Une monarchie parlementaire !
Une monarchie parlementaire est un régime politique dans lequel le Roi (ou la Reine) règne, arbitre, garantit le bon fonctionnement des institutions, symbolise l’unité de la nation, est souvent chef suprême des corps armés, mais il ne gouverne pas.
Analyse :
Un certain nombre de mouvements associatifs et de partis politiques se considèrent comme le fer de lance de la bataille pour la démocratie.
A ce titre, ils estiment qu’une constitution qui instaurerait un régime de « monarchie parlementaire » est un prérequis à toute avancée démocratique.
Leurs modèles de référence étant la Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark et autres Espagne et Benelux. Plusieurs associations qui militent dans ce sens sont soutenues financièrement, et encadrées idéologiquement par des Fondation et des donateurs européens et américains, sensibles à la démocratisation des sociétés arabes.
Ce qui est somme toute légitime, d’autant plus que les mouvements réactionnaires, intégristes et rétrogrades sont financés de leur côté par les pétrodollars du Moyen-Orient.
Pour rappel, une monarchie parlementaire est un régime politique dans lequel le Roi (ou la Reine) règne, arbitre, garantit le bon fonctionnement des institutions, symbolise l’unité de la nation, est souvent chef suprême des corps armés ; mais il ne gouverne pas. C’est le gouvernement issu de la majorité parlementaire qui gouverne et qui rend compte au parlement. Ce dernier légifère, le Gouvernement exécute, et le judiciaire juge selon les lois votées au parlement. Tout ça est très beau. Mais cela suppose également des prérequis.
Le premier de ces prérequis c’est d’abord l’adhésion de la majorité absolue de la population aux fondamentaux de la démocratie : le respect total des libertés individuelles telles qu’elles sont universellement reconnues, l’égalité entre les hommes et les femmes, le droit des minorités, la liberté d’avoir ou de ne pas avoir de religion, la liberté de disposer de son propre corps dans le cadre privé, la liberté d’expression, la séparation entre les croyances religieuses et l’Etat, et ainsi de suite. C’est le respect de ces fondamentaux qui empêche les urnes de devenir un instrument de dictature entre les mains de la majorité.
Or force est de constater, que dans notre pays, ce n’est pas l’Etat qui freine la marche vers la modernité et vers le respect des droits de l’Homme et des libertés individuelles, c’est plutôt la majorité de la population qui s’oppose catégoriquement à toute avancée dans ce sens. Plusieurs sondages d’opinion prouvent l’attachement de la majorité de nos concitoyens aux valeurs traditionnelles, aux us et coutumes de nos ancêtres, et à l’application stricte de la charia (sans savoir nécessairement ce que cela signifie !). Combien d’entre nous sont prêts à accepter que les restaurants et les snacks ouvrent durant Ramadan pour servir ceux qui ne jeûnent pas ?
Combien sont prêts à discuter -sans menace de mort- de la religion en tant qu’invention purement humaine ?
La religion musulmane n’interdit pas l’ouverture des restaurants durant le mois de Ramadan et n’interdit même pas de servir les repas aux déjeuneurs quels qu’ils soient, c’est la culture populaire traditionnelle, nourrie par des décennies de propagande du wahhabisme et de la pensée rigide des frères musulmans qui trace les frontières, établit les interdits et sacralise les tabous. Et même si l’on admet que la religion interdit ceci ou cela, ces interdits ne devraient concerner que les croyants, ils ne devraient pas s’appliquer à tous les citoyens, c’est le premier fondement d’une démocratie.
La monarchie parlementaire suppose la remise des clefs du pouvoir à un Parlement issu des urnes et un gouvernement soutenu par la majorité des parlementaires, sans aucun contrepoids autre que celui de la constitution.
Celle-ci devrait garantir le respect des droits des minorités, les libertés publiques, les libertés individuelles, et ne devrait laisser aucune ambiguïté sur ces libertés. Or, ce n’est pas le cas dans notre pays.
Et pour tout dire, tout progressiste et moderniste marocain devrait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de réclamer l’instauration d’un régime de « monarchie parlementaire », car les premiers qui vont payer le prix d’un tel choix, sont justement, les intellectuels, les philosophes, les libres penseurs, les artistes, les modernistes et les progressistes, sauf s’ils deviennent imam comme le sont devenus d’anciens communistes !
Aujourd’hui la monarchie au Maroc constitue le dernier rempart face à la dictature annoncée des théologiens et des intégristes.
Avant de penser à copier le modèle politique de la Suède, il faut d’abord travailler dur pour hisser notre peuple au rang du peuple suédois.
Montesquieu ne disait-il pas déjà au dix-huitième siècle « Les peuples ont le gouvernant qu’ils méritent ».
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