Procès du 13-Novembre : Le juge Marc Trévidic décrit les failles du système antiterroriste en 2015.

 L'affaire Merah. 

Procès du 13-Novembre : Le juge Marc Trévidic décrit les failles du système antiterroriste en 2015.

Ce mardi 3 mai 2022, 118e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, la cour a entendu le témoignage édifiant et courageux de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic. Puis, l’ancien journaliste Nicolas Hénin, qui a été otage de Daech pendant dix mois, a témoigné sur ses geôliers et sur ses conditions de détention. En revanche, les trois djihadistes qui devaient être entendus aujourd’hui ont refusé de répondre aux questions de la cour.

L’ancien juge Marc Trévidic photographié ici en juillet 2015, deux mois avant qu’il n’arrête son activité antiterroriste. | ARCHIVES AFP/MARTIN BUREAU


Modifié le 03/05/2022 archives. 
Mis à jour le 09 octobre 2025

La Cour d’assises spécialement composée de Paris devaient entendre cinq témoins ce mardi 3 mai 2022. 

Le témoignage le plus attendu était incontestablement celui de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic. Son récit très précieux, courageux et sans langue de bois, a été salué par de nombreux participants du procès, que ce soit du côté des parties civiles mais aussi sur les bancs de la défense. Il a décrit un système antiterrorisme noyé et qui en 2015 n’était plus adapté à la menace.

L’ancien journaliste Nicolas Hénin a ensuite témoigné de son expérience comme otage de l’Etat islamique en 2013 et 2014.

En revanche, les trois djihadistes qui devaient être entendus ce mardi ont refusé de comparaître ou de répondre aux questions de la cour.


Suivez le direct de l'événement du mardi 03 mai 2022

Il  est 19h50
Ce qu'il faut retenir de cette journée d'audience. 

L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic a livré un témoignage particulièrement intéressant sur l'état du système antiterroriste lorsqu'il l'a quitté en août 2015. Il y a décrit "sans langue de bois" les moyens limités de la justice et des officiers de police judiciaire pour lutter contre la menace qui explosait à l'époque, notamment du fait des départs très nombreux de djihadistes français en Syrie.
L'ancien journaliste Nicolas Hénin a ensuite parlé de son expérience comme otage de Daech pendant dix mois en 2013 et 2014. Il a décrit ses geôliers mais aussi les violences que les otages ont subies pendant cette privation de liberté.

Les trois djihadistes qui devaient témoigner ce mardi ont refusé d'être entendus ou de répondre aux questions.

19h49
C'est la fin de cette audience. Elle reprendra demain, mercredi un peu après 12 h 30. Treize victimes du Stade de France et des terrasses du Carillon et du petit Cambodge seront entendues. Elles lanceront une séquence de sept jours d'audition des parties civiles (soit un total de 91 témoignages attendus)

19h49
Le président remercie le témoin. L'audience est terminée pour aujourd'hui.

19h49
Me Szwarc, avocate des parties civiles, interroge le témoin sur les visites qu'il mène en prison. Nicolas Hénin explique que les détenus qu'il rencontre sont souvent intéressés par son travail de journaliste. En Syrie, après l'enlèvement de tous ces journalistes et de tous ces humanitaires, c'est la population syrienne qui en a été privée", dit-il.
"Chaque homme sur terre devrait pouvoir avoir accès à un journaliste pour pouvoir raconter les injustices qu'il vit et devrait pouvoir avoir accès à des humanitaires", déclare Nicolas Hénin.

19h44
Me Chemla trouve que l'ancien otage a fait preuve de beaucoup de pudeur sur la description de ses conditions de détention. Nicolas Hénin rappelle qu'outre les violences et la privation de liberté, il a "dormi pendant dix mois sur un sol nu"

19h41
Me Seban demande au témoin s'il a été entravé pendant les dix mois. Nicolas Hénin explique qu'après sa tentative d'évasion, il a été enchaîné en chien de fusil. Puis, l'un de ses co-otages leur a montré comment avec un objet du quotidien "que je ne citerai pas pour des raisons évidentes", on pouvait se libérer des menottes.

19h37
Pour légitimer la prise d'otages, les ravisseurs de Daech déclaraient que l'Occident était "corrompu et violent à l'égard des musulmans" et qu'ils avaient le droit de répliquer. Ils invoquaient la loi du Talion et disaient qu'au vu des millions de musulmans qui avaient été tués, ils avaient de la marge avant de rééquilibrer tout ça.

