Le spectre de « la Mafia du Poulpe » plane sur la reprise de la pêche dans le sud du Maroc.

Le spectre de « la Mafia du Poulpe » plane sur la reprise de la pêche dans le sud du Maroc.



Des quotas réduits pour protéger une ressource surexploitée

Le 15 juillet 2025 marquera la reprise de la pêche au poulpe dans les provinces du sud, après plusieurs mois de repos biologique prolongé.
Les autorités ont annoncé des quotas en forte baisse par rapport à l’année précédente, face à l’inquiétante diminution des stocks, estimée à près de 60 % dans certaines zones clés comme Dakhla et Laâyoune.

Cette décision vise à restaurer un équilibre écologique fragilisé par des années de surexploitation, aggravées par l’activité clandestine d’un réseau mafieux structuré qui, selon plusieurs sources du secteur, continue de puiser illégalement dans cette ressource halieutique stratégique.

Un trafic organisé qui défie les contrôles officiels

Malgré les efforts déployés pour renforcer les inspections dans les ports et en mer, la mafia du poulpe reste active. 

Exploitant les failles du dispositif de contrôle, elle écoule clandestinement des tonnes de poulpes, parfois même pendant les périodes d’interdiction, perturbant ainsi le marché légal et fragilisant les pêcheurs respectueux des règles.

Cette économie parallèle génère d’importants profits pour ces réseaux criminels et prive l’État de recettes fiscales considérables, tout en mettant en péril la durabilité de la filière.

Des prix qui flambent, une ressource sous tension

Conséquence directe de cette situation : les prix du poulpe restent à des niveaux historiquement élevés, alimentés par la rareté du produit légalement pêché et la forte demande des marchés internationaux, notamment européens et asiatiques.
La dernière campagne hivernale avait déjà été marquée par des captures modestes et des conditions climatiques difficiles, accentuant la pression sur les ressources.

À titre d’illustration, voici les quantités de poulpe pêchées dans le sud du Maroc:

Saison hivernale 2024-2025 : Environ 5 881 tonnes ont été débarquées dans les villages de pêche de Lassargua, Labouirda, Ntireft et Imoutlan, avec un chiffre d’affaires de 644 millions de dirhams.

Saison estivale 2024 : Le quota total autorisé était de 15 600 tonnes, réparti entre la pêche hauturière (9 828 tonnes), la pêche côtière (1 716 tonnes) et la pêche artisanale à Dakhla (4 056 tonnes).

Les consommateurs marocains, quant à eux, continuent de faire face à une flambée des prix des produits de la mer, alimentée par des circuits de distribution peu transparents, selon plusieurs sources crédibles.

Un défi de gouvernance pour le secteur halieutique

Face à ces défis, les autorités misent sur la rigueur des quotas, le renforcement des contrôles et la digitalisation des ventes aux enchères pour assainir la filière et préserver l’avenir de la pêche au poulpe, fleuron économique du sud marocain.

Mais tant que les réseaux mafieux continueront de contourner les règles, la pérennité de cette ressource et l’équité économique dans le secteur resteront menacées, affirme-t-on.

* Sources : 

1- Ministère marocain de l’Agriculture et de la Pêche maritime. 

2- Institut National de Recherche Halieutique (INRH). 

3- La Confédération Marocaine de la Pêche Artisanale. 

4- Seafood Source : Une plateforme médiatique américaine spécialisée dans les produits de la mer.

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