté l'élu républicain Jason Chaffetz.
"Un choix excellent", a abondé la sénatrice républicaine Susan Collins.
Concrètement, Mueller devient le chef de l'enquête et sera beaucoup plus indépendant qu'un procureur normal ou que le patron du FBI. Il ne peut être démis que pour faute. Son périmètre d'investigations inclut "tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne du président Donald Trump", mais aussi "tout sujet" découlant de ces investigations, ce qui lui donne de facto les coudées franches.
C'est un magistrat équipé de pouvoirs similaires, Kenneth Starr, qui avait failli faire tomber le président Bill Clinton dans l'affaire Whitewater, devenue affaire Monica Lewinsky, dans les années 1990.
Certains démocrates veulent plus
Les élus démocrates du Congrès ont crié victoire, bien que certains estiment qu'il ne s'agisse que d'une première étape et réclament la création d'une commission spéciale sur la Russie, au mandat plus large que la stricte enquête policière.
L'opposition réclamait unanimement la nomination d'un procureur spécial depuis le limogeage soudain du directeur du FBI James Comey, le 9 mai, soupçonnant une tentative d'entrave à la justice.
Depuis cette éviction brutale, la presse a rapporté que Donald Trump aurait fait pression sur Comey pour qu'il classe le volet de l'enquête concernant Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de jeux troubles avec les Russes. Le policier aurait refusé, mais consigné cette conversation dans des notes qui ont commencé à fuiter dans les médias.
Comey a été invité à s'expliquer lors d'auditions publiques au Congrès mais n'avait pas encore accepté mercredi soir. Le milliardaire a aussi admis dans une interview que le limogeage était lié à son exaspération vis-à-vis de l'enquête sur les ingérences russes.
Malaise chez les républicains
Au Congrès, la majorité républicaine avait rejeté les appels à un procureur spécial mais exprimait depuis des jours son malaise face aux interventions du président dans l'enquête. L'inquiétude a atteint les milieux d'affaires et Wall Steet a terminé la journée de mercredi sur sa plus forte baisse depuis l'élection de novembre.
A ces événements s'ajoutait une affaire distincte, reflétant selon les détracteurs de l'homme d'affaires son incapacité à exercer la fonction suprême.
Donald Trump aurait donné au chef de la diplomatie russe et à l'ambassadeur de Moscou, dans le Bureau ovale le 10 mai, des informations secrètes sur un projet d'opération du groupe Etat islamique, déclenchant la consternation parmi les élus et dans les milieux du renseignement.
Pour le chef d'Etat, le calendrier est particulièrement inopportun, car il doit s'envoler vendredi pour une tournée internationale de huit jours.
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