19h33
Quant à Najim Laachraoui, "c'était un personnage surprenant, extrêmement convaincu. Alors qu'il a été capable de la pire violence puisqu'il s'est fait exploser à l'aéroport de Bruxelles, il nous a amené du rab' de nourriture. Il m'a donné une fois une barre chocolatée. Il a cherché à se positionner comme quelqu’un de presque généreux, à se montrer comme une sorte de héros positif."

19h29
La Cour interroge Nicolas Hénin sur Mehdi Nemmouche qui faisait partie de ses geôliers et qui sera l'auteur de l'attentat du musée juif de Belgique le 24 mai 2014. "Il nous disait : "Tu seras témoin à mon procès." Il voulait se faire voir, que l’on puisse témoigner de son parcours djihadiste".
Il venait de temps en temps faire passer des quiz aux otages sur des thématiques scientifiques.

19h11
L'un des otages a été exécuté pendant qu'il était retenu là-bas, huit autres le seront après sa libération. "Ils nous ont forcés à regarder les photos de notre co-otage exécuté par balle et cette photo a été envoyée par courrier électronique à mon épouse et par chance, ce courrier ne lui est jamais parvenu".

19h11
"Les 24 otages, nous avons tous été frappés avec des chaînes, des câbles, des matraques. Moi-même j'ai eu droit à quelques séances de torture assez sophistiquées à l'issue d'une tentative d'évasion qui m'ont laissé handicapé pendant plusieurs mois. L'objectif était de nous casser moralement et physiquement."

19h08
Le président l'interroge sur les violences subies pendant leur détention. "La privation de liberté sans certitude d'en sortir vivant est déjà d'une violence extrême. Ces dix mois à attendre la mort étaient déjà une forme de torture".

19h07
"Lorsque je vous ai demandé au début si vous connaissiez l'un des accusés ici présents, vous avez dit : "Je n'en suis pas sûr"", lui rappelle le président et il lui demande si après réflexion, il en reconnaît un.

Après un long silence, le témoin répond par la négative.

"Est-ce que vous avez vu Osama Krayem là-bas ?", demande le président.

"Je ne pense pas, répond Nicolas Hénin. Mais ceci dit, nous avons croisé beaucoup de djihadistes francophones qui n'ont pas été identifiés."

"De toute façon, Osama Krayem est Suédois et n'était pas présent à cette époque"

18h43
Durant cette prise d'otages, Nicolas Hénin a croisé Oussama Atar, considéré comme le commanditaire des attentats, accusé dans ce procès mais présumé mort en zone irako-syrienne. L'ancien journaliste assure que lors de sa première rencontre Oussama Atar essayait de dissimuler le fait qu'il était francophone et qu'il a assisté à l'exécution de neuf des otages avec lequel Nicolas Hénin se trouvait.

Nicolas Hénin explique aussi avoir eu un dialogue "privilégié" avec Najim Laachraoui, djihadiste belge, qui s'est fait exploser le 22 mars 2016 à l'aéroport de Bruxelles. Il a ainsi pu recueillir ses motivations dans la participation à cette cellule djihadiste.


18h25
Cette cellule d'Opex était d'abord constituée comme des preneurs d'otages. En tout, 24 otages, dont 19 hommes, ont été capturés en l'espace de 13 mois par cette cellule. L'ancien journaliste détaille ensuite les différents ravisseurs de la cellule et les pseudonymes que les otages leur avaient donnés. Nicolas Hénin indique que cette cellule était issue de la Liwa as Saddiq, unité d'élite de l'Etat islamique.

18h22
"J'ai assisté, nous avons assisté avec les autres otages, à la gestation du groupe qui allait devenir la cellule Opex de l'Etat islamique qui va mettre en œuvre les attentats en Europe."

18h21
Il décrit son expérience d'otage comme s'il voyait "à travers une web cam" qui lui transmettrait des informations parcellaires sur l'Etat islamique mais en continu pendant dix mois.

18h19
"J'ai été pendant une grosse quinzaine d'années reporter de guerre en Irak puis pendant les Printemps arabes, explique le témoin. En juin 2013, j'ai été pris en otage par l'Etat islamique avec trois autres journalistes français à Raqqa en Syrie. Après dix mois comme otage, il est libéré. Il a alors décidé de quitter le journalisme pour s'engager dans la prévention du terrorisme et est désormais consultant dans ce domaine".

18h16
L'huissier fait entrer Nicolas Hénin. Costume gris et cravate bordeaux, il se présente comme "consultant". Connaissiez-vous l'un des accusés avant les faits ? "Je ne suis pas sûr".

18h13
La sonnerie retentit, reprise de l'audience

17h48
Le président remercie le témoin et interrompt la visioconférence. "Bon, ça va plus vite que prévu, on va faire prévenir le dernier témoin Nicolas Hénin qui devrait être là d'ici un quart d'heure", indique Jean-Louis Périès avant de suspendre l'audience.

17h46
"J'ai un procès en novembre et je préfère ne pas parler. Désolé, ce n'est pas contre vous", répond courtoisement Ayoub El Khazzani.

"Vous ne répondrez à aucune question ?", demande le président.

"Oui, c'est ça, je préfère être honnête", répond le détenu qui a été condamné la réclusion criminelle à perpétuité pour l'attaque du train Thalys et qui sera jugé en appel du 21 novembre au 16 décembre 2022.

17h41
Une nouvelle communication est établie en visioconférence avec une autre prison. Cette fois-ci, l'image est nette. Le surveillant de prison accompagne rapidement le témoin : Ayoub El Khazzani

17h38
Le président Périès explique avoir reçu un message indiquant que Reda Hame refuse de comparaître en visioconférence. "Il est malade ou quelque chose comme ça".

17h30
Bilal Chatra, 25 ans, a été condamné à 27 ans de réclusion dans le procès de l'attaque du Thalys. "Je n'ai rien à dire, je garde le silence", déclare le témoin.
Le président de la Cour essaie de lui poser une question sur ses contacts avec Abdelhamid Abaaoud. Mais le témoin assure qu'il ne "répondra à aucune question".
"Ah ben, du coup, je n'ai pas d'autre question", lance le président.

Une avocate des parties civiles tente d'interroger à son tour le témoin, mais Bilal Chatra oppose un nouveau refus.

"Très bien, monsieur, je vous remercie pour toutes ces précisions", conclut le président qui coupe la liaison. Rires dans la salle.

17h28
Bilal Chatra témoigne en visioconférence depuis la maison d'arrêt de Lille. Il est assis dans une petite pièce sombre. L'image est totalement floue. "On distingue à peine le témoin", fait remarquer le président Périès au personnel pénitentiaire qui n'arrive pas à améliorer les choses.

17h20
Le président a établi la connexion avec une maison d'arrêt pour entendre un deuxième témoin, détenu. Mais l'image qui était d'abord saturée de lumière est désormais floue. Un personnel pénitentiaire est parti chercher "son collègue" pour essayer de régler le problème.

17h16
L'audience reprend. Mohamed Abrini, qui avait refusé de comparaître en début d'audience, est de retour dans le box comme l'avait recommandé le président.

16h37
Le président Périès remercie le témoin et suspend l'audience qui reprendra à 17 h

16h35
Olivia Ronen, avocate de Salah Abdeslam, met en exergue les peines qui deviennent de plus en plus sévères en matière de terrorisme et qui ne donnent plus d'horizon aux personnes condamnées.
Le juge Trévidic rappelle que "beaucoup de familles ont été endeuillées dans cet attentat et qu'il est très attaché au système judiciaire qui n'envoie pas les condamnés se faire torturer dans un autre pays, qui n'a pas de Guantanamo. Alors oui, les peines sont plus lourdes, les surveillances sont plus importantes. Mais on n'arrivera jamais à une efficacité totale."
16h29
Me Menya Arab-Tigrine, avocate d'Ali El Haddad Asufi, regrette que les éléments d'enquête concernant son client n'aient pas été revus par les policiers français. "L'enquête concernant mon client est 100% belge. Est-ce faute de moyens ?"
"Non, je ne dis pas ça. Et ça se trouve, c'est bien fait", lui répond le témoin.
16h08
Me Méchin, avocat de la défense, demande : "Pensez-vous qu'une organisation terroriste puisse recruter un individu qui ne fait pas partie de "l'alliance" (qui n'est pas endoctriné) pour participer à certaines tâches ? Hier, un journaliste nous a dit : "C'est impossible, impossible, impossible".

"Non, je ne suis pas d'accord, répond le juge Trévidic. Il y a même eu par le passé des alliances entre des braqueurs radicalisés et des braqueurs de droit commun pour se partager le butin."
16h04
Marc Trévidic a dit : "On a tendance à trouver les Belges très mauvais, et nous Français très bons", ce qui évidemment était pour dénoncer une certaine arrogance de la France.

Le juge Trévidic assure qu'il n'a jamais eu de problème avec les magistrats belges mais avoue qu'il n'a pas toujours bien compris comment fonctionnaient les liens entre le judiciaire et le renseignement en Belgique.

Me Méchin, avocat de Ali El Haddad Asufi, trouve pour sa part que tous les enquêteurs belges n'ont pas été très bons.
15h58
L'avocat d'Ali El Haddad Asufi, Jonathan de Taye, remercie le juge Trévidic qu'il qualifie de "courageux, à contre-courant avec ce qu'on a entendu depuis le début de ce procès où tout est blanc ou noir, radicalisé ou pas, votre présence est salvatrice".
"Pensez-vous qu'une personne qui est prête à mourir dans un attentat peut instrumentaliser ses proches ?"
"Les gens sont tous différents. Je n'ai pas vu un troupeau de moutons devant moi", répond le juge.
15h53
"Il y a un avant et un après Merah avec l'association terroriste", indique Me Nogueras qui rappelle que désormais peuvent être jugées à des peines très lourdes des personnes qui ne connaissaient pas le projet terroriste lui-même. "Oui, mais avant on ne jugeait pas les femmes qui faisaient la cuisine pour les djihadistes alors qu'il faut bien que chacun soit à sa tâche pour que le groupe soit fort. C'est comme le chauffeur de Ben Laden qui disait qu'il ne faisait que conduire".
15h43
Me Nogueras, avocat de Mohammed Amri, interroge le témoin (qui est toujours juge, et même président de cour d'assises), sur l'évolution de la qualification d'association de malfaiteurs terroristes, sur l'adhésion idéologique des djihadistes.
"Avant l'idéologie se faisait par les lectures de chacun. Puis, c'est devenu via des vidéos sur Internet. Des images qui choquent, qui jouent sur l'émotion".
15h34
Pas de question du ministère public.
15h32
Avec l'approche des Jeux Olympiques de Paris, Me Morice se demande ce que l'on pourrait faire pour se protéger. "Quand il s'agit du Covid, on est capable de tout fermer alors on doit pouvoir le faire pour le risque d'attentat quand c'est nécessaire", déclare le juge.

"C'est terrible ce que je vais dire, mais même s'il y a des vies détruites lors des attentats, un Etat se demande si cela est tolérable. 200 morts par rapport à 5000 sur les routes", souligne Marc Trévidic tout à fait conscient des propos difficiles qu'il tient. Des propos tenus en toute franchise et sans une once de provocation dans la voix. "En tout cas, pour les familles des victimes, c'est intolérable", conclut l'avocat.
15h26
Me Morice, avocat des parties civiles, remercie le juge pour son témoignage "très précieux", sans langue de bois, "ce que nous avons entendu aujourd'hui est exceptionnel, vous n'avez pas eu peur de protéger les institutions ou l'institution. Le 22 novembre 2015, vous avez déclaré : "Il y a eu des failles sinon il n'y aurait pas eu un attentat aussi organisé, de cette ampleur. Pourquoi est-ce si difficile pour un Etat de reconnaître ces failles ?"

"La mission première d'un Etat, c'est de protéger ses citoyens. C'est difficile de reconnaître qu'il a échoué à le faire", répond le juge Marc Trévidic.


15h17
Me Mouhou, avocat de parties civiles, prend la parole sur un ton un peu agressif : "On va redescendre sur terre un peu M. Trévidic. Vous avez parlé d'erreur d'appréciation concernant Samy Amimour. N'est-ce qu'une affaire de manque de moyens, de misère de la justice ?"

"Pour un juge c'est difficile de se dire, je mets tout le monde en prison. Evidemment que je regrette de ne pas avoir mis en détention Samy Amimour."
15h11
Un même tribunal pour les deux pays ?

Après ces ratés successifs, que pensez-vous des collaborations avec les Belges ? demande l'avocate Virginie Leroy. "Il faudrait presque un même tribunal parce que là, les mêmes personnes sont jugées deux fois pour les mêmes affaires dans les deux pays", répond le témoin. "Oui, mais les victimes françaises voudront que l'affaire soit jugée en France et les Belges en Belgique", interrompt le président de la Cour.
15h05
Les juges face au monde du Renseignement

Marc Trévidic décrit aussi la difficulté qu'ont les juges antiterroristes avec le monde du Renseignement. "Quand le Renseignement a obtenu une info d'un service américain, il ne peut pas le rendre public comme ça. On ne peut déclassifier les informations comme ça".
15h01
L'avocate veut savoir pourquoi le Bataclan n'a pas été alerté sur les menaces qui pesaient sur "un concert de rock" alors que c'est ce que Reda Hame, recrue de Daech, avait confié au juge Trévidic le 15 août 2015.
"J’ai discuté avec la DGSI. Je leur ai dit : il y a le festival Rock en Seine bientôt, il faudrait peut-être regarder de ce côté-là", explique le magistrat qui partait dans la foulée pour sa nouvelle affectation en septembre au tribunal de Lille.
14h52
L'avocate Virginie Leroy demande comment Samy Amimour a pu ne pas respecter son contrôle judiciaire sans que personne ne réagisse. "J'ai appelé le commissariat où il devait pointer. J'ai eu du mal à avoir quelqu'un, raconte le juge Marc Trévidic. Il n'a pas pointé une fois, deux fois, trois fois. Mais à l'époque, il n'est pas plus surveillé qu'un voleur d'autoradio alors qu'il est mis en examen pour des velléités de départ pour le djihad. Mais les attentats n'ont pas encore eu lieu. Les gens n'étaient pas sensibilisés comme aujourd'hui".
14h43
"L'Etat islamique a recruté massivement, des personnes qui n'étaient pas formées, qu'on pouvait facilement remplacer. Et si un attentat ne marchait pas, ce n'était pas grave, ils en feraient un autre et il y en aurait bien un qui marcherait. Al-Qaida ce n'était pas comme ça. Les personnes formées pour détourner des avions n'étaient pas remplaçables. Pour empêcher le recrutement de Daech, il aura fallu des mesures politiques drastiques. Mettre Molenbeek sous cloche".
14h38
L'avocate des parties civiles Virginie Leroy veut savoir si l'on a laissé sciemment les djihadistes partir en zone irako-syrienne. Le juge n'est pas vraiment capable de répondre. Il assure toutefois que les consignes officielles de l'époque, données par Bernard Cazeneuve, étaient de ne pas les laisser partir.
14h36
L'avocate des parties civiles, Virginie Leroy, parle d'un "énorme frisson" en écoutant Marc Trévidic raconter "la manière dont (ses) services ont subi une indigence assez brutale".
"Dès Merah, on a vu les limites, admet le juge. Dès 2014, le système ne fonctionne plus. C'est Molins qui a pacifié tout ça".
14h32
Une assesseure de la Cour demande s'il est possible pour quelqu'un dans un quartier de prêter un appartement à un djihadiste, sans faire partie de l'organisation terroriste. "J'ai tout vu. Tous les cas de figures. Dans certains milieux, c'est compliqué de ne pas donner un passeport", admet l'ancien juge anti-terroriste.
14h30
"J'ai connu Al-Qaida et l'Etat islamique, ça n'a rien à voir. Al-Qaida, c'était un an-un an et demi d'entraînement massif, c'étaient des agents dormants. Ils étaient triés sur le volet. L'Etat islamique, ils ont ouvert les vannes. Tout le monde allait là-bas. Et puis, je n'ai jamais vu quelqu'un d'Al-Qaida sur Facebook. Alors qu'avec l'Etat islamique, il y avait un côté bravache. Abaaoud qui traîne des cadavres en vidéo avec son 4X4, y a plus discret quand on veut commettre des attaques en Europe."
14h14
"Une inadéquation du système par rapport à la menace"

Le président de la Cour lui rappelle : "Vous avez dit qu'à partir de 1998, tous les dossiers étaient franco-belges".
Marc Trévidic : "Oui, il aurait sans doute fallu une politique anti-terroriste commune aux deux pays. C'était Abdelhamid Abaaoud, la menace. On savait d'où ça allait arriver".
L'ancien magistrat anti-terroriste décrit en 2015 "une inadéquation du système par rapport à la menace". Il raconte les officiers de police judiciaire noyés sous les demandes des juges, le fait par exemple qu'on ne "suivait pas les femmes à l'époque alors que certaines étaient plus radicalisées que leurs maris".
14h11
Le magistrat conclut en disant qu'en 2015, les moyens anti-terroristes français étaient dimensionnés "pour surveiller 250 personnes, pas 2000. Des erreurs ont été commises en pensant qu'on était invulnérables".
14h08
2013-2015 : un système anti-terroriste défaillant

Le magistrat évoque ensuite la période 2013-2015 où "tout le monde est parti" faire le djihad. Il parle à un rythme très rapide, semble presque essoufflé. "Les statistiques pleuvent". Plusieurs milliers de Français entrent et sortent du territoire via la Turquie.

"On est dans une insécurité totale. D'autant plus que l'on sait que la France est visée. On a tous les signaux au rouge. Soyons honnêtes : les rares réussites de 2015 sont plus liées à la chance qu'à autre chose. Sid-Ahmed Ghlam se tire lui-même dessus... Ce n'est pas ce qu'on appelle un système antiterroriste qui fonctionne".

"Je me souviens d'une collègue de la DGSI me disant : on est ficelés à un poteau et on attend l'exécution".

Le magistrat décrit une situation dans laquelle le système est noyé, défaillant. En août 2015, il entend Reda Hame qui lui dit lui-aussi que la France va être ciblée. Quelques mois plus tard, les attentats du 13 novembre auront lieu.
13h56
Le juge revient sur le cas de Samy Amimour

Ce jeune de Drancy avait été identifié comme faisant partie du groupe dirigé par Charaffe al-Mouadan. C'est Marc Trévidic qui a enquêté sur cette filière qui projetait de partir combattre au Yémen ou en Afghanistan, via la Somalie. Le jeune Samy Amimour est placé sous contrôle judiciaire en 2012. "C'est vrai que si je l'avais mis en prison, il ne serait pas revenu pour participer au 13-Novembre. Je ne vais pas tourner autour du pot", reconnaît le juge Trévidic.
Il rappelle tout de même qu'à l'époque, "on n'avait rien en prison. En mettant certains jeunes en détention, on risquait qu'ils ne deviennent encore plus radicalisés".

13h45

Le juge témoigne en toute transparence

"A l'époque, on avance toujours en se pensant invulnérable, et c'est vrai que nous sommes en 2012 et qu'il y a pas eu d'attentats sur le territoire français depuis 1996, depuis Port-Royal, raconte le magistrat. Et là arrive Mohammed Merah. On le présente comme un loup solitaire. Mais ça montre qu'on n'est pas invulnérable. Et puis, ça montre qu'une affaire comme ça, arrive à noyer la machine de l'anti-terrorisme. Il n'y a plus de gras. A l'époque, les réactions à ce qu'a fait Merah sont consternantes. On écoute les autres groupes terroristes qu'on a sur écoute et on est sidérés de voir tous ces gens qui se réjouissent qu'une fillette ait pris une balle dans la tête. Je me souviens qu'une collègue m'a dit : on a perdu".
13h38
Le juge Marc Trévidic évoque ensuite la guerre ouverte entre la DST et la Sous-direction anti-terroriste. Puis en 2008, la fusion entre la DST et les Renseignements généraux, qui "déstabilise un peu la situation".

Il fustige ensuite la baisse des effectifs de police judiciaire à la DCRI alors qu'à l'inverse, les effectifs liés aux Renseignements augmentent.

"Mais ce n'est pas avec du Renseignement qu'on arrête les gens, c'est avec des officiers de police judiciaire", déplore Marc Trévidic.
13h28


A la fin des années 2000, Marc Trévidic évoque les jeunes qui se radicalisent par petits groupes "en se montant le bourrichon derrière un ordinateur". Là commence à naître l'idée qu'il faut les empêcher de partir faire le djihad. Il évoque le groupe Toulouse-Artigat, "des personnes profondément radicalisées qui ne sont pas parties à la légère". Les frères Clain en font partie. "Je n'ai jamais perçu de vrais chefs dans ce groupe", sourit le magistrat. "J'ai géré ce groupe comme j'ai pu".
13h27
Procureur puis juge anti-terroriste

Le magistrat raconte ses débuts au parquet anti-terroriste au début des années 2000. Il salue la création d'une unité d'enquête judiciaire liée à la DST qui compte d'abord 10 policiers "mais qui connaissent par coeur le sujet". Ces effectifs passent ensuite à 50. Le travail de ces hommes est une "réussite", selon le juge. En revanche, à cette époque, la gendarmerie n'a pas de moyens consacrés à l'anti-terrorisme.

En 2003, il quitte le parquet anti-terroriste et revient en 2006 comme juge dans le même domaine. Il évoque l'attentat de Madrid qui s'est déroulé entre temps en 2004 et qui a fait 200 morts.
13h19
Marc Trévidic explique avoir travaillé d'abord au parquet anti-terroriste avant de devenir juge dans le même domaine jusqu'en août 2015, ce qui lui donne une visibilité sur quinze ans.
13h17
Marc Trévidic, 56 ans, se présente à la barre. Costume sombre et cravate rouge, le magistrat témoigne à la demande des parties civiles. Il reconnaît qu'il connaissait les frères Clain qui font partie des accusés, mais qui sont présumés morts en zone irako-syrienne. "De manière spontanée, je vais parler d'anti-terrorisme, je ne vais pas me lancer dans de grandes théories sur le salafisme".
13h12
Après le juge Trévidic, trois auditions en visioconférence sont prévues à des horaires bien précis depuis des maisons d'arrêt, précise le président de la Cour. Puis, en dernier lieu, un dernier témoin se présentera physiquement à la barre, le journaliste Nicolas Hénin.
13h10
L'audience reprend donc en l'absence de Mohamed Abrini, dit "l'Homme au chapeau", mis en cause dans les attentats de Paris et de Bruxelles.
13h08
En attendant la reprise, vous pouvez lire l'article de notre journaliste Pierrick Baudais à propos de l'audience d'hier :



Attentats du 13-Novembre : tous les accusés savaient-ils qu’ils participaient à un attentat ?

Deux spécialistes du djihad et du salafisme ont témoigné sur l’idéologie et le fonctionnement des terroristes. .De manière beaucoup trop générale, selon les avocats de la défense.
12h55
L'audience est suspendue 

12h54
"M. Abrini refuse de comparaître aujourd'hui, comme hier d'ailleurs", indique le président Périès. Un huissier est envoyé lui remettre les sommations d'usage.
Le président précise, au vu des témoignages prévus ce mardi notamment ceux de trois djihadistes qui ont été en lien avec Abdelhamid Abaaoud : "ça serait bien qu'il réfléchisse pour peut-être comparaître en deuxième partie d'audience".

12h50
Tous les accusés sont arrivés, sauf Mohamed Abrini. 
La sonnerie retentit. 
L'audience reprend.

12h49
A 12 h 30, l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic est entré dans la salle dédiée aux témoins. C'est là qu'il attendra jusqu'au début de son témoignage.

12h22
Ce qu'il faut retenir de la journée de lundi
Deux experts étaient cités par les parties civiles, hier, lundi 2 mai pour la reprise du procès après une semaine d'interruption. Tout d'abord, Bernard Rougier, professeur de sociologie à la Sorbonne nouvelle, qui a mené des recherches sur les groupes djihadistes. Mais son témoignage a été démoli par les avocats de Salah Abdeslam qui juge que son "expérience est néante"

Puis, c'est le journaliste algérien Mohamed Sifaoui qui s'est longuement exprimé, fort de son expérience de 30 années à enquêter sur le djihadisme. Il a également été chahuté par la défense sur sa légitimité à témoigner.

Le témoignage de l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic n'a pas pu avoir lieu ce lundi faute de temps. Il aura lieu ce mardi 3 mai en début d'audience.

12h18
Osama Krayem présent hier, mais pas Mohamed Abrini

L'audience devrait reprendre aujourd'hui un peu après 12 h 30. Hier, Osama Krayem, djihadiste suédois qui d'habitude refuse de comparaître, était bien présent dans le box. En revanche, c'est le Bruxellois Mohamed Abrini qui a refusé de monter à l'audience. Ces refus de comparaître entraînent une procédure quotidienne qui retarde le début des débats d'environ 30 minutes.

12h17
Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au procès des attentats du 13 novembre 2015. Nous sommes le mardi 3 mai 2022. 
Je m'appelle Solange Esteves et nous allons suivre ensemble cette 118e journée d'audience.

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