L’Angleterre est en train de vivre une invasion sans précédent.

L’Angleterre est en train de vivre une invasion sans précédent. 

Le problème, c’est qu’il s’agit de pieuvres, et qu'elles dévorent tout sur leur passage.

Publié le 10/10/2025

Des plages anglaises submergées de pieuvres géantes, des pêcheurs médusés et une biodiversité sous pression : Voilà le nouveau visage de la Manche. 

Derrière ce phénomène jonché de tentacules, un déséquilibre inédit soulève bien des questions.

Quand les pieuvres prennent le pouvoir.

Il y a encore quelques années, croiser une pieuvre dans les eaux anglaises relevait presque de l’exception. 

Mais aujourd’hui, le paysage marin a basculé : Sur les côtes du sud de l’Angleterre, ces céphalopodes prolifèrent et imposent leur loi. Leurs prédateurs historiques, de moins en moins nombreux, laissent le champ libre à ces nouveaux envahisseurs qui bouleversent les habitudes, jusque dans l’assiette des locaux, pêcheurs compris.

Les pêcheurs du Sussex n’en croient toujours pas leurs filets : en quelques mois, la densité de pieuvres repêchées a explosé. 

Selon Xataka, certains professionnels témoignent de prises multipliées par dix, voire par cent par rapport à la normale. Le crustacé roi de la région, naguère la crevette ou la langoustine, doit désormais partager son terrain avec ces prédateurs redoutables, célèbres pour leur appétit sans limite. 

D’après un pêcheur local cité par le média, « elles mangent presque tout ce qu’elles trouvent, c’est un vrai raz-de-marée »invasion tentaculaire.

Ce phénomène ne tombe pas du ciel. Plusieurs biologistes marins avancent le réchauffement de la mer comme principal déclencheur : la hausse des températures de l’eau aurait permis aux œufs de pieuvres de mieux survivre et d’atteindre des zones jadis inhospitalières. La Manche serait ainsi en train de se « méditerranéiser », offrant un nouveau terrain de jeu à ces céphalopodes longtemps cantonnés à des mers plus chaudes. Dans la même veine, l’évolution de la pollution ou l’effondrement des populations de certains poissons prédateurs pourraient également jouer un rôle.

Un équilibre écologique menacé

Mais si les pieuvres font la fête, l’écosystème, lui, tire la sonnette d’alarme. 

En dévorant crustacés, mollusques et poissons, elles privent d’autres espèces – et les pêcheurs – de ressources cruciales. 

La chaîne alimentaire en pâtit, d’autant plus que peu de prédateurs s’attaquent à ces animaux aussi intelligents qu’efficaces. 

Ce déséquilibre pourrait à terme peser lourd sur la biodiversité locale et sur l’économie des pêcheries traditionnelles, déjà fragilisées par la surpêche et les mutations du secteur.

Face à ce flot inattendu de tentacules, certains voient aussi une opportunité : L’essor de l’« octopus » anglais dans la gastronomie locale. Alors que la pieuvre est prisée en Espagne ou en Italie, elle séduit désormais les restaurateurs britanniques, qui y voient une alternative durable à condition d’adapter leurs pratiques. 

Pour autant, l’enjeu reste de ne pas transformer une surabondance temporaire en excès de pêche, au risque de reproduire les erreurs du passé.

L’Angleterre se découvre peu à peu un drôle d’habitant, aussi fascinant qu’envahissant. Un bouleversement que la mer Britannique n’avait pas anticipé, et qui questionne l’équilibre — toujours précaire — entre nature, économie et appétit… à huit bras.