Maroc : Le Comité de libération de Ceuta et Melilla renait de ses cendres.
Publié le 13 juillet 2025
Il y a quelques mois, Vox s'inquiétait d'une possible relance du «Comité de libération de Ceuta et Melilla».
Le projet est devenu réalité ce vendredi. L’initiative a élargi ses champs d’actions en mettant l’accent sur le combat contre le séparatisme rifain, soutenu par l’Algérie.
Onze ans après sa dissolution officielle, le Comité de libération de Ceuta et Melilla renaît sous une nouvelle forme, avec un nom et des objectifs remaniés. Désormais appelé le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume», l'organisation se veut porteuse d'une vision renouvelée, comme l'indique Rachid Hssaine, son porte-parole, dans des déclarations à Yabiladi.
Interrogé sur le timing de cette résurgence, Hssaine explique : «La participation d'une délégation du Polisario au récent congrès du Parti populaire à Madrid a joué un rôle déterminant dans la réactivation du Comité.»
Concernant le changement de nom, il précise que «ce choix est motivé par les évolutions sur la scène nationale et régionale. En plus de la libération de Ceuta et Melilla et des autres îlots occupés par l'Espagne, et la défense de la marocanité du Sahara, nous sommes résolus à combattre le séparatisme au Rif soutenu par l'Algérie. Nous allons œuvrer pour convaincre ceux qui ont été influencés par la propagande algérienne de revoir leurs positions.»
Le nouveau comité est principalement composé de Rifains, un atout qui pourrait faciliter la réalisation de ses objectifs.
Le communiqué annonçant la création du Comité, met en lumière les efforts de «l'Algérie pour semer la discorde en instrumentalisant certains acteurs de la région du Rif». Il rappelle au «Parti nationaliste rifain» que «les Rifains ont maintes fois prouvé leur attachement aux valeurs sacrées du Royaume et leur loyauté envers le trône alaouite».
Le vent a contrarié une action à l'îlot Leila.
La rencontre, qui s'est tenue vendredi à Fnideq, a réuni des représentants d'associations nationales et de la diaspora marocaine. Les réunions se poursuivent ce week-end avec des étapes à Tanger.
En parallèle, le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume» avait prévu une action ce samedi à l'îlot Leila (connu sous le nom de Perejil en Espagne). «Un groupe de jeunes était prêt à investir le rocher, mais les vents violents de ce samedi nous ont contraints à reporter l'opération», précise Rachid Hssaine.
Avant sa dissolution en 2014, le «Comité de libération de Ceuta et Melilla» avait organisé des incursions rapides sur les îlots méditerranéens occupés par l'Espagne.
Le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume» est présidé par l'ancien conseiller parlementaire, Yahya Yahya.
Pour rappel, Vox avait exigé le 11 mars, à travers deux questions écrites, que Pedro Sanchez condamne le projet marocain de relancer le «Comité de libération de Ceuta et Melilla».
Histoire :
Ceuta et Melilla : Les origines de la domination espagnole sur les deux enclaves.
Territoires européens au cœur du Maroc ou dernières colonies d’Afrique ?

Souvent au cœur de l’actualité du fait de leur statut particulier, les enclaves de Ceuta et Melilla représentent la porte d’entrée de l’eldorado européen pour de nombreux migrants, maghrébins et subsahariens.
D’une superficie totale de 12.3 km²pour 80.000 habitants environ, Melilla (Mliliya en darija) est une ville située sur la côte nord-est du Maroc qui est sous gouvernance espagnole depuis près de 500 ans.
En effet, après la chute de l’Andalousie en 1246 et deux siècles et de d’embargo contre le royaume d’Occitanie, Grenade dernier rempart des musulmans chute à son tour en 1492. S’en suit alors un appel du pape Alexandre IV à l’attention des espagnols et des portugais les incitant respectivement à rejoindre la côte méditerranéenne et la côte Atlantique du Maroc, et ce, concomitamment au vœu d’Isabelle la catholique de voir les espagnols gagner le nord du Maroc afin d’empêcher les musulmans de regagner à nouveau la péninsule ibérique.
L’arrivée du comte Pedro de Estopinan à Melilla marque le point de départ de l’influence espagnole sur la cette derniere puisqu’il ouvre la voie à l’armée espagnole pour envahir la ville en 1497. S’en suit la chute des villes marocaines aux mains de l’Espagne et du Portugal. Ceuta tombe sous domination espagnole tandis qu’Assilah, Laraache, El Jadida et Essaouira tombent sous celle du Portugal.
