Soixante jours pour réconcilier Rabat et Alger : Le pari spectaculaire de l’administration Trump.
Soixante jours pour réconcilier Rabat et Alger : Le pari spectaculaire de l’administration Trump.
Soixante jours pour réconcilier Rabat et Alger. C’est le délai annoncé par deux conseillers de Donald Trump.
S’agit-il d’une ambition démesurée ou d’un coup de poker diplomatique ?
Publié le 25 Octobre 2025
Les conseillers de Donald Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner, au plateau de 60 Minutes Overtime (CBS). Dimanche 19 octobre 2025.
Steve Witkoff ne mâche pas ses mots. Dimanche 19 octobre 2025, sur le plateau de 60 Minutes Overtime (CBS), l’envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient lâche une bombe : « Nous travaillons actuellement sur l’Algérie et le Maroc.
Soixante jours pour réconcilier Rabat et Alger. C’est le délai annoncé par deux conseillers de Donald Trump.
S’agit-il d’une ambition démesurée ou d’un coup de poker diplomatique ?
Publié le 25 Octobre 2025
Les conseillers de Donald Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner, au plateau de 60 Minutes Overtime (CBS). Dimanche 19 octobre 2025.
Steve Witkoff ne mâche pas ses mots. Dimanche 19 octobre 2025, sur le plateau de 60 Minutes Overtime (CBS), l’envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient lâche une bombe : « Nous travaillons actuellement sur l’Algérie et le Maroc.
Il va y avoir un accord de paix là-bas dans les soixante jours ». Là-bas, c’est le Maghreb. L’accord, c’est entre le Maroc et l’Algérie, dont les relations diplomatiques sont en rupture depuis août 2021 à la suite d’une décision unilatérale d’Alger. Aux côtés de Steve Witkoff, Jared Kushner acquiesce en silence.
Le gendre du président n’est pas là par hasard.
C’est lui qui, en décembre 2020, avait orchestré la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange d’un accord tripartite basé sur la normalisation des relations entre Rabat et Israël. Quatre ans plus tard, la Maison-Blanche recommence, cette fois pour forcer la main à Alger.
Séisme géopolitique
Trois jours plus tôt, Masaad Boulos, autre homme de l’ombre de Trump et figure montante de la diplomatie parallèle américaine, confirmait la manœuvre sur Asharq News.
Séisme géopolitique
Trois jours plus tôt, Masaad Boulos, autre homme de l’ombre de Trump et figure montante de la diplomatie parallèle américaine, confirmait la manœuvre sur Asharq News.
De retour d’Alger où il a rencontré de hauts responsables algériens, il assure que le président Abdelmadjid Tebboune veut « tourner la page » et renouer avec le Maroc. Mieux, la direction algérienne chercherait une « solution radicale et définitive » au Sahara occidental. Autrement dit, un alignement sur la position marocaine, qui propose une autonomie sous sa souveraineté.
Si c’est vrai, c’est un séisme géopolitique. Depuis un demi-siècle, Alger soutient le Front Polisario, ce mouvement indépendantiste basé à Tindouf qui réclame un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Abandonner cette cause, c’est renier cinquante ans de politique étrangère, des milliards de dollars investis, et une posture anticoloniale qui structure l’identité diplomatique algérienne depuis l’indépendance.
Washington veut un Maghreb Uni
Mais pourquoi maintenant ? Parce que Washington en a besoin. Trump, dans sa logique transactionnelle, veut stabiliser le Maghreb pour contrer la Chine et la Russie en Afrique du Nord. Pékin multiplie les investissements portuaires et infrastructurels au Maroc comme en Algérie.
Washington veut un Maghreb Uni
Mais pourquoi maintenant ? Parce que Washington en a besoin. Trump, dans sa logique transactionnelle, veut stabiliser le Maghreb pour contrer la Chine et la Russie en Afrique du Nord. Pékin multiplie les investissements portuaires et infrastructurels au Maroc comme en Algérie.
Moscou, de son côté, s’est rapproché d’Alger ces dernières années, fournissant du matériel militaire et signant des accords énergétiques stratégiques. Pour Washington, un Maghreb divisé est une aubaine pour ses rivaux.
Un Maghreb en paix offrirait en revanche un bloc stable, pro-occidental, et économiquement dynamique aux populations de toute la région. L’enjeu dépasse largement le dossier du Sahara. Il s’agit de redessiner les alliances en Méditerranée et au Sahel, où l’instabilité terroriste menace les intérêts américains et européens.
Calendrier Onusien
L’Union du Maghreb Arabe, censée unir les cinq pays de la région (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie) est à l’arrêt complet depuis 1994, victime des tensions maroco-algériennes.
Calendrier Onusien
L’Union du Maghreb Arabe, censée unir les cinq pays de la région (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie) est à l’arrêt complet depuis 1994, victime des tensions maroco-algériennes.
La fermeture des frontières terrestres entre les deux pays dure depuis 1994, privant les populations d’échanges économiques et humains, et coûtant, selon la Banque mondiale, environ 2 % du PIB régional chaque année. Une normalisation maroco-algérienne libérerait un potentiel économique colossal : circulation des biens et des personnes, projets d’infrastructures transfrontalières, coopération énergétique (l’Algérie possède d’immenses réserves de gaz et le Maroc développe les énergies renouvelables), et intégration des chaînes de valeur industrielles. Le calendrier onusien tombe à pic.
Le mandat de la Minurso, la mission des Nations unies chargée d’organiser un référendum au Sahara, un référendum qui n’a jamais eu lieu, expire en avril 2026. Une résolution du Conseil de sécurité entérinant le plan marocain d’autonomie, soutenu par Washington, Paris, Madrid et plusieurs capitales africaines, pourrait clore définitivement le dossier. Mais encore faut-il qu’Alger accepte de jouer le jeu. Et c’est là que tout se complique.
Reste à savoir ce qu’Alger y gagne. Des garanties énergétiques pour exporter son gaz vers l’Europe ? Un accès facilité au marché américain pour diversifier une économie quasiment dépendante des hydrocarbures ? Un soutien face aux tensions sociales internes, qui ont secoué le pays lors du Hirak en 2019 et qui couvent toujours sous la surface ? Tebboune, 79 ans, affaibli par la maladie et contesté par une partie de l’establishment militaire, a peut-être besoin d’un succès diplomatique pour redorer son blason. Mais lâcher le Polisario, c’est prendre un risque politique majeur dans un pays où l’armée, le puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) en particulier, et une partie de l’opinion publique restent viscéralement attachés à cette « cause ».
L’agonie du Polisario
Le Polisario, lui, il agonise. Affaibli militairement, isolé diplomatiquement après la vague de reconnaissances de la marocanité du Sahara par une grande partie des pays africains, il ne lui reste plus grand-chose. Sauf la capacité de nuire, relativement, notamment par des actions de guérilla ou de déstabilisation dans la région de Tindouf sur le sol algérien.
Tout compte fait, soixante jours, c’est court même pour une promesse de la première puissance mondiale. Trop court, même, pour boucler un dossier aussi complexe, chargé d’histoire, de rancœurs et d’enjeux de souveraineté. Mais Trump aime les coups d’éclat.
Et Witkoff, ancien promoteur immobilier new-yorkais devenu diplomate improvisé, n’a pas l’habitude de bluffer. Son annonce en direct à la télévision américaine engage la crédibilité de la Maison-Blanche.
Si l’accord se concrétise, ce sera l’un des retournements géopolitiques les plus spectaculaires de la décennie.
Si l’accord échoue, ce sera une humiliation de plus pour une administration qui multiplie les promesses tonitruantes sans toujours les tenir. Dans deux mois, on saura si l’administration Trump tiendra son pari irrationnel.
Reste à savoir ce qu’Alger y gagne. Des garanties énergétiques pour exporter son gaz vers l’Europe ? Un accès facilité au marché américain pour diversifier une économie quasiment dépendante des hydrocarbures ? Un soutien face aux tensions sociales internes, qui ont secoué le pays lors du Hirak en 2019 et qui couvent toujours sous la surface ? Tebboune, 79 ans, affaibli par la maladie et contesté par une partie de l’establishment militaire, a peut-être besoin d’un succès diplomatique pour redorer son blason. Mais lâcher le Polisario, c’est prendre un risque politique majeur dans un pays où l’armée, le puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) en particulier, et une partie de l’opinion publique restent viscéralement attachés à cette « cause ».
L’agonie du Polisario
Le Polisario, lui, il agonise. Affaibli militairement, isolé diplomatiquement après la vague de reconnaissances de la marocanité du Sahara par une grande partie des pays africains, il ne lui reste plus grand-chose. Sauf la capacité de nuire, relativement, notamment par des actions de guérilla ou de déstabilisation dans la région de Tindouf sur le sol algérien.
Tout compte fait, soixante jours, c’est court même pour une promesse de la première puissance mondiale. Trop court, même, pour boucler un dossier aussi complexe, chargé d’histoire, de rancœurs et d’enjeux de souveraineté. Mais Trump aime les coups d’éclat.
Et Witkoff, ancien promoteur immobilier new-yorkais devenu diplomate improvisé, n’a pas l’habitude de bluffer. Son annonce en direct à la télévision américaine engage la crédibilité de la Maison-Blanche.
Si l’accord se concrétise, ce sera l’un des retournements géopolitiques les plus spectaculaires de la décennie.
Si l’accord échoue, ce sera une humiliation de plus pour une administration qui multiplie les promesses tonitruantes sans toujours les tenir. Dans deux mois, on saura si l’administration Trump tiendra son pari irrationnel.
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