A la Chambre des représentants, Saadeddine El Otmani fait la différence avec Abdelilah Benkirane.

A la Chambre des représentants, Saadeddine El Otmani fait la différence avec Abdelilah Benkirane.

Ce mardi était jour de discussion de la politique générale du gouvernement. C’est le premier « grand oral » du chef du gouvernement Saadeddine El Otmani, qui a eu à affronter les tirs nourris de plusieurs députés et groupes parlementaires. 

Il a su y répondre, résolument et calmement, dans la courtoisie la plus ferme sans jamais verser dans la perfidie, voire la vulgarité. Les différences avec Benkirane commencent à apparaître.

Quand le secrétaire général du PJD n‘est pas là, c’est le secrétaire général adjoint du même PJD qui s’y met… Abdelilah Benkirane n’est plus parlementaire, mais c’est son adjoint qui monte à la manœuvre. Slimane El Omrani poursuit la politique de son chef, et ancre encore et toujours le PJD dans un rôle d’opposition qu’il ne se résout pas à abandonner.

« Aujourd’hui, l’Etat ne devrait pas avoir besoin d’un mouvement de protestation à al Hoceima pour résoudre les problèmes des citoyens et répondre à leurs revendications… L’Etat doit anticiper les problèmes au lieu de les régler après qu’ils se soient posés… 
Les citoyens ne doivent plus avoir besoin de venir à Rabat pour trouver des réponses à leurs questions, alors même qu’il existe des administrations territoriales »…

Certes, M. El Omrani, mais le PJD a dirigé le gouvernement pendant 5 ans, sous les ordres d’Abdelilah Benkirane, lequel était en situation, même en gestion des affaires courantes,  quand la tension s’est installée à al Hoceima. Les efforts auraient dû commencer là, au lieu de faire durer le désormais fameux et historique blocage ; durant cette période, le PJD étit bien plus intéressé par son sort que par celui des Rifain(e)s.

Pour le reste, Saadeddine El Otmani, qui n’a pas eu le temps de répondre à tous, a eu l’occasion de faire la différence avec son prédécesseur, dans l’éloquence, l’aisance dans l’expression, la richesse du vocabulaire et surtout le calme et la maîtrise des dossiers.

Durant 5 ans, les séances des questions au chef du gouvernement étaient l’occasion de croiser le fer, le plus souvent de vile et vulgaire manière.

Aujourd’hui, parlant du Rif, El Otmani a répondu dans le fonds, avant de lancer sa pique au PAM : « Qui tient les communes, les provinces et même la Région ? », lance-t-il avec son habituel sourire. L’attaque, normale dans une enceinte parlementaire, a été très bien acceptée par les élus du PAM. « Les grands problèmes de la nation doivent être réglés dans un esprit nationaliste, au-dessus des petits calculs politiciens… Nous sommes tous responsables, en dépit des différences dans les niveaux de responsabilité »…

C’est le début d’une sorte de « normalisation » entre PJD et PAM, qui s’essaie à des questions pertinentes…
C’est Salaheddine Aboulghali, du même PAM, qui a tenté l’exercice… Las. « Que fait le gouvernement pour accompagner la nouvelle politique africaine ? », a-t-il questionné, dans l’indifférence générale, la question étant trop large pour faire véritablement sens.
Pour la corruption, le chef du gouvernement a chanté les louanges de son prédécesseur, et a rappelé que le gouvernement Benkirane a soumis 13.000 affaires de corruption à la justice. « Mais si le gouvernement était satisfait de l’état de la corruption dans le pays, il n’aurait pas lancé une stratégie de lutte contre ce fléau ». Elémentaire, mon cher Saadeddine…

Et puis, enfin, El Otmani a annoncé le lancement d’un portail pour recueillir les plaintes et doléances des citoyens face à l’administration, et il a indiqué que la présidence du gouvernement et le ministère de la Fonction publique suivront l’activité de ce portail.

Sauf qu’El Otmani n’a pas expliqué comment ce service fonctionnera, ni avec quel effectif, sachant qu’il est susceptible de recevoir plusieurs centaines de plaintes par jour. Mais l’intention est là…
AB

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