Durant les siècles qui suivirent, les marocains réussirent à récupérer les villes en question à l’exception de Ceuta et Melilla. Parmi les tentatives de libération de Melilla les plus notoires, on retrouve celle menée par le Sultan Moulay Mohammed Ben Abdallah à l’occasion de laquelle il réussit à encercler la ville en 1774, mais échoua cependant à pénétrer en son sein. Au début du XXème siècle, le leader Mohammed ben Abdelkrim Al-Khattabi conduit et mène les habitants du Rif dans une guérilla contre les espagnols couronnée par la victoire d’Anoual en 1921. Néanmoins, l’euphorie fut de courte durée dans la mesure où la France vint au secours de l’Espagne, mit fin à la guerre du Rif et procèda à l’arrestation puis à l’exil de Mohamed Ben Abdelkrim Al-Khattabi.
A l’aube du XXème siècle, le général Franco essaye de convaincre les habitants de Ceuta et Melilla de le soutenir et de lui venir en aide dans sa guerre contre le front populaire en Espagne en échange de la promesse du retour des enclaves de Ceuta et Melilla sous gouvernance marocaine lors de son accession au pouvoir. Il a pu de ce fait embrigader des milliers de marocains dans une guerre civile ne les concernant ni de près ni de loin, sans tenir en retour les promesses faites.
Après la fin du protectorat français en 1956, le Maroc réussi à faire quitter l’armée de Franco de ses territoires sud de manière pacifique en 1975, mais Ceuta et Melilla demeurèrent et demeurent à ce jour occupées.
Il parait légitime de se poser la question de savoir si l’Espagne, membre de l’union européenne dont les piliers sont les valeurs démocratiques, peut-elle se permettre de posséder des colonies dont la légitimité découlerait d’un traité anachronique vieux de près de cinq siècles ? Par ailleurs, le Maroc, qui en 2015 évoquait la possible saisine du comité de décolonisation de l’ONU poursuivra-t-il sa lancée au risque de se mettre Madrid à dos concernant le sujet épineux du Sahara ? Dans un contexte marqué par les revendications indépendantistes de la Catalogne, ce sont là autant de questions dont les réponses demeurent incertaines d’autant plus qu’à ce jour, les Nations Unies ne reconnaissent pas ces territoires comme étant occupés.
Publié le 13 juillet 2025
Il y a quelques mois, Vox s'inquiétait d'une possible relance du «Comité de libération de Ceuta et Melilla».
Le projet est devenu réalité ce vendredi. L’initiative a élargi ses champs d’actions en mettant l’accent sur le combat contre le séparatisme rifain, soutenu par l’Algérie.
Onze ans après sa dissolution officielle, le Comité de libération de Ceuta et Melilla renaît sous une nouvelle forme, avec un nom et des objectifs remaniés. Désormais appelé le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume», l'organisation se veut porteuse d'une vision renouvelée, comme l'indique Rachid Hssaine, son porte-parole, dans des déclarations à Yabiladi.
Interrogé sur le timing de cette résurgence, Hssaine explique : «La participation d'une délégation du Polisario au récent congrès du Parti populaire à Madrid a joué un rôle déterminant dans la réactivation du Comité.»
Concernant le changement de nom, il précise que «ce choix est motivé par les évolutions sur la scène nationale et régionale. En plus de la libération de Ceuta et Melilla et des autres îlots occupés par l'Espagne, et la défense de la marocanité du Sahara, nous sommes résolus à combattre le séparatisme au Rif soutenu par l'Algérie. Nous allons œuvrer pour convaincre ceux qui ont été influencés par la propagande algérienne de revoir leurs positions.»
Le nouveau comité est principalement composé de Rifains, un atout qui pourrait faciliter la réalisation de ses objectifs.
Le communiqué annonçant la création du Comité, met en lumière les efforts de «l'Algérie pour semer la discorde en instrumentalisant certains acteurs de la région du Rif». Il rappelle au «Parti nationaliste rifain» que «les Rifains ont maintes fois prouvé leur attachement aux valeurs sacrées du Royaume et leur loyauté envers le trône alaouite».
Le vent a contrarié une action à l'îlot Leila.
La rencontre, qui s'est tenue vendredi à Fnideq, a réuni des représentants d'associations nationales et de la diaspora marocaine. Les réunions se poursuivent ce week-end avec des étapes à Tanger.
En parallèle, le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume» avait prévu une action ce samedi à l'îlot Leila (connu sous le nom de Perejil en Espagne). «Un groupe de jeunes était prêt à investir le rocher, mais les vents violents de ce samedi nous ont contraints à reporter l'opération», précise Rachid Hssaine.
Avant sa dissolution en 2014, le «Comité de libération de Ceuta et Melilla» avait organisé des incursions rapides sur les îlots méditerranéens occupés par l'Espagne.
Le «Comité de coordination pour la défense des causes du Royaume» est présidé par l'ancien conseiller parlementaire, Yahya Yahya.
Pour rappel, Vox avait exigé le 11 mars, à travers deux questions écrites, que Pedro Sanchez condamne le projet marocain de relancer le «Comité de libération de Ceuta et Melilla».
Histoire :
Ceuta et Melilla : Les origines de la domination espagnole sur les deux enclaves.
Territoires européens au cœur du Maroc ou dernières colonies d’Afrique ?

Souvent au cœur de l’actualité du fait de leur statut particulier, les enclaves de Ceuta et Melilla représentent la porte d’entrée de l’eldorado européen pour de nombreux migrants, maghrébins et subsahariens.
D’une superficie totale de 12.3 km²pour 80.000 habitants environ, Melilla (Mliliya en darija) est une ville située sur la côte nord-est du Maroc qui est sous gouvernance espagnole depuis près de 500 ans.
En effet, après la chute de l’Andalousie en 1246 et deux siècles et de d’embargo contre le royaume d’Occitanie, Grenade dernier rempart des musulmans chute à son tour en 1492. S’en suit alors un appel du pape Alexandre IV à l’attention des espagnols et des portugais les incitant respectivement à rejoindre la côte méditerranéenne et la côte Atlantique du Maroc, et ce, concomitamment au vœu d’Isabelle la catholique de voir les espagnols gagner le nord du Maroc afin d’empêcher les musulmans de regagner à nouveau la péninsule ibérique.
L’arrivée du comte Pedro de Estopinan à Melilla marque le point de départ de l’influence espagnole sur la cette derniere puisqu’il ouvre la voie à l’armée espagnole pour envahir la ville en 1497. S’en suit la chute des villes marocaines aux mains de l’Espagne et du Portugal. Ceuta tombe sous domination espagnole tandis qu’Assilah, Laraache, El Jadida et Essaouira tombent sous celle du Portugal.
Durant les siècles qui suivirent, les marocains réussirent à récupérer les villes en question à l’exception de Ceuta et Melilla. Parmi les tentatives de libération de Melilla les plus notoires, on retrouve celle menée par le Sultan Moulay Mohammed Ben Abdallah à l’occasion de laquelle il réussit à encercler la ville en 1774, mais échoua cependant à pénétrer en son sein. Au début du XXème siècle, le leader Mohammed ben Abdelkrim Al-Khattabi conduit et mène les habitants du Rif dans une guérilla contre les espagnols couronnée par la victoire d’Anoual en 1921. Néanmoins, l’euphorie fut de courte durée dans la mesure où la France vint au secours de l’Espagne, mit fin à la guerre du Rif et procèda à l’arrestation puis à l’exil de Mohamed Ben Abdelkrim Al-Khattabi.
A l’aube du XXème siècle, le général Franco essaye de convaincre les habitants de Ceuta et Melilla de le soutenir et de lui venir en aide dans sa guerre contre le front populaire en Espagne en échange de la promesse du retour des enclaves de Ceuta et Melilla sous gouvernance marocaine lors de son accession au pouvoir. Il a pu de ce fait embrigader des milliers de marocains dans une guerre civile ne les concernant ni de près ni de loin, sans tenir en retour les promesses faites.
Après la fin du protectorat français en 1956, le Maroc réussi à faire quitter l’armée de Franco de ses territoires sud de manière pacifique en 1975, mais Ceuta et Melilla demeurèrent et demeurent à ce jour occupées.
Il parait légitime de se poser la question de savoir si l’Espagne, membre de l’union européenne dont les piliers sont les valeurs démocratiques, peut-elle se permettre de posséder des colonies dont la légitimité découlerait d’un traité anachronique vieux de près de cinq siècles ? Par ailleurs, le Maroc, qui en 2015 évoquait la possible saisine du comité de décolonisation de l’ONU poursuivra-t-il sa lancée au risque de se mettre Madrid à dos concernant le sujet épineux du Sahara ? Dans un contexte marqué par les revendications indépendantistes de la Catalogne, ce sont là autant de questions dont les réponses demeurent incertaines d’autant plus qu’à ce jour, les Nations Unies ne reconnaissent pas ces territoires comme étant occupés.